L’opération de déguerpissement de Kaporo Rails est largement critiquée par une frange de la classe politique guinéenne, mais aussi par de nombreux citoyens. Car, ce sont plusieurs familles laissées sans abri, des élèves qui risquent de perdre leur année scolaire.
Le marché de Kaporo Rails, qui grouillait autrefois de monde, est aujourd’hui comme un désert. Boutiques, gargotes, maisons, garages, kiosques, etc. ont été complètement rasés par les caterpillars du génie militaire.
Si certaines familles ont trouvé de refuge ailleurs, il y en qui ne savent pas où aller. Elles passent donc la nuit à la belle étoile.
Une femme dont la gargote a été détruite a décidé de rester au milieu de ces décombres pour vendre afin de nourrir sa famille. Elle se sert d’un arbre qui a payé les frais du passage des caterpillars pour reconstituer à sa façon sa gargote. Une bâche qu’elle a attachée sur certaines branches de l’arbre d’un côté et d’autres morceaux de bois de l’autre, lui permet d’avoir de l’ombre. Et les clients ne manquent pas. C’est là qu’ils viennent acheter à manger.
A côté, des femmes sont couchées sur un matelas à même le sol. Djenabou Mara, dit que c’est là qu’elle passe la nuit avec sa famille.
« Nous nous en remettons à Dieu. C’est ici que nous passons la nuit avec nos enfants. C’est ici qu’on prépare pour manger. Nous n’avons nullement pas où aller. C’est ici que nos parents avaient construit », explique-t-elle.
Quand le déguerpissement a commencé, Djenabou a eu des difficultés où mettre ses affaires qui étaient dans sa maison : « Nous avons confié toutes nos affaires ailleurs. L’autre jour, quand nous avons envoyé nos bagages chez quelqu’un. Mais il nous a dit sortir dès que nous sommes arrivées. Heureusement qu’un autre a eu pitié de nous pour accepter qu’on laisse ces bagages chez lui. »
Comme la majorité des familles déguerpies, Djenabou Mara demande de l’aide aux bonnes volontés.
Thérèse Diallo
Source vidéo : Bah Alhassane Japonais