La planification familiale consiste à utiliser des méthodes contraceptives et à traiter l’infécondité. Elle permet selon l’organisation mondiale de la santé (OMS) aux populations d’atteindre le nombre souhaité d’enfants et de déterminer quel sera l’espacement des naissances.

Utilisée pour éviter les grossesses non désirées et surtout pour espacer les naissances afin de permettre aux femmes de se reposer en autre, la planification familiale est très souvent sujet à problème dans plusieurs couples de la commune urbaine de Labé. En effet, nombreux sont les maris qui ne sont pas ouverts à cette pratique.

A côté des époux, les religieux affichent une nette opposition à la planification familiale. « Ce n’est pas une bonne chose parce que si le tout puissant prévoit 5 ou 7 enfants pour toi, il ne faudrait rien tenter pour freiner cet élan. Ça ne se fait pas. Et c’est contre toute attente que des médecins tentent d’aller à l’encontre de la volonté divine » témoigne un religieux qui a préféré garder l’anonymat.

Ainsi, notre interlocuteur menace : « Si toute fois je découvre qu’un médecin a clandestinement planifié l’une de mes épouses, je vais porter plainte et le poursuivre afin qu’il réponde de ses actes » précise-t-il.

A l’hôpital régional de Labé, les agents de santé sont confrontés à d’énormes difficultés.  Baldé Kadiatou Alpha, sage-femme chargée de la planification au niveau de l’hôpital régional de Labé partage les difficultés rencontrées par sa structure :

« Nous recevons des cas de femmes qui viennent pour se faire planifier. Donc, elles viennent mais le taux est faible. On aimerait que ça augmente plus que ça ; le plus souvent les femmes viennent seules mais on demande toujours si elles ont le consentement du mari pour prendre une méthode de contraception. Elles disent quelquefois que leur mari ne veut pas qu’elles se planifient afin qu’elles se reposent. En plus d’autre hommes pensent que s’ils laissent leur femme se planifier, elles vont aller chercher un autre partenaire. C’est ce qui se dit souvent mais on cherche toujours à dissiper les idées erronées là, pour préserver la santé de la femme et de son enfant. En plus ça contribue pour le bien-être de la famille » explique-t-elle.

Pour cette autre jeune dame, si toute fois le mari n’accepte pas ; les femmes doivent néanmoins prendre la décision de se planifier : « Il faudrait violer cette décision qui n’arrange pas les femmes. Tu ne peux pas avoir deux bébés en un an ; c’est impossible. Une femme ne pourrait pas supporter cela plus d’une fois. Donc la solution c’est la planification avec ou sans l’aval du mari » soutient Binta Barry membre de la société civile locale.

Pourtant la planification familiale est d’une importance capitale à en croire à docteur Baldé Kadiatou Alpha: « La planification familiale d’abord aux jeunes filles qui ne sont pas mariées d’éviter les grosses non désirées ; ça aide aussi dans la décision du nombre d’enfants désirés,  ça permet encore d’espacer les naissances, ça permet aussi de programmer les naissances au meilleur moment parce qu’on dit qu’une femme dont l’âge est inférieur à 18 ans ne doit pas tomber enceinte et une autre femme qui a plus  35 ans ne doit pas aussi contracter une grossesse. Donc, c’est dans cette fourchette là qu’on recommande aux femmes de faire des enfants. Mais pour cela aussi, il ne faut pas tomber enceinte alors que tu as un enfant de moins d’un an. Voilà pourquoi on demande d’espacer afin qu’il y ait au moins deux ans entre les naissances » indique la sage-femme.

tableau extrait du un plan de repositionnement de la planification familiale

Pour ce qui est des méfaits, la chargée de la planification au niveau de l’hôpital régional de Labé rassure : « la planification n’a pas de conséquences. Les effets secondaires sont minimes. Ça ne change rien. La femme se repose ; Par exemple elle a pris une méthode aujourd’hui, elle veut se reposer pour un an ; elle peut rester avec tout au long de cette année. Si elle veut concevoir, si c’est une méthode qui nécessite une autre opération pour être enlever, elle revient et on enlève. Si c’est par exemple les pilules et qu’elle veut se reposer pour un an, elle prend les pilules tous les jours. Le jour qu’elle voudra concevoir, elle arrête. Dès qu’elle arrête, le retour à la fécondité le plus souvent est très rapide. Donc ça n’a pas d’effet sur l’organisme » rassure-t-elle.

On estime à 225 millions le femmes dans les pays en développement qui souhaiteraient retarder le moment d’avoir un enfant ou ne plus avoir d’enfants mais qui n’utilisent aucun moyen de contraception selon l’OMS.

Selon l’enquête démographique et de santé (EDS) de 2012 seules 7% des femmes âgées de 15 à 45 ans utilisaient des méthodes modernes de contraception. Le gouvernement veut porter cette prévalence à 22,1% en 2018. Pour cela, il a mis en place un plan de repositionnement de la planification familiale élaboré en octobre 2013.

A Labé, le taux de recours à la planification familiale est de 6% selon le plan de repositionnement de la planification familiale.

Bah Djenabou Labé, pour lecourrierdeconakry.com