Guinéennes et Guinéens de l’intérieur du pays et de l’étranger,
Mes chers compatriotes,
L’année 2021 s’achève, avec cette particularité qu’elle aura été une année d’épreuves, mais aussi de liberté et d’espérance.
Épreuve politique tout d’abord parce que notre vie collective a été lourdement ébranlée par une série de violences et de crises politiques en lien avec la problématique du troisième mandat et le refus de l’alternance au pouvoir qui en découle.
Épreuve sanitaire avec la pandémie liée à la Covid 19 qui a emporté la vie de beaucoup de nos compatriotes, freiné le commerce et constitué un obstacle à la réalisation des projets publics et privés.
Mais l’année 2021 a aussi ouvert un espace de liberté et surtout un horizon d’espérance avec le changement intervenu le 5 septembre 2021. En effet, en prenant le pouvoir, le CNRD a posé un acte salutaire qui a affranchi l’espace politique des pesanteurs de la dictature et des violences qu’elle perpétuait. C’est pour cette raison que cet acte a suscité un immense espoir et a bénéficié d’un soutien massif de nos populations.
Ce changement est une victoire contre le troisième mandat, et donc une victoire du FNDC, de l’UFDG, de l’ANAD et de tous les démocrates guinéens qui ont mené vaillamment la lutte contre cette imposture.
Mes chers compatriotes,
C’est dans ce contexte de liberté et d’espérance que je voudrais souhaiter une bonne année 2022 à notre pays. A ses filles et à ses fils, c’est-à-dire à chacune et à chacun de vous, j’adresse, du fond du cœur, mes vœux les plus chaleureux de santé, de paix, de réussite dans vos diverses activités personnelles ainsi que dans notre ambition commune de construire une Guinée unie et prospère.
En ce début de nouvel an où l’esprit est à la fête et aux réjouissances pour la grande majorité d’entre nous, nous nous devons d’avoir une pensée solidaire pour nos compatriotes qui ont perdu des proches, qui souffrent de maladies, qui sont au chômage ou qui sont victimes d’injustices.
J’adresse mes vœux particuliers de prompt rétablissement à nos compatriotes malades de la COVID 19 et mes sincères condoléances aux familles des personnes décédées. Où que vous soyez, je vous exhorte à vous faire vacciner et à observer scrupuleusement les gestes barrières pour vous protéger et protéger les autres. C’est le lieu de réitérer mes compliments au corps médical de notre pays pour son dévouement dans la lutte contre la pandémie.
Je m’en voudrais de ne pas citer le cas de M’mah Sylla, notre compatriote décédée à Tunis le 20 novembre 2021 des suites d’une série de traitements inhumains et dégradants qui lui ont été infligés par des personnes supposées être ses médecins. J’adresse mes condoléances et exprime ma compassion à sa famille et à tout le peuple de Guinée.
L’émoi suscité par la mort tragique de M’mah Sylla chez tous nos compatriotes, de l’intérieur comme de l’extérieur, illustre si besoin en était le profond attachement de notre peuple au respect de la dignité et de l’intégrité physique de nos sœurs et de nos mères.
J’exhorte les autorités de notre pays à en tenir compte et à veiller à l’application rigoureuse de la loi à l’endroit des auteurs des viols et des violences faites aux femmes.
Mes chers compatriotes,
Le passage au nouvel an nous oblige, en tant que peuple, à affronter notre passé récent, non pour ressasser les frustrations et les blessures subies, mais pour mieux construire notre avenir commun.
Lors de sa toute première déclaration après la prise du pouvoir par le CNRD, le Président Mamadi Doumbouya a motivé le coup d’état par la nécessité pour lui et ses compagnons de mettre fin aux dysfonctionnements des institutions, l’instrumentalisation de la justice, le piétinement des droits des citoyens, la personnalisation du pouvoir et la division des Guinéens.
Le CNRD dont j’ai vivement salué l’action, même si je suis un fervent militant de la transmission pacifique et démocratique du pouvoir, a donc clairement justifié son intervention par le souci de mettre fin à ces fléaux qui ont miné, onze ans durant, l’unité de la nation et compromis la mise en place de la démocratie et de l’État de droit dans notre pays.
Mes chers compatriotes,
Comme vous le savez, pendant ces onze années de calvaire, je n’ai jamais dévié un seul instant de mon engagement à œuvrer pour le respect des règles et des principes de l’État de droit et de la démocratie en dénonçant systématiquement et énergiquement toutes les violations de la Constitution et des Lois de la République.
C’est le lieu de nous incliner devant la mémoire de nos nombreux compatriotes fauchés, le plus souvent à la fleur de l’âge, par un régime qui était censé les protéger lors des manifestations pacifiques de l’Opposition politique, du FNDC et de l’ANAD.
J’ai une pensée émue pour les victimes de Nzérékoré dont la plupart ont été enterrées notamment, en l’absence de leurs proches, dans des fosses communes, en pleine forêt, au lendemain du double scrutin du 22 mars.
Je pense également à cette jeune fille fauchée à Hamdallaye alors qu’elle était sortie acheter du pain, à ce jeune tué à Kankan lors des manifestations contre le délestage du courant en juillet 2020, à notre cher Roger Bamba, arbitrairement arrêté et mort en prison faute de soins.
Je pense à ces familles endeuillées, parfois par la mort tragique d’un enfant unique.
