A 10 millions de guinéens, est offert un service de santé assez limité malgré l’existence de deux grands centres hospitaliers dans la capitale, les hôpitaux régionaux, préfectoraux et communaux. Face à ses services, peu fiables de l’Etat prospèrent des cliniques privées inaccessibles au guinéen moyen

En faisant le tour des hôpitaux ce 25 aout nous constatons le manque de transparence dans le milieu sanitaire. Aucun tarif n’est affiché dans les différents services.

Sur les cinq grands hôpitaux de la capitale que sont : Donka, Ignace Deen, les CMC de Matam, Ratoma, Matoto, seul le Centre Communal de Matam possède un tableau d’affichage des frais de consultation.

Chez les autres, ce sont des hommes ou femmes du personnel médical qui dictent les prix, à chaque patient qui se présente à eux. Le carnet, faut-il le rappeler, coûte 10.000 GNF pour les enfants et 15.000 GNF pour les adultes. Ce sont les prix officiels mais, pour s’en procurer, il faut débrousser 16.000 GNF pour les adultes ou encore 12.000 pour les plus jeunes.

Ces carnets permettent juste d’avoir accès à la cour de l’hôpital. Car, le médecin à son tour, attend d’être payé. Cela au su et au vu de tous !

Les laborantins ne font pas non plus exception à la règle. A leur niveau également, aucun tableau n’indique le prix exact des différents examens de sang ou de sel.  Un tarif pour chaque client donné.

Des patients entre le marteau et l’enclume !

« Qu’est ce que vous voulez, on y peut rien cette situation nous met entre le marteau et l’enclume. Parce que quand on est malade, la seule chose qui nous intéresse c’est de guérir. Alors pour guérir, il faut faire recours à l’hôpital. Donc, tout ce qu’on te demande à l’hôpital tu es obligé de le faire. Du coup, tu es obligé d’accepter toutes les conditions, sauf si vraiment les moyens te manquent et tu n’as pas d’autres recours », nous a confié Fodé Bangaly un patient trouvé à Ignace Deen.

Sous anonymat, ce vigile rencontré dans le même hôpital nous a confié que c’est une situation qu’il juge anormale et’illégale. « Déjà il y a l’inscription du prix sur le carnet qui est fixé à 15000 NGF. Mais il y a de ces pratiques de certains médecins en complicité avec la direction, c’est-à-dire le personnel chargé de gérer les carnets de consultation qui arrivent à extorquer 1000 NGF sur chaque carnet. Ces 1000 NGF rajoutés au prix réel   sont partagé entre eux en fin de journée ». « Ils disent qu’ils vivent de ça », ajoute-t-il.

Poursuivant, il confie qu’il vit cette expérience tous les jours parce que, dit-il : « je suis là et je sais comment les choses se passent ».

Mais il ne s’agit pas de fixer des prix fantaisistes, mais au moins raisonnables.  « Hélas cela se passe au vu et au su de tous le monde, tout le monde sait ce qui se passe mais personne ne peux revendiquer parce que souvent ce sont des gens angoissés qui vont dans des hôpitaux.  Moi je trouve que cette situation dans les hôpitaux est une pure arnaque, d’abus de bien sociaux », a déclaré un autre patient.

Au Centre Médical Communal de Matam, les patients ne sont pas aussi angoissés qu’ailleurs. « Exceptionnellement dans ce centre médical il y a un tableau dans lequel il se trouve une liste synoptique des prix de consultation et d’hospitalisation. Ce qui devrait être fait par tous dans les hôpitaux de la place. Dès que le patient franchi le portail du centre, il est informé des coûts des actes médicaux.. Quand tu es lettré tu vois et tu sais à l’avance la charge à supporter. Si les autres pouvaient faire autant pour ne pas que la population en souffre, parce que la maladie n’attend pas c’est comme un coup de foudre », a témoigné Nanciré Keita. Qui n’a pas hésité d’ajouter que les pratiques restent les mêmes en ce qui concerne le prix des consultations.

Nantènin Traoré