Discours prononcé par l’Ambassadeur d’Algérie à Conakry à  l’occasion de la célébration du 62ème anniversaire de la fête nationale de la République Algérienne Démocratique et Populaire

Excellence Monsieur le Ministre, Chef de la délégation gouvernementale, Mesdames et Messieurs les Présidents des Institutions Républicaines, Mesdames et Messieurs les membres du gouvernement, Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs et représentants des organisations et institutions Internationales, Cher(e)s compatriotes, Mesdames et Messieurs,

Je voudrais vous remercier infiniment de votre présence, aujourd’hui,  à notre cérémonie de célébration du 62ème anniversaire de la révolution du 1er novembre 1954 par laquelle le peuple algérien a reconquis, de haute lutte, son indépendance et sa  souveraineté nationale, le 5 juillet 1962.

En Algérie, cette commémoration intervient dans un contexte marqué par le parachèvement des réformes politiques engagées depuis quelques années. Une nouvelle Constitution a été adoptée et promulguée, le 6 mars 2016, suite à une large consultation avec la classe politique et la société civile. Elle vient consolider l’Etat de droit et le respect des droits de l’homme.

Elle contient une série de dispositions portant, notamment, sur la limitation des mandats présidentiels à deux, la désignation du Premier Ministre après consultation de la majorité parlementaire, la création d’une haute instance nationale indépendante de surveillances des élections, l’élévation de la langue berbère, le Tamazight, au rang de langue officielle, le renforcement du rôle de l’opposition parlementaire ainsi que celui du Parlement.

Cette loi fondamentale conforte aussi une batterie de nouvelles lois organiques déjà mises en œuvre, ayant trait, entre autres, au régime électoral, à la réorganisation de la vie associative et des partis politiques, à la promotion  du rôle de la femme au sein des assemblées élues, à la liberté de la presse et à l’ouverture du champ audiovisuel au secteur privé.

Dans le même temps, ces avancées politiques s’accompagnent de réformes tendant à la mise en place d’une économie diversifiée et résiliente à même de rompre avec la forte dépendance aux hydrocarbures.

Dans cette entreprise, le secteur énergétique doit assurer la transition vers un nouveau modèle de croissance basé sur le développement industriel, une meilleure maîtrise des technologies de l’information et de la communication, le renforcement du secteur privé, l’accroissement de l’apport du secteur tertiaire et une plus grande présence de l’Algérie sur les marchés extérieurs.

Dans ce contexte, il importe de mentionner que cette transition repose également sur le recours progressif aux énergies renouvelables, l’Algérie étant l’un des pays qui possèdent les plus grands gisements du monde en matière d’énergie solaire. Dans l’intervalle, les énergies fossiles comme le pétrole et le gaz continueront à être développées. A cet égard, l’Algérie salue les pays membres et non membres de l’OPEP, réunis à Alger fin septembre passé, pour leur sage décision d’œuvrer ensemble pour la stabilisation du marché pétrolier au bénéfice des pays producteurs et consommateurs.

Malgré la chute vertigineuse de ses revenus, l’Algérie a su préserver sa  croissance économique grâce au remboursement anticipé de sa dette extérieure, à la constitution d’une importante réserve de changes et à un investissement massif dans divers secteurs. Le taux de croissance restera soutenu en 2016 et devrait s’établir à 3,7% en 2017, selon le FMI, qui signale que l’inflation sera contenue, quant à elle, à 4,3% en 2016 contre 4,4% en 2015 avant de reculer à 4% en 2017. Tout en rationalisant ses dépenses, l’Etat maintient sa politique de soutien aux couches sociales les plus défavorisées.

Mesdames et Messieurs

En réaction aux crises et conflits qui secouent diverses régions du monde y compris son voisinage immédiat, l’Algérie prône l’apaisement et le recours aux moyens pacifiques à travers le dialogue et la négociation de manière à favoriser des solutions inclusives, justes et durables, comme le lui dictent sa propre expérience et  les principes cardinaux qui fondent sa politique extérieure, dont le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, l’égalité souveraine des Etats, le respect des frontières héritées à la décolonisation et la non intervention dans les affaires intérieures  d’autres Etats.

