Comme à l’accoutumée, avant de me coucher je visite différents sites pour être au fait de l’actualité nationale. Sur le site Médiaguinée que j’apprécie beaucoup, l’article relatif au discours du ministre des sports, sur la position de notre pays face à la coorganisation de la CAN 2025 proposé par le Sénégal, attire tout de go mon attention. Pour la simple raison, que ce matin même au cours d’une interview que j’ai accordé à une radio de la place, j’avais réagi à ce discours que je juge salutaire pour notre pays. La démagogie ne me ressemble pas, ni la forfanterie. Pour une fois, j’estime que le ministre des sports n’a guère fait preuve de nationalisme béat en déclarant que la Guinée devrait organiser seule la CAN 2025.

Je soutiens le ministre des sports pour les raisons suivantes :

Observateur du football national et international depuis les années 70, je me suis fait une conviction sur l’impact de l’organisation des manifestations sportives de grande envergure. Il serait fastidieux d’énumérer les retombées des Jeux Olympiques, de la Coupe du monde. La compétition qui nous intéresse ici est la Coupe d’Afrique de football, la CAN. Pour démontrer l’importance que revêt cette compétition pour le pays hôte, Issa Hayatou, l’ex président de CAF expliquait que la CAF attribuait cette épreuve sportive dans la perspective d’aider les pays hôtes à se doter d’infrastructures diverses. Au-delà donc de son aspect purement sportif, la CAN représente un véritable programme de développement. En ce sens, que c’est un projet transversal, qui concerne tous les secteurs d’activité du pays. Dans cette veine, j’ai la forte conviction que ce n’est nullement le PNDES, qui dotera l’intérieur du pays des infrastructures que la CAN pourrait offrir…

Je suis parfaitement conscient qu’à l’instant T, notre pays ne dispose d’aucune infrastructures exigée par le cahier des charges de la CAN. Un argument de poids pour combler ce déficit, qui existe entre Conakry et l’intérieur du pays. Je n’occulte guère la contrainte financière à relever pour trouver le financement des différents chantiers à ouvrir. Accueillir 24 équipes exige un minimum de six sites de compétition à aménager. De ce point de vue, seule la CAN est à mesure d’obliger l’Etat à satisfaire les conditions du cahier de charges. En dehors de la CAN, quel est le plan de développement qui puisse en faire autant ? Le cas du Mali est la meilleure illustration de la philosophie qui sous-tend l’organisation de la CAN senior de football dans un pays. En bon visionnaire le président Alpha Oumar Konaré avait postulé en 1998, lors du déroulement de la CAN au Burkina, à l’organisation de la CAN 2002 au Mali. Par le biais de cette compétition, le Mali a réalisé une série d’infrastructures sur une période de quatre ans, qui étaient auparavant planifiées sur une période de six ans. Ayant obtenu l’organisation de la CAN, l’Etat Malien était dans l’obligation de satisfaire au cahier de charges de la CAF. Un choix qui a permis à ce pays de doter les quatre sites retenus d’infrastructures diverses.

Au regard de l’histoire de l’organisation de la CAN, en essayant de faire un arbitrage entrez les inconvénients et les avantages de la coorganisation, nous avons tout intérêt à organiser seuls la CAN de 2025. Le constat est implacable : notre pays manque de presque tout au plan des infrastructures. Et pire, la fracture entre Conakry la capitale et l’intérieur du pays est nette. Que faut-il faire alors pour résorber ce déficit ? Il faut mobiliser des ressources financières et financer des projets. L’organisation unique exige de lourds sacrifices financiers, mais les retombées socioéconomiques profiteront à l’ensemble du pays, alors que la coorganisation ne profitera qu’aux sites retenus pour le déroulement de l’épreuve. Une raison objective d’aller dans le sens indiqué par le ministre des sports.

Au-delà de ces aspects présentés, la CAN est l’affaire de tous les citoyens. C’est le tricolore qui va flotter dans le ciel, et c’est l’hymne national qui retentira dans les stades où notre équipe nationale évoluera.

Avec le ferme espoir qu’un débat constructif va s’instaurer pour permettre à nos autorités de tout mettre en œuvre pour gagner le challenge que nous offre la CAF.

Thierno Saïdou Diakité