Le blanchiment de capitaux tue l’économie nationale. Et les secteurs minier et immobilier constituent le terreau fertile de cette pratique. Conscient de cela, les responsables de l’Association guinéenne pour la transparence (AGT), grâce au soutien technique et financier de la Fondation OSIWA, ont organisé les 29 et 30 septembre 2020 « un atelier de partage de directive du projet de lutte contre le blanchiment de capitaux chez les immobiliers et les négociants en pierres et métaux précieux. »

« L’objectif de notre rencontre est de partager le contenu du projet avec les bénéficiaires que vous êtes et vous sensibiliser sur les défis et avantages de la mise en œuvre du processus de la conformité dans la lutte contre le blanchiment de capitaux », a, d’entrée de jeu, souligné Oumar Kaana Diallo, président de l’AGT, avant de donner des détails sur le but que vise le projet : « Le but de ce projet est d’avoir un secteur privé dans l’avancement et la mise en œuvre des normes et recommandations de lutte contre le blanchiment de capitaux pour mettre fin aux flux financiers résultant de la corruption qui doit obligatoirement inclure la mise en place des organes de supervision et surveillance pouvant procéder à l’identification des clients, de leur profil, de la leur des transactions, des bénéficiaires effectifs, des personnes politiquement exposées. »

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Plus loin, le président de l’AGT soutient que le secteur de l’orpaillage, en dépit de son apport dans l’économie nationale, regorge en son sein de nombreux risques : « A l’échelle nationale, l’orpaillage constitue un énorme potentiel de contribution à l’économie et un levier pour le développement local. Cependant, plusieurs risques subsistent dont entre autres, la corruption, les fausses déclarations, le blanchiment d’argent, le non-paiement des taxes ainsi que les vulnérabilités telles que la violation des droits humains et la pollution. »

Sur la même idée, Karifa Condé, secrétaire général de l’Union nationale des orpailleurs de Guinée (UNOG), soutient qu’il y a de défis majeurs dans le secteur minier : « En Guinée, le secteur minier demeure l’une des principales sources de devises et constitue l’épine dorsale de l’économie guinéenne. Malheureusement, l’exploitation minière traditionnelle se fait par des méthodes formelles certes, mais aussi informelles, c’est-à-dire illégales. Aussi, l’exploitation minière artisanale et la porosité des frontières nationales offrent la possibilité d’un flux transfrontalier illégal de ces minerais et posent des défis de taille au gouvernement en matière de contrôle. Au regard de cette triste réalité, on peut en déduire que la loi anti-blanchiment et les règlements internationaux de la Guinée manquent d’efficacité dans leur application. Et, c’est en ce sens que l’initiative de l’Association Guinéenne pour la Transparence est vivement salutaire. Par ma voix, les orpailleurs s’engagent à mettre la lutte contre le blanchiment de capitaux au centre de leurs préoccupations pour le bonheur de tous. »

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Dans son intervention, Elhadj Amadou Talibé Diallo, vice-président de la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF), se dit soulagé de l’engagement des acteurs miniers et immobiliers dans la lutte contre le blanchiment de capitaux.

Poursuivant son intervention, M. Diallo indique que les mines attirent les blanchisseurs de capitaux : « Les pays miniers constituent des attractions très fortes pour les blanchisseurs. Généralement ce sont des gens qui ne passent pas par le système financier international. Ils viennent directement avec le cash. Si aujourd’hui vous qui êtes sur le terrain, qui êtes les acteurs dans ce secteur là, vous savez que quelqu’un qui vient avec une valise de dollars, d’euros, vous pouvez vous poser la question sur l’origine de cet argent, ça nous rassure. Parce que l’introduction de ces masses d’argent dans l’économie nationale est très néfaste pour nous, a des conséquences dans l’immédiat et dans l’avenir. L’origine de cet argent peut être d’actions criminelles. Et quand les criminels accumulent beaucoup d’argent, ils cherchent à introduire cet argent dans le circuit financier normal, c’est ce qu’on appelle le blanchiment. »

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