Le 5 septembre 2021, nous étions nombreux à saluer et à féliciter les militaires qui sont sortis de leur mutisme pour nous débarrasser d’un régime inique, anti-démocratique et rétrograde.

En deux ans d’exercice du pouvoir, ils sont incapables de prendre en compte nos préoccupations les plus élémentaires et de respecter une Charte élaborée par eux-mêmes et imposée aux guinéens . Où sont ces prétendus libérateurs qui promettaient monts et merveilles à la Guinée alors qu’ils sont incapables aujourd’hui de dialoguer en toute sincérité avec les principaux acteurs de la classe politique et sociale de notre pays?
Ceux-là mêmes qui représentent 95% de l’électorat guinéen ?

Ils sont où ces soi-disant patriotes qui clamaient haut et fort que la justice serait la boussole dans le cadre de la gestion de cette transition ?

Aujourd’hui, les exactions et les violations répétées des lois et droits sont telles qu’on arrive plus à faire la différence entre la junte et le régime déchu .

La division, les manipulations ethniques, l’exclusion, l’impunité et l’arbitraire refont surface . C’est ce qui justifie notre engagement, notre détermination à continuer la lutte pour être digne de la confiance de nos compatriotes injustement assassinés ou handicapés à vie.

Aujourd’hui, force est de reconnaître que le CNRD est pris en otage par quelques opportunistes, des démagogues et autres parrains de la division et de la manipulation ethnique.

Par leurs instigations aux diverses ramifications, plusieurs actes posés par le CNRD ne sont pas de nature à préserver la paix, la quiétude sociale et l’unité nationale.

Et comme par enchantement, celui qui disait hier être hostile au culte de la personnalité est désormais sensible au brouhaha de vuvuzelas dont le fonds de commerce repose sur des flatteries tous azimuts.
Le Ministre des Affaires étrangères qui a récemment inauguré une photographie où on le voit poser aux côtés du Colonel est une illustration éloquente de ce culte qui nourrit l’ego surdimensionné de nos dirigeants.

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Mon colonel, La Guinée n’a pas un problème de Constitution mais de cadres compétents, honnêtes et intègres capables de respecter les textes de loi et de résister à la corruption morale et matérielle.

C’est pourquoi, il est plus qu’urgent de vous rendre à l’évidence que la transition ne devrait avoir pour objectif exclusif le développement.

Encore faudrait-il que ces actions de développement ponctuelles dans lesquelles, pour les thuriféraires du CNRD, les droits de l’homme devraient être solubles, soient effectuées sous contrôle et en toute transparence. Ce qui est loin d’être le cas l’opacité régnant en maîtresse !

Mon Colonel, la vocation première d’une transition demeure le retour à l’ordre constitutionnel.

Vous n’avez ni mandat, ni légitimité nécessaire pour prétendument refonder l’Etat ou l’engager sur de vastes chantiers qui devraient être discutés à la représentation nationale. Il faut organiser les élections dans les meilleures délais et partir.

La Constitution de 2010 assurait correctement la séparation et l’équilibre des Pouvoirs et verrouillait systématiquement la limitation des mandats présidentiels.

Il y était en effet stipulé : » Nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs ou non « . Plus loin, il est dit que  » les dispositions relatives à la durée et au nombre des mandats présidentiels ne peuvent faire l’objet de révision. »

Elle a pourtant été violée et même abrogée par un Président qui avait prêté deux fois serment sur elle en jurant de la respecter et de la faire respecter.

Dire aujourd’hui qu’on peut élaborer une Constitution qui serait à l’abri de toute violation, modification ou abrogation, même par des putschistes, comme le prétendent le CNRD et le CNT, est une illusion.

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Si non la Constitution de 2010 serait encore en vigueur en Guinée et le Président qui a prêté serment sur elle n’aurait jamais brigué et exercé un troisième mandat.

Il est aussi illusoire d’affirmer qu’ils prendront toutes les dispositions dans la rédaction de la nouvelle Constitution pour éviter les erreurs du passé et pour que cette Transition soit la dernière.

La plus grosse erreur du passé est d’avoir donné en 2010 le pouvoir à quelqu’un qui ne l’avait pas gagné dans les urnes et qui en plus n’avait aucun égard ni pour son serment ni pour la Constitution et les lois de la République qu’il avait juré de respecter et de faire respecter.

Comment prévenir ce genre de trahisons? C’est, entre autres, par la transparence et l’équité des élections pouvant donner une légitimité incontestable au PR et par la compétence, l’intégrité et l’indépendance des juges qui doivent nécessairement répondre à ces trois critères.

Mon colonel, je vous en conjure: l’heure est grave!

Je vous exhorte à prendre la mesure de la gravité de la crise actuelle et des conséquences dramatiques qui en découleront. Il faut avoir le courage de siffler la fin de la récréation, de sortir de la diversion et de mettre un terme aux manœuvres dilatoires.

Ce qui requiert de revenir aux fondamentaux d’une transition à savoir le retour rapide à l’ordre constitutionnel via l’organisation d’élections libres , inclusives et transparentes au cours desquelles le peuple choisira librement les dirigeants qui, à leurs yeux, sont plus à mêmes de mener les réformes structurelles dont la Guinée a besoin.

SOULEYMANE SOUZA KONATE, membre du Conseil Politique de l’UFDG et Conseiller chargé de communication de CELLOU DALEIN DIALLO.

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