C’est dans cet esprit qu’elle œuvre pour l’instauration d’un climat de paix et de sécurité au Maghreb dans le respect du droit international et par l’intensification de la coopération et de l’intégration économique au bénéfice de l’ensemble des peuples maghrébins.

S’agissant de la crise libyenne, mon pays continue de participer activement au sein du groupe du voisinage de la Libye, dont la récente réunion s’est tenue au Niger, le 19 octobre 2016, l’accueil à Alger de plusieurs rounds du dialogue inter-libyen et son plein appui au processus politique initié par les Nations Unies visant au règlement définitif du conflit à travers la mise en œuvre de l’Accord politique signé en décembre 2015.

Au Sahel,  l’Algérie qui a contribué activement à l’élaboration de l’Accord de paix et de réconciliation au Mali, exhorte la communauté internationale à favoriser sa mise en œuvre et à doter la MINUSMA en moyens nécessaires pour mener à bien sa mission. Cet appel a déjà été lancé lors de la réunion sur le Mali, tenue à New York, le 23 septembre 2016, en marge des travaux de l’Assemblée Générale des Nations Unies, réunion présidée conjointement par le Mali et l’Algérie.

Au Moyen-Orient, mon pays qui suit avec beaucoup de préoccupation les situations en Syrie et au Yémen, invite les différentes parties à ne ménager aucun effort pour parvenir rapidement à des solutions justes et pacifiques en privilégiant le dialogue et l’esprit du consensus.

S’agissant de la Palestine, l’Algérie réitère la nécessité de la reconnaissance pleine et entière des droits nationaux palestiniens dans le cadre d’une solution devant inclure l’établissement d’un Etat palestinien indépendant avec El-Qods pour capitale.

Mesdames et Messieurs

Notre monde d’aujourd’hui est confronté à des défis de plus en plus complexes nécessitant une prise en charge diligente, effective et solidaire, ce qui exige une fédération d’énergies et l’engagement de tous. A cet égard, le rôle des Nations Unies demeure primordial qu’il s’agisse de la consolidation de la paix et de la sécurité internationales ou de la coopération et du développement. Cependant, l’architecture des relations internationales mérite d’être mise au diapason des réalités actuelles de manière à permettre à tous les Etats de participer plus activement dans les efforts internationaux et dans la gestion des affaires du monde.

Dans ce contexte et en tant que Membre du Comité des Dix de l’Union Africaine sur la réforme du Conseil de Sécurité, l’Algérie réaffirme son attachement au consensus d’Ezulwini et à la Déclaration de Syrte préconisant la démocratisation des Nations Unies et une représentation plus juste et plus équitable de l’Afrique au sein du Conseil de Sécurité.

Les défis et menaces liés au terrorisme international, au trafic de drogue et d’être humains, à la migration clandestine et au changement climatique et la désertification, pour ne citer que ceux là, nous interpellent tous et commandent une collaboration de l’ensemble des pays et à tous les niveaux tant ces fléaux sont inter pénétrables et dépassent les frontières géographiques d’un seul Etat. Si nous nous réjouissons des progrès enregistrés, nous demeurons convaincus de la nécessité de déployer davantage d’efforts pour atteindre les objectifs escomptés.

S’agissant plus particulièrement de la lutte contre les changements climatiques, j’ai le plaisir d’annoncer que mon pays a ratifié, le 13 octobre dernier l’Accord de Paris sur le climat et espère que toutes les parties apportent leurs contributions pour réussir à relever ce défi qui hypothèque l’avenir de l’humanité.

Dans le domaine du développement durable, l’Algérie qui a réalisé pratiquement tous les OMD, s’attelle à la mise en œuvre des dix sept objectifs contenus dans l’Agenda de développement post-2015,  adopté par les Nations Unies l’année dernière.

Au plan continental et en sa qualité de pays membre de l’Union Africaine et l’un des pays fondateurs de l’initiative du Nouveau Partenariat pour le Développement de l’Afrique (NEPAD), l’Algérie a intégré dans sa stratégie de développement nationale les objectifs fixés dans le plan d’action de l’Union Africaine pour l’horizon 2063 «Agenda 2063 » ainsi que ceux du NEPAD. A cet égard, il va sans dire que la sauvegarde de la cohésion et de l’unité de notre organisation continentale s’impose, notamment en cette conjoncture régionale et internationale. Notre organisation doit être préservée de toute turbulence et son rôle appuyé non seulement au service de la paix et de la sécurité mais aussi pour la défense des intérêts de l’Afrique dans les fora internationaux.

