Beaucoup de guinéens et étrangers connaissent les grandes lignes du discours historique du président Sékou Touré le 25 août 1958 lu devant le dirigeant français, Général De Gaulle. Mais 66 ans après ce jour où le premier président guinéen à refuser la proposition de la France à l’intégration à la nouvelle communauté française, beaucoup ignorent le discours de bienvéance de Saifoulaye Diallo. Pourtant avant celui du camarade Sékou Touré, le numéro 2 du parti démocratique de Guinée avait souhaité la bienvenue au Général De Gaulle.

La rédaction du Courrier de Conakry, vous ci-dessous l’intégralité du discours de Saifoulaye Diallo qui était à l’époque Secrétaire général politique du PDG.

Monsieur le Président du Gouvernement de la République Française,

Au nom de l’Assemblée Territoriale, du Conseil de Gouvernement et du Peuple de Guinée, il nous échoit le devoir de souhaiter au Président du Gouvernement de la République Française et aux Hautes Personnalités qui l’accompagnent dans son voyage la bienvenue en Guinée et un bon séjour parmi nous.

Nous vous souhaitons la bienvenue avec un plaisir contenu mais réel, réjoui et heureux à la fois de ce que les atermoiements et les confusions vont enfin faire place aux décisions hardies et sans équivoque.

Nous vous accueillons aussi avec émotion parce que nous réalisons parfaitement que nous franchissons une étape capitale de notre histoire, un tournant décisif dans nos relations avec la France.

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Le long périple que vous avez bien voulu entreprendre à travers l’Afrique à un moment où tant de préoccupations et tant de problèmes devraient vous retenir à Paris prouve à nos yeux et à la face du monde votre détermination d’en finir avec la politique d’hésitation, de réticence et de tâtonnement. Ce voyage indique aussi votre volonté d’apporter une solution claire et définitive aux rapports nouveaux entre la France et ses anciennes colonies.
Nous voudrions vous affirmer ici avec force que l’Assemblée Territoriale et le Conseil de Gouvernement de la Guinée, forts de l’appui sans réserve des masse populaires et de la confiance totale de l’écrasante majorité des populations guinéennes et en parfaite identité de vues, mesurent toute la gravité de cette heure où se joue le destin de l’Afrique. Ils ont aussi conscience de l’importance de l’option à faire. C’est donc en toute connaissance de cause qu’ils vont, comme toujours, prendre toutes leurs responsabilités devant l’histoire appelée les juger.

Monsieur le Président du Conseil, vous avez devant vous des patriotes résolus à travailler pour le bien-être matériel et moral de leur Patrie Africaine.

Nous sommes très à l’aise dans cette position, persuadés d’avance d’être bien compris par notre Hôte, le Général de Gaulle, le fervent patriote, l’homme qui incarna et anima la Résistance Française contre l’Allemagne victorieuse, enfin l’homme des mieux indiqués pour réaliser et admettre que d’autres puissent éprouver pour leur Pays, leur Patrie, les mêmes sentiments que M. le Président du Gouvernement de la République éprouve lui-même vis-à-vis de la France.

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Loin d’être un élément de discorde, nos patriotismes respectifs constituent plutôt le sûr garant d’un rapprochement et d’un attachement durables le facteur encourageant d’une alliance sincère et réelle, le motif rassurant d’une Association libre et fraternelle à bases égalitaires.
Tout comme vous, nous avons foi en notre destin et confiance en l’avenir.

Tout à l’heure, Monsieur le Président du Conseil de Gouvernement de la Guinée vous exposera, dans ses grandes lignes, notre point de vue sur les problèmes de l’heure.

Avant de lui passer la parole, je termine en disant :
VIVE L’AFRIQUE NOIRE !
VIVE LA FRANCE !

LCC

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