Au cours de ma conférence (cette semaine au Maroc, NDLR), certains acteurs de politiques économiques, et plusieurs étudiants m’ont posé la question de savoir ce que signifie le critère du maximum qui continue de donner des céphalées à beaucoup d’économistes. Voilà la réponse et elle est simple.

Première approche ; le critère du maximum c’est toute politique économique qui impacte positivement la trajectoire de préférence historique des ménages en consommations et emplois.

Deuxième approche ; le critère du maximum ainsi défini par rapport à l’impact positif sur la trajectoire de préférence des ménages, peut se résumer aussi à l’état stationnaire d’une économie qui se traduit par la satisfaction maximale de chaque consommateur de cette économie. Bien entendu, il est difficile d’atteindre ce résultat mais on peut s’en approcher.
La troisième approche est que toute politique déflationniste doit être menée avec beaucoup de circonspection lors de la contraction de l’offre de monnaie par la Banque centrale pour maîtriser sa base monétaire. Ce comportement peut conduire à comprimer le financement de votre économie qui s’exprime par une absence de financement de votre secteur réel, ce que nous qualifions par le terme répression financière. Ce phénomène est aussi dangereux pour les pays en quête de croissance et de réduction de chômage. C’est la raison pour laquelle nous aimons utiliser souvent la concept de « servitude volontaire », qui est l’inaptitude des autorités économiques à spécifier des politiques optimales cohérentes avec les caractéristiques réelles de leurs économies, l’utilisation de politiques monétaires de luxes des grands pays qui ont la croissance, qui ont les infrastructures, qui ont un d’éducation assez élevé, qui ont enfin les structures adéquates pour offrir soins de santé de grande qualité à leurs populations.

En économie quantitative, nous calculons le critère du maximum à travers une matrice hessienne bordée,* dont la construction, s’il s’agit de plusieurs agents et ménages, n’est possible qu’à partir de logiciels scientifiques assez performants, A cet égard, et pour des raisons évidentes, le terme « scientifique » n’est pas superflu.

En somme, pour une politique économique optimale, ce qui doit compter c’est le critère du maximum. Ce ne sont ni les taux de croissances élevés qui se heurtent à des problèmes d’équités en termes de répartitions de ses résultats, ni les seuils inflationnistes assez bas qui impactent négativement le taux de chômage, et sont très contre-productives et discutables selon des écoles.

Par exemple Cécile Arthur Pigou accorde plus d’importance au niveau de l’encaisse réelle des ménages pour déterminer leurs capacités de consommations. Il affirme que toute baisse des prix contribue à une augmentation du patrimoine, ce que nous appelons les effets bénéfiques de la déflation, c’est-à-dire l’augmentation du pouvoir d’achat.
Même avec Pigou, l’augmentation des encaisses réelles n’a de résultats bénéfiques sur l’économie que si cette économie a des capacités de production qui répondent à cette demande supplémentaire qui trouve son origine dans l’augmentation de la richesse réelle des agents et ménages.

Si cette encaisse supplémentaire ne trouve pas d’équivalent dans l’économie en termes de biens, le surplus se reporte sur vos marchés de changes pour contribuer à faire déprécier de manière négative votre monnaie, votre compte courant, par l’augmentation de la demande de biens importés et corrélativement, vous perdez l’objectif d’inflation du fait de l’inflation importée, et également des réserves officielles. C’est aussi cela les effets pervers de la politique déflationniste surtout pour vos économies qui sont à 98% extraverties.
En se plaçant de l’autre côté de la barre, la baisse des prix à un impact négatif sur les ménages endettés, car à chaque fois que les prix baissent, la valeur nominale de la dette augmente, et dans le même temps la charge pour le ménage par conséquent s’alourdit et a pour conséquence la baisse de la consommation. Cette baisse de la consommation ne pouvait pas avoir d’effets négatifs sur vos économies si les créanciers et les débiteurs étaient en nombres symétriques, mais comme ce n’est pas le cas dans vos pays où les économies deviennent de plus en plus ricardiennes, toute baisse des prix n’est pas forcément bénéfique pour vos économies car les débiteurs sont plus nombreux, donc la baisse de leurs consommations contribuent à faire baisser le produit global, par conséquent votre croissance.

Il est donc inutile de se cantonner derrière une politique de grandes annonces sur les taux d’inflations et de croissances sans avoir corrigé les distorsions cités ci-dessus.
Ces distorsions ne sont dépassées que si vous arrivez à construire un véritable Modèle de prévision et de simulation de politiques économiques (MPRÉSIPE), différent des dizaines de plans de développement que vous avez fabriqués depuis les débuts de vos indépendances. Ce Modèle introduit également vos taux d’intérêts et tous les arbitrages possibles entre croissance-inflation-chômage, c’est un véritable instrument de suivi de la politique économique adaptable à tout pays selon ses caractéristiques économiques. Il nous a fallu plusieurs mois de recherches pour aboutir à ces résultats et le tester sur une économie fictive.

Il ne peut être déconnecté des réalités économiques de vos pays, qui font de lui l’outil le plus efficace actuellement en matière de conception et spécifications de comportements économiques cohérents avec vos objectifs de développement.

À défaut, vous êtes amenés à construire un Modèle VAR accompagné de simulations de chocs.

Notre objectif est qu’après chaque critique, chaque diagnostic, nous arrivions à prescrire des remèdes adéquats pour les patients (les pays en développement). C’est là le véritable rôle d’un médecin de l’économie que nous appelons les docteurs de l’économie.
Dans un amphithéâtre, nous pourrions mieux étayer nos idées à travers un Modèle spécifié au tableau.

Revoyez vos façons de comprendre et de faire l’économie pour le bien de vos concitoyens.

Nasser Keïta, PHD