Mesdames et Messieurs

En abordant les relations bilatérales avec la République sœur de la Guinée, je tiens à dire que l’Algérie se réjouit de la signature à Conakry, le 12 octobre 2016, de l’Accord politique inter-guinéen et en félicite toutes les parties. Elle note également avec satisfaction la fin de l’épidémie Ebola et tient, à cet égard, à rendre un hommage appuyé  à tous les acteurs guinéens pour leur engagement constant et à saluer l’implication efficace de la communauté internationale. Dans ce cadre, l’Algérie dont le ressortissant Dr Mohammed Belhocine a assuré la conduite du bureau de l’OMS à Conakry en 2015, à une période cruciale dans la lutte contre ce phénomène destructeur, marque sa pleine disponibilité à renforcer davantage la coopération avec la Guinée dans tous les domaines.

Mesdames et Messieurs

Dans ce cadre, j’aimerais rappeler que cette coopération qui tire son origine du pacte d’amitié et de solidarité que les deux peuples ont scellé durant l’époque de la révolution algérienne, s’est confortée, au cours de cette année, par plusieurs contacts politiques à très haut niveau comme en témoignent :

– la participation de S. E. Dr Mohamed Larbi Ould Khelifa, Président de l’Assemblée Populaire Nationale (APN) à la cérémonie d’investiture de Son Excellence le Président Alpha Condé, à Conakry, le 15 décembre 2015,

– Juste après cette visite, il a été procédé, en janvier 2016, à la création d’un groupe d’amitié parlementaire algéro-guinéen,

– la Visite à Alger de S.E Mme Rabiatou Saran Diallo, Présidente du Conseil Economique et Social, pour participer au Congrès extraordinaire de l’OUSA et au 60ème anniversaire de l’Union Générale des Travailleurs Algériens (UGTA) qui se sont déroulés en février 2016,

– la rencontre à Lomé (Togo), le 15 octobre 2016, entre Son Excellence le Professeur Alpha Condé, Président de la République de Guinée, et le Premier Ministre algérien S. E. M. Abdelmalek Sellal qui a représenté le Président de la République, S. E. M. Abdelaziz Bouteflika, au Sommet extraordinaire de l’Union Africaine sur la sécurité maritime.

Tout récemment, dans son message de vœux et de félicitations, à l’occasion du 58ème anniversaire de la fête nationale de la Guinée, le 2 octobre, le Président Abdelaziz Bouteflika a réitéré à son frère le Président Alpha Condé, sa pleine disponibilité à travailler ensemble pour la redynamisation de la coopération bilatérale.

Notre ambition est d’ouvrir à cette coopération de nouveaux horizons à la mesure des potentialités existantes et des aspirations des deux peuples au développement et au progrès. Au-delà de la formation de la ressource humaine dans plusieurs domaines et qui se déroule, au demeurant, à la satisfaction des deux parties, la coopération pourrait s’élargir à d’autres secteurs dont l’énergie, les mines, les transports, les télécommunications, la santé et les infrastructures. Dans ce cadre, je  relève avec satisfaction la participation de la Guinée au salon «Djazair export », tenu à Alger du 27 au 30 mai 2016.

De même que le déroulement à Alger, du 3 au 5 décembre prochain du forum africain d’investissements et d’affaires auquel la Guinée est invitée, offrira, à coup sûr, une nouvelle opportunité pour nouer des relations d’affaires et de partenariat fructueuses sur la base du principe gagnant-gagnant.

Avant de clore mon intervention, je voudrais réitérer mes remerciements et  ma profonde gratitude à vous tous, et notamment, à l’endroit de toutes celles et tous ceux qui contribuent, au quotidien, au resserrement des liens d’amitié, de coopération et de  solidarité  entre les deux pays.

Vive l’Algérie

Vive la Guinée

Vive la coopération internationale

Je vous remercie

Conakry, le 3 novembre 2016