24 novembre 2022, ouverture du dialogue inter-guinéen, en présence de Monsieur Thomas Yayi Boni, Médiateur désigné de la CEDEAO. Présence remarquable de plusieurs acteurs sociopolitiques et absence notable d’acteurs majeurs de la classe politique et la société civile. Au même moment, protagonistes et observateurs plaident pour la réunion autour de la table de l’ensemble des composantes de la Guinée, un plaidoyer provenant tant des organisateurs, des facilitatrices, du Médiateur, du Secrétaire général des Nations unies et autres pays amis du pays. Fait positif. Problème à resoudre. Avant d’entamer cette tribune, il nous plaît de rappeler la sentence du roi Ghezo du Benin, pays du médiateur en titre, contrée qui nous a accueilli, au débout de notre carrière d’universitaire, au tournant des années 2000, reprise par la FEANF à titre de devise pour magnifier l’intérêt de réunir toutes les filles et tous les fils de la Guinée pour ensemble réfléchir et poser les bases solides pour les institutions du pays. La sentence se lit comme suit : “Si tous les enfants du pays venaient par leurs mains groupées boucher les trous du canari, le pays serait sauvé.” Dans cetttribune, nous rappellerons les aspects essentiels pour un dialogue réussi avant d’en indiquer le but ultime. 

Aspects essentiels d’un dialogue réussi 

Jeter les bases d’un dialogue réussi requiert un climat apaisé. Tout en poursuivant les courageuses réformes au niveau de la justice (mise en place de la CRIEF, organisation du Procès du 28 septembre 2009,…) et sans sacrifier les autres utiles chantiers engagés durant cette transition (l’initiation d’infrastructures et équipement de base, reddition des comptes,…), il est essentiel d’améliorer les aspects liés aux droits et libertés, de continuer à tendre la main franche en direction de tous les acteurs sociopolitiques, de poursuivre les reformes portant sur le secteur de défense et de sécurité et d’accroitre les dépenses publiques en faveur des populations à la base.  

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But ultime d’un dialogue : le consensus sur les institutions de la Guinée

Il n’est point nécessaire de rappeler que le dialogue n’a de sens que s’il poursuit et atteint un but qu’il s’est fixé. On ne dialogue pas pour la forme. Dans le cas de notre chère Guinée, durant les transitions démocratiques des années 1990, contrairement aux autres pays qui avaient réussi à organiser des conférences nationales pour exorciser leur passé, purger leur passif humanitaire et s’entendre sur leurs institutions (Bénin, Mali,…), la Guinée s’est contentée, comme elle en a coutume, de rencontres cosmétiques pour une rédiger un texte constitutionnel qui a abouti à des consultations électorales contestées et contestables. Apres avoir manqué ce rendez-vous historique, ne faut-il pas aujourd’hui s’assoir, discuter et s’entendre sur les règles et institutions devant régir nos destinées pour les années à venir?

Les efforts doivent continuer à être menés pour non seulement réunir toutes les composantes de la société guinéenne autour de la table et que toutes les questions intéressant la nation y soient discutées, en profondeur et sans pression. Nous entendons par les composantes de la société guinéenne les coalitions politiques sans exception, les faîtières de la société civile dans leur entièreté, les syndicats, les corporations professionnelles et autres, à travers leurs représentants. Quant aux questions intéressant la vie de la nation, sans être limitatif, elles concernent principalement les fondements constitutionnels d’un Etat de droit, de la gouvernance démocratique, de la justice, des droits de l’homme, du recensement de la population à vocation Etat civil interopérationnel et à des fins de constitution d’une liste électorale permanente informatisée et du calendrier d’organisation d’élections générales à termes échus et autres.

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Ainsi, au sortir du dialogue national, toutes les filles et tous les fils de la Guinée auront établi un consensus durable sur les principes, les règles et les institutions du pays. Il ne restera plus aux uns et aux autres de jouer le rôle qui revient dans leur mise en œuvre, leur consolidation et la défense de leur intégrité pour une Guinée unie, solidaire

Conakry, le 01 décembre 2022

-Juris Guineensis No 40.

Me Thierno Souleymane BARRY, Ph.D 

Docteur en droit, Université Laval/Université de Sherbrooke (Canada)  

Professeur de droit, Consultant et Avocat à la Cour  

 

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