Le 6 avril dernier, devant la CRIEF (Cour de répression des infractions économiques et financières), Michel Kamano, le 1er questeur de l’Assemblée dissoute le 5 septembre 2021, a révélé que son institution avait laissé dans les caisses, au moment où le pouvoir a changé de main, 5 milliards GNF de 15 milliards (dont les autres parties ont été utilisées pour les travaux liés à la construction du nouveau siège de l’Assemblée et aux émoluments des députés).

Faut-il alors conclure que le CNT a trouvé dans les caisses au moins 5 milliards de GNF ?

Selon la Cellule de Coordination de la Communication du Conseil National de la Transition, « avant l’installation du CNT, il y avait un peu d’argent dans le compte de la 9è législature. Et le secrétaire général d’alors avait reçu l’autorisation de décaisser certains montants pour le fonctionnement de l’institution à l’interne. Et lorsque le président (Dansa Kourouma, NDLR) a été installé, il a demandé à ce qu’un audit soit fait sur le compte de la 9è législature. Lorsque l’audit a été fait, il s’est révélé qu’il y avait 350 millions de GNF dans le compte de la 9è législature. Et il a demandé à ce qu’un compte soit créé pour le CNT. Et cet argent a été viré dans le compte du CNT. Et depuis l’installation le 5 février, jusqu’à date, ces 350 millions sont encore dans le compte du CNT. C’est cet argent qui a été trouvé dans le compte de la 9è législature. C’est ça le fait ».

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Et pourtant le rapport d’audit fait par Africa Business, Investments and Consulting in Management (ABICM), que guinee7.com a consulté, mentionne qu’à la dissolution de l’Assemblée nationale, le 5 septembre 2021, il y avait dans le compte de l’institution à la BCRG, un peu plus de 6 milliards GNF !

Le hic ? Entre le 5 septembre 2021 [date de coup d’état et de dissolution de l’assemblée]et le 5 février 2022 [date d’entrée en fonction des membres du CNT], c’est-à-dire la période creuse, près de 5 milliards ont été sortis du compte sans pièces justificatives. Ci-dessous des exemples.

-En octobre 2021, le même jour, des chèques de 52 millions 274 mille 600 gnf ; 265 millions 715 mille gnf et de 981 millions 420 mille gnf ont été encaissés pour respectivement, « achat de fournitures de bureau et collation », « dépenses diverses » et « primes diverses du mois d’octobre ».

-En novembre 2021, un chèque de 216 millions 900 mille gnf a été encaissé pour « primes diverses du mois novembre 2021 ».

-Un mois plus tard, un chèque de 967 millions 500 mille gnf a été encaissé pour « primes diverses du mois de janvier 2022 ». Problèmes : les primes ont été payées à qui ? Aux députés qui ne sont plus là ? Aux conseillers qui n’ont pas encore commencé à siéger ? Tout cela se serait fait sans la moindre pièce justificative.

Pire, le 31 janvier 2022, soit moins de 5 jours avant que les conseillers n’entrent en fonction, 2 milliards 393millions 280 mille gnf ont été sortis pour « règlement de factures entretien locaux » autrement dit, « travaux de restauration et de l’aménagement de l’Hémicycle, du Salon VIP du Président de la République, du Bureau du Président du Conseil National de Transition et les locaux de travail de la commission des finances ».

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Le commentaire de l’auditeur sur ce point précis est effarant.

Pour lui, cette dépense ne respectant aucune procédure d’engagement, de mandatement et de paiement est par conséquent non éligible.

Il y voit d’ailleurs une double dépense car courant le premier semestre 2021, un montant de 110.157.178.330GNF a été accordé à l’Assemblée Nationale afin de lui permettre d’assurer son fonctionnement du premier semestre 2021 pour 72.363.007.900GNF et le paiement des entreprises ayant restauré et équipé les bureaux de l’institution pour 37.794.170.430GNF

En plus, le mandat de paiement des dépenses donné par l’ordonnateur est sans passation de marché, sans

attachement et décompte des travaux, sans procès-verbal de réception provisoire et sans procès-verbal de réception définitive.

Enfin, l’inexistence de preuve de paiement signé par l’entreprise bénéficiaire (copie chèque non signé et cacheté par l’entreprise), est de nature à douter de l’existence des travaux cités haut.

In Guinée7

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