Dans sa première comparution devant le tribunal militaire spécial de Labé dans la soirée de ce Lundi 15 janvier 2018, le colonel Issa Camara a dans une attitude détendue livré sa part de vérité sur les évènements de Mali.

Interrogé par le président du tribunal, le commandant du camp d’infanterie de Mali et coordinateur des frontières zone nord explique:

« En effet, le jeune pilotait un camion en mode marche arrière. Je lui ai demandé de libérer le passage, il a refusé. C’est ainsi que je me suis rendu au commissariat, j’ai demandé à l’inspecteur que j’ai trouvé sur place de se tenir prêt, nous allons faire débarquer le petit. Comme il a insisté, on lui a donné 5 coups de fouet et je suis rentré chez moi. Vers 12 heures le même jour, j’ai entendu des cris. Les syndicalistes (ndlr : Syndicat des transporteurs de Mali) se sont réunis chez le préfet qui leur a demandé d’aller à Labé. C’est dans ça que les jeunes ont commencé à saccager des biens pour manifester leur colère. Automatiquement, j’ai dit aux gardes de ne pas riposter. J’ai ouvert le grand magasin, j’ai fait rentrer toutes les armes. Mais, les manifestants voulaient saccager le camp de Mali, j’ai informé tous mes supérieurs, j’ai sommé à tous les militaires de rester au camp.  D’habitude si ça ne va pas à Mali, c’est le préfet qui amène les militaires pour maintenir l’ordre. Mais, ce jour il ne l’a pas fait » explique le colonel Issa Camara.

Poursuivant sa narration, le colonel Issa Camara ajoute : « Ainsi, vers 16 heures, le gouverneur de région est venu, lui et sa suite sont directement partis à l’hôpital pour demander s’il y a des blessés, on leur a dit non. Après le commandant de région est venu au camp. A son arrivée, j’ai donné ma version. Je leur ai demandé s’il y a eu des renforts, ils m’ont dit non. Le gouverneur a dit ensuite : je suis content de vous, si Issa Camara à qui on disait bravo à Mali, c’est lui qu’on hue aujourd’hui, on va régler. Par la suite, le gouverneur me dit qu’il va aller rencontrer la notabilité pour régler la situation. Après, un certain Kankouma a fait un communiqué à la radio rurale pour demander aux gens de venir saccager le camp. Suite à cela, les populations se sont révoltées contre les familles des militaires. A mon fort étonnement, c’est lorsque le gouverneur est parti rencontrer les notables que j’ai entendu des tirs. Ce sont des gens qui sont contre moi qui ont mis le feu aux poudres » affirme-t-il.

Ce mardi 16 janvier 2017,  4 autres des 23 militaires inculpés dans cette affaire ont été entendu par le tribunal militaire.

Bah Djenabou Labé, pour lecourrierdeconakry.com