Contrairement à ce que pensent beaucoup de personnes, la liberté de la presse n’est pas uniquement une affaire des journalistes. Elle doit intéresser tout le monde car elle est intimement liée au droit du citoyen à l’information, à son droit d’être informé.
Lorsque la presse travaille de manière professionnelle, en respectant l’éthique et la déontologie de la profession, elle contribue efficacement à l’éveil d’une conscience citoyenne. En donnant de bonnes informations c’est-à-dire des informations vérifiées aux citoyens, la presse leur permet d’être éclairés dans leurs choix, notamment celui de leurs dirigeants.
En France par exemple, le journal en ligne Médiapart a permis, à travers ses révélations, d’engager de nombreux procès contre des dirigeants politiques. Et d’ailleurs, c’est suite au scandale relatif au compte bancaire suisse d’un ministre du Budget qu’ont été élaborées en 2013 les lois sur la transparence de la vie publique avec la création de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique. Une affaire qui mettait à nue une fraude fiscale de la part de celui-là même qui, de part sa fonction, devait justement lutter contre cette infraction.
Ainsi, en se battant pour le renforcement de la liberté de la presse et en la protégeant contre les atteintes de nature à l’affaiblir, on contribue en même temps à la consolidation de la démocratie et de l’État de droit.
Ce n’est pas un combat en faveur d’un journaliste mais une bataille pour la préservation d’une autre liberté fondamentale consacrée par les instruments juridiques nationaux et internationaux relatifs aux droits de l’homme, le droit à l’information. Ce droit est si important que le législateur a edicté une autre loi, la loi d’accès à l’information publique.
Certes, des dérapages sont parfois à relever dans la pratique de la profession journalistique. Mais la loi elle-même prévoit des outils qui permettent de les corriger ou de les réprimer car, l’on est tous d’accord que la liberté de presse n’est pas une licence absolue d’écrire ou de dire n’importe quoi. Il n’y a pas de liberté sans responsabilité. Et celui qui agit en justice contre un journaliste ou un média exerce aussi un droit légitime.
Cependant, toutes les règles régissant la presse et toute mesure à prendre contre les médias devraient avoir pour finalité de les aider ou de les obliger à exercer professionnellement avec tout ce que cela impose comme contrainte en terme d’éthique et de déontologie. Il ne s’agit donc pas de faire taire les médias définitivement sous prétexte de « mesures préventives » ou de les dépouiller de leur rôle.
Vive la liberté de la presse pour que vive la démocratie.
Me Mohamed Traoré
Ancien Bâtonnier
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