La crise qui secoue la Fédération guinéenne de football (FGF) continue de susciter l’inquiétude au sein des acteurs du football national. À N’zérékoré, Mamadou Oury Diallo, instituteur des arbitres et ancien président de la ligue régionale de football, n’a pas mâché ses mots en pointant du doigt la responsabilité du président suspendu, Bouba Sampil. Il s’est exprimé ce mardi 15 avril 2025 au micro de notre correspondant local.
La Féguifoot traverse depuis plusieurs mois une période de turbulence, marquée par une opposition entre le président Bouba Sampil et d’autres membres du comité exécutif, situation qui a débouché sur sa révocation provisoire. Pour Mamadou Oury Diallo, cette issue était inévitable.
« Ce qui est arrivé devait arriver. Tous les Guinéens savent comment Bouba est arrivé à la tête de la fédération. Il a creusé sa propre tombe. Il n’a pas respecté les statuts. Je l’ai entendu dire en conférence de presse qu’il est un lion, qu’il mène seul la barque de la Féguifoot. Or, personne ne peut se comporter en roi dans cette institution. Les textes sont clairs et solides à ce sujet », a-t-il déclaré.
Confiant, il estime que la révocation de Bouba Sampil sera entérinée par les membres statutaires lors de l’assemblée générale prévue le 8 mai prochain.
Cependant, cette décision du Comex ne semble pas plaire au ministre des Sports, Keamou Bogola Haba, qui semble déterminé à s’y opposer. Dans un courrier adressé au comité exécutif le 14 avril, il évoque un fait surprenant : l’expiration de l’agrément de la FGF, appelant à « tirer toutes les conséquences de droit », sous-entendant que la fédération ne serait plus légalement constituée.
Plus grave encore, le ministre menace de ne plus reconnaître les actes posés par la FGF sans renouvellement de son agrément, et annonce que l’État guinéen se désengage du financement de ses activités tant que la situation administrative ne sera pas régularisée et que le conflit interne ne sera pas résolu.
Il va plus loin en appelant à une révision des textes de la fédération pour une gouvernance « plus stable et consensuelle », une démarche que plusieurs observateurs jugent hors de son champ de compétences. Mamadou Oury Diallo s’inquiète des conséquences possibles d’une telle ingérence gouvernementale dans les affaires du football national.
« Nous courons un réel danger avec l’immixtion du ministre. Si cela continue, nous risquons des sanctions. Ce ministre, seul le président de la République sait pourquoi il l’a choisi. Pour moi, il ne maîtrise pas ce domaine. Il doit faire preuve de prudence, car la FIFA est très claire : l’État ne doit pas s’immiscer dans la gestion du football. Sinon, ce ne sera pas un CONOR cette fois, mais un comité ad hoc. Et si cela arrive, il faudra attendre cinq ans avant de voir une nouvelle fédération », a-t-il averti.
En conclusion, il appelle à l’unité de tous les acteurs du football pour sauver ce qui peut encore l’être.
Par ailleurs, les membres statutaires de la Féguifoot ont réagi ce mardi en exprimant leur soutien au Comex et en recadrant fermement le ministre des Sports. Dans leur déclaration, ils ont précisé que le délai de renouvellement de l’agrément n’est pas encore arrivé à échéance.
Mamady 2 Camara, depuis N’zérékoré.