Environ une vingtaine de guinéens ont été rappatriré ce mercredi 28 septembre 2016 à l’aéroport de Conakry Gbessia par un vol spécial affrété par les autorités de Bruxelles.

Joint au téléphone par la radio Espace Guinée, M. Albert Damantan Camara, Ministre et porte-parole du gouvernement guinéen, a confirmé la thèse de rapatriement collectif d’une vingtaine de jeunes guinéens. « Nous avons été informés par les autorités de Bruxelles pour le rapatriement de nos compatriotes vivant en Belgique. Mais nous n’avons pas le choix car nous sommes liés par des Conventions internationales dont chacun est tenu à respecter. Mais les conditions de rapatriement sur lesquelles nous nous sommes entendus avec certains Etats européens ne sont pas tout à fait réunies notamment sur l’interdiction de rapatriement collectif à l’article 4 de la Convention européenne. La responsabilité n’est pas la nôtre. C’est d’abord de la responsabilité des autorités Belges de respecter ou de faire respecter les Conventions », a-t-il déclaré.

Rien n’est fait par l’Etat guinéen pour empêcher ce rapatriement collectif considéré comme illégal au vue de la Convention européenne et par les défenseurs des droits de l’homme. « Nous ne pouvons pas obliger à l’Etat Belge d’accepter des citoyens en situation irrégulière. De la même manière l’Etat guinéen ne peut pas accepter sur son territoire des citoyens étrangers en situation irrégulière », a-t-il poursuivi.

Mme Marie Yvonne Mayès, membre de la Coordination pour les Réfugiés contre les expulsions collectives en Belgique, s’est dite indignée par le traitement inhumain infligé aux immigrés de l’Europe vers leurs pays d’origine. Pourtant l’Europe est considérée comme le berceau des droits de l’homme et de la dignité humaine.

« La Convention européenne des droits de l’homme stipule que les expulsions collectives des étrangers sont illégales. En plus sur le plan de la dignité, c’est vraiment déshonorant car chaque personne déportée est avec 4 policiers et sont ménottées toute la durée du vol. ce sont là des conditions qui portent atteinte à la dignité de l’homme », a-t-elle souligné. Parlant de la situation des jeunes guinéens rapatriés, Mme Marie Yvonne Mayès a précisé : « Ce sont des personnes qui se sont installées en Belgique, en Suisse ou en Suède depuis plusieurs années et qui ont toutes engagés des procédures pour régulariser leur séjour mais qui n’ont pas réussi. Il faut préciser que les procédures sont assez longues et il faut beaucoup d’argent. Ce qui est certain, c’est qu’aucun de ces personnes n’a un lien criminel ou en infraction avec des lois pénales de Belgique. »

Sur la question d’accompagnement de ces rapatriés pour leur réinsertion dans leurs pays d’origine, Mme Marie Yvonne Mayès répond à l’affirmatif. « Il y a des accords de réadmission et de réinsertion qui ont été signés entre la Belgique et la Guinée depuis 2008. Ces accords, c’est un deal c’est-à-dire le gouvernement guinéen accepte de recevoir ses compatriotes expulsés et en compensation la Belgique accorde des Fonds pour assister ces expulsés soit pour un boulot ou de la formation socioprofessionnelle », a-t-elle expliqué. Mais elle s’interroge sur l’affectation réelle de ces fonds aux bénéficiaires. « Il est clair et certain que les expulsés ne bénéficient pas de ces Fonds. Je connais beaucoup de guinéens qui ont été expulsés en 2014 et dont des fonds leur ont été alloués. Ils sont à Conakry et dans d’autres villes du pays sans soutien du gouvernement de Conakry. Où sont donc les fonds qui leur ont été alloués et à qui profitent-ils », s’interroge Marie Yvonne.

Mais le ministre Albert Damantang Camara ignore l’existence de fonds alloués aux expulsés. Un audit au Ministère des Affaires Etrangères de Guinée aiderait à élucider l’opinion nationale et internationale sur l’existence ou non des fonds alloués aux expulsés de l’Europe. Pour l’heure, le gouvernement guinéen doit prendre des mesures pour accompagner les nouveaux expulsés s’installer dans le pays.

Monique Curtis