Je n’oublie pas nos concitoyens blessés dont certains rendus infirmes à vie. Les séquelles physiques et les traumatismes psychologiques ont été terribles pour de nombreuses victimes et leurs familles. L’image de ce jeune homme rendu incontinent suite à une balle reçue dans la hanche m’a terriblement affecté en tant qu’être humain et en tant que père de famille.
Dieu merci, malgré les blessures profondes causées par des violences incompréhensibles de la part de ceux qui étaient chargés de la sécurité des citoyens, malgré la volonté de nous détourner à jamais les uns des autres, nous avons pu résister et aujourd’hui, grâce au nouvel espoir suscité par le changement de régime le 5 septembre, nous sommes tous tournés vers le pardon et la réconciliation.
Mes chers compatriotes,
L’occasion nous est de nouveau donnée de nous rassembler, de nous parler, de nous pardonner dans le but de restaurer la confiance et de promouvoir la tolérance et la fraternité entre les Guinéens.
De réconciliation, bien sûr qu’il en est question, mais une réconciliation construite sur le pardon après avoir assuré aux victimes le droit à la vérité, à la justice et à la réparation et après avoir mis en place les garanties de non répétition.
Il ne s’agira pas, comme je l’avais dit auparavant, d’une vengeance, parce que la vengeance crée de nouvelles injustices qui, elles-mêmes, appellent à être vengées. Il ne s’agira pas non plus d’une chasse aux sorcières, ni d’une stigmatisation à dessein. Il s’agira de vérité, de justice, de réparation et de pardon.
Comme l’a indiqué avec raison le Président du CNRD Mamadi Doumbouya, le droit et la justice doivent désormais être la boussole de la marche de notre pays.
Effectivement, les autorités de la transition ont posé des actes de grande portée allant dans le sens de la restauration de l’État de droit. C’est notamment le cas de la libération des prisonniers politiques, le retour des exilés, la restitution des locaux de l’UFDG et la levée de l’interdiction arbitraire de voyager infligée aux leaders politiques.
C’est le lieu de les remercier et de les encourager à persévérer sur cette voie et à tenir les engagements qu’ils ont librement pris devant le peuple de Guinée et la communauté internationale de conduire, dans un délai raisonnable, une transition inclusive et paisible.
Mes chers compatriotes,
La durée de la transition devrait être définie sur la base des délais nécessaires à la réalisation des actions indispensables à l’organisation d’élections crédibles. Ces actions sont notamment la rédaction d’une nouvelle Constitution, la révision, s’il y a lieu, du Code électoral, la mise en place d’un Organe de Gestion des Élections, l’élaboration d’un fichier électoral inclusif reflétant fidèlement la réalité du corps électoral guinéen.
Toutes ces questions devraient être discutées dans le cadre d’un dialogue politique inclusif mettant en présence les représentants des partis politiques, le CNRD, le gouvernement, la société civile et les partenaires techniques et financiers. C’est pourquoi nous exhortons le CNRD à diligenter la création de ce cadre de dialogue pour débattre de toutes ces questions à l’effet de trouver des solutions consensuelles et d’éviter d’éventuels conflits.
Mes chers compatriotes,
Lors de ma récente tournée en Afrique, en Europe et aux Etats-Unis, j’ai rencontré d’éminentes personnalités et représentants d’institutions internationales auxquels je n’ai pas manqué de dire le soulagement des Guinéens à être débarrassés d’une dictature féroce grâce à ce sursaut patriotique de notre armée.
J’ai invité tous mes interlocuteurs à considérer que cette prise de pouvoir était un pas vers le retour à l’ordre constitutionnel qui était rompu depuis le double scrutin du 22 mars et le hold-up électoral du 18 octobre 2020.
Et je les ai tous encouragés à soutenir les nouvelles autorités du pays, par une assistance technique et financière forte, dans la mise en place d’institutions légitimes issues d’élections inclusives, libres et transparentes.
Mes chers compatriotes,
Au nom de l’UFDG et de l’ANAD, j’adresse au CNRD et au gouvernement de transition, mes vœux de réussite et de succès dans l’accomplissement de leur mission.
Au Président de la Transition, je souhaite la santé, la force et le courage de résister aux mélodies des sirènes affairistes et divisionnistes en vue de mener à bon port la transition dans le respect des engagements pris et des principes contenus dans la Charte de la Transition.
J’exhorte tous les acteurs de la transition à privilégier le dialogue et le consensus en vue de préserver la paix, la quiétude et la stabilité dans notre cher pays.
Mes chers compatriotes,
Dans les semaines et mois à venir, je viendrai à votre rencontre, dans les quartiers, les cafés, dans les villages et hameaux du pays, dans les marchés hebdomadaires, dans les débarcadères, dans les champs et dans les ateliers pour vous écouter, comprendre davantage vos inquiétudes et vos préoccupations, saisir vos attentes et vos espoirs afin de faire la mise à jour de mon projet de société et de mon programme de gouvernement.
Fort de ces informations, je pourrai mieux UNIR et SERVIR la Guinée autour des valeurs constitutives de la devise de notre République : travail, justice, solidarité.
Puisse 2022 être pour nous et nos familles et pour notre pays, une année de paix durable, d’unité, de justice, d’égalité et de prospérité.
Une année de mémoire, pour ne pas oublier ceux qui ont versé leur sang pour notre liberté. Une année d’espérance pour rendre à notre jeunesse la confiance en l’avenir de la Guinée.
Bonne et heureuse année 2022 !
Vive la République ! Je vous remercie !
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