Suite à la récente disparition du Pape François, au lendemain de la fête de Pâques, les fidèles chrétiens et autres sont impatients de connaitre le nom du successeur de l’argentin. Dans une interview exclusive accordée à la rédaction du Courrier de Conakry, Père Etienne Sylimane Camara, responsable d’une église à Conakry, explique comment le futur Pape sera élu par le collège cardinal lors d’un conclave. Il évoque également l’éventuelle élection du cardinal guinéen Robert Sarah. Lisez !
1- Après le décès du Pape François, dites-nous comment son successeur sera désigné ?
Dans l’église catholique, quand le Pape meurt, après les obsèques se sont les cardinaux qui sont actuellement 135 qui vont faire des congrégations. Enfaite, c’est des rencontres où ils vont débattre des questions brillantes de l’église. Après cette rencontre, ils vont fixer la date du conclave. Ils vont s’enfermer dans la chapelle. Ils vont procéder à des élections avec des bulletins secrets. Avant de renter, ils vont tous prêter serment de garder le secret de ce qui va être dit là-bas. Personne ne sait, ce qui se dit à l’intérieur. Aucun cardinal ne peut voter pour lui-même. Il va voter pour un de ses confrères pour dire que ‘’Je pense celui-là peut nous conduire’’. Celui qui aura obtenu la majorité des deux tiers est choisi. Alors, le doyen de tous les cardinaux va s’adresser à lui pour dire ‘’Nous tes frères, on t’a choisi pour nous conduire. Alors est-ce que tu acceptes la charge ?’’ S’il accepte, alors il va lui demander de choisir un nom pour la mission pontificale. Une fois cela est fait, ils vont brûler les bulletins.
Je rappelle que, à chaque vote les bulletins sont brûlés. Lorsqu’un Pape n’est pas choisi, on met du fumigène pour que la fumée sorte noire pour dire à ceux qui attendent dehors, on n’a pas encore eu de Pape. Lorsque, un est choisi, ils vont brûler les bulletins en mettant un produit et la fumée passe au blanc pour dire on a déjà choisi un Pape. Il va s’habiller et ils vont le présenter au peuple de Dieu. Voilà comment se fait l’élection à bulletin secret. Il n’y a pas de propagande, il n’y a pas de campagne pour dire tel est candidat ou tel n’est pas candidat.
Il faut retenir que ce n’est pas seulement ceux qui sont au conclave qu’on peut élire. On peut choisir quelqu’un d’autre qui n’est pas avec eux. Mais, ceux qui ont moins de 80 ans, c’est eux qui sont électeurs.
2- Quels sont les critères d’éligibilités ?
Déjà il faut être un prêtre, un évêque ou un cardinal de l’église. Pour le collège des cardinaux, il peut mener les autres dans la mission. Parce que ce n’est pas lui seul, qui mène la mission. Il a toute une équipe autour de lui. Donc, il n’y a pas de candidature comme en politique. Il n’y a pas de liste. Ce que vous voyez aujourd’hui, c’est des suppositions des journalistes de par le monde et le souhait des gens de manière humaine. Il n’y a pas de candidat préalable, il n’y a pas de liste où vous devez voter. Tout le monde peut être élu, soit parmi les 135 cardinaux ou en dehors des 135. Il faut être baptisé, être catholique, pouvoir conduire l’église et surtout être un prélat.
3- Que représente pour vous l’éventuelle élection du cardinal Robert Sarah comme Pape, en tant que guinéen ?
Le cardinal Sarah fait partie des collèges qui doivent élire le Pape. Il est électeur. Parce qu’il n’a pas encore atteint les 80 ans, il devrait les atteindre au mois de juin. Donc, il a 79 ans, il fait partie des électeurs.
Pour nous, c’est un honneur qu’un des nôtres soit parmi ceux qui élisent le Pape. Pour moi, c’est une fierté d’avoir un guinéen parmi les électeurs du futur Pape. Ça représente un honneur mais c’est une charge aussi. J’ai le devoir de le porter dans ma prière, lui et tous les autres cardinaux.
En tant que prêtre, on doit les porter. Parce que la décision engage toute l’église et eux ils sont chargés de répondre au nom de tout le monde. C’est ma prière qui les accompagne. Donc, que le cardinal fasse partie des personnes qui sont choisies pour élire le pape est un honneur mais une charge qui nous impose aussi.
4- Selon vous, qu’est-ce le cardinal Robert Sarah pourrait apporter ?
Je ne pourrais pas dire ce que le cardinal peut emporter ou pas, d’autant plus qu’il n’y a pas de candidat préalable. Tout le monde est éligible. Est-ce qu’il sera élu ? C’est le sondage des journalistes et l’opinion publique. Mais le sondage n’est pas forcément l’avis des cardinaux. Ils choisiront celui qu’ils pensent, selon la grâce de Dieu. Puisqu’ils vont demander l’Esprit Saint. Ils vont demander la grâce de Dieu de les orienter. Donc, il y a l’œuvre de Dieu dedans. Je ne pourrai le dire qu’il va l’emporter, mais il fait partie des éligibles et des électeurs. Il a quand même une personnalité comme autant d’autres cardinaux. C’est Dieu seul sait qui va l’emporter.
5- Si Robert Sarah est désigné Pape, quelles seront les retombées pour la Guinée et pour l’Afrique ?
C’est une fierté pour nous et c’est une grâce. Mais surtout c’est une grande mission pour les guinéens. Parce que si c’est Robert Sarah qui est choisi, nous auront la charge de le porter dans la prière pour qu’il puisse mener les destinées de toute l’église et du monde entier sous ses épaules. Parce que ce n’est pas évident d’être Pape. Ce n’est pas un cadeau, c’est une charge énorme qui demande assez de force et assez de grâce. Donc, pour nous ça sera la fierté de la Guinée, de l’Afrique mais aussi du monde entier. Parce que le cardinal n’est pas apprécié seulement qu’en Guinée mais partout dans le monde. Aujourd’hui, nous prions surtout qu’on nous donne un Pape selon le cœur de Dieu. Ça peut être le cardinal Sarah ou un autre. Mais nous souhaitons un Pape selon le cœur de Dieu. C’est cela le plus important. Nous prions pour eux tous pour que Dieu guide ce conclave qui va nous permettre d’avoir le représentant de l’église, le représentant du Chris parmi nous.
Je vous remercie !
Propos recueillis par Ibrahima Soya
