L’acquisition de la carte d’identité nationale et d’autres pièces d’état civil se passe dans la plus grande mafia au commissariat centrale de N’zérékoré. Tout le monde peut en avoir même sans fournir  le moindre dossier. Pour s’en procurer, Il suffit de payer 50 000 francs. Certaines autorités compétentes délivre ces documents liés à la citoyenneté sans une aucune forme de vérification.

L’obtention de la carte d’identité est conditionnée par une entente  entre les agents de la police et le client. Ces agents en font leur source de revenu mettant en péril la sécurité du pays. 50 000 GNF c’est ce qu’on vous demande si n’avez pas les dossiers exigés par le ministère de la sécurité nationale.

Au cours de notre enquête, nous avons rencontré plusieurs personnes qui nous ont révélé avoir obtenu leurs cartes d’identités sans fournir le moindre document.

Pour vérifier ces informations, nous avons décidé nous même de nous rendre au commissariat central de police. Nous nous sommes présentés comme  des demandeurs de carte d’identité sans dossier sous  une fausse identité.

Sous le nom de Patrice Mansaré,  nous avons été accueillis par un agent. ‘’Voulez-vous une carte d’identité ?’’ A-t-il demandé. Et nous l’avons répondu par l’affirmative.  Ensuite, il nous a conduit dans un hangar pour  la prise des photos. Pour l’ensemble de l’opération, cet agent nous a demandé de lui donner 50 000 GNF.  C’est-à-dire 15 000 pour les photos et 35 000 pour le reste. Toutes nos doléances pour diminuer ce prix sont restées vaines.

« Faites vite pour avoir votre carte aujourd’hui. Je veux vous aidez parce que vous êtes jeunes comme moi. Sinon si vous étiez tombés sur  une autre personne vous auriez payé plus que ça. C’est moi-même qui vais chercher l’extrait d’acte de naissance à la mairie» nous a-t-il dit.

Quelques minutes après, il est revenu  pour nous dire d’aller nous même faire l’extrait d’acte de naissance à la mairie. Là-bas aussi c’est un autre réseau. Il suffit de donner  5000 GNF pour ressortir avec son extrait de naissance. Après s’être acquitté  de ces 5000  gnf, nous avons attendu moins de 15mn.  Et ça y est notre PATRICE a son extrait de naissance.

De retour au commissariat, ils ont pris ses emprunts. Et quelques minute plus tard on nous a appelé devant le bureau du commissaire central adjoint où les cartes était envoyées pour la signature.  Là, les demandeurs sont alignés en rang et on les appelait un à un pour leur remettre leurs cartes. Quand notre Patrice a été appelé, il est rentré au bureau pour récupérer sa carte d’identité. La dernière étape fut la plastification. Et c’est fini. ’’PATRICE’’ a  sa carte d’identité nationale. Avec cette fausse identité, il peut circuler librement partout dans le pays.

Comme lui, plusieurs personnes ont eu sans doute des cartes de cette façon irrégulière.  Et ce n’est pas tout. Même si vous avez tous les papiers en  main, pour récupérer votre carte le même jour, vous êtes obligés de payer plus que le montant officiel qui est fixé à 15 000 GNF.

Ces agents de commissariat collaborent avec non seulement certains chefs de quartier qui leur livrent des certificats de résidence sans vérifier si la personne est réellement de leurs quartiers, mais aussi avec la commune pour l’obtention des extraits de naissance.

Une situation qui relance encore la problématique des conditions d’obtention des documents officiels dans notre pays surtout en ce moment où tous les pays du monde est sous la menace terroriste.

Interpelés sur le sujet, les responsables du commissariat central ont tenté de nier cette réalité sans savoir que nous avions ces preuves tangibles.

Mamadi Camara, Correspondant à N’zérékoré