L’armée a de nouveau pris le pouvoir en Guinée, le 5 décembre 2021. Ce fait nous place dans une situation de transition, comme si l’histoire de notre pays se répéterait sans fin, ou comme si les Guinéens se moquaient de leur histoire.

Un constat : La succession des transitions en Guinée n’est que le reflet d’un Etat grippé, un Etat en souffrance. Ce constat est le tout premier pas vers l’analyse de la situation.

En effet, lorsqu’on parle de transition, le moindre reflexe nous dit qu’il s’agit de la mise en place d’un gouvernement provisoire et d’élections pour un gouvernement démocratique. De ce point de vue, on peut faire remarquer que l’expérience des transitions dans notre pays n’est pas heureuse. Et, lorsqu’on parle de transition, on ne doit pas perdre de vue qu’il s’agit à la fois de contingence, de situation, de temps, mais surtout de durée.

C’est pourquoi la transition qui s’annonce se veut à la fois pensée, processuelle, programmatique et pragmatique. Car, si la transition est une situation de crise ; sa gestion est un projet qui passe forcément par un discours politique.

Le discours dont il s’agit devra être un discours solennel, qui situe, mobilise et engage les Guinéens dans une aventure collective, en projetant des actes qui rassurent les Guinéens et la communauté internationale d’une rupture définitive avec la litanie des transitions dans notre pays. Mais, de quel discours s’agit-il ?

Le discours dont il s’agit situe sur l’horizon politique dans un futur raisonnablement proche.

Le discours dont il s’agit laisse apercevoir le cadre de la transition.

Le discours dont il s’agit projette des actes rassurants d’un État et d’une République promis à la démocratie.

Bref, un discours ajusté au contexte et traduisant une volonté de rompre définitivement avec la litanie des transitions : « Le discours est une arme de combat. Il doit son existence à un état de choses à définir ou à redéfinir. Il n’envisage les réalités à construire qu’à partir des réalités à déconstruire. »

Le discours dont il s’agit vise l’Etat, sa mise sur orbite.

Le nouveau pouvoir se doit de comprendre que la persistance de la transition pose la question de l’Etat,  ce qui fait de la restauration de l’Etat, plus qu’une préoccupation, un véritable défi. Ce défi du nouveau pouvoir est tellement profond, tellement crucial qu’il ne peut être résolu par les seuls faits de la mise en place d’un gouvernement de transition et par l’organisation des élections.

Ainsi, privilégier les élections pour un gouvernement démocratique serait être aux ordres d’une politique réduite exclusivement à la lutte pour le pouvoir, qui ne finit pas de prendre la nation en otage et de pervertir la démocratie, en donnant libre cours à la démagogie. En matière de transition, il s’agit, maintenant pour les Guinéens, de « Transformer en conscience une expérience vécue, afin de rendre intelligible les évènements à venir » (Jean Ziegler ».

Ainsi, le C.N.R.D se doit d’assigner à son pouvoir la mission d’une mise sur orbite de l’Etat. Car, en Guinée, c’est l’Etat qui est en question.  L’Etat en Guinée est un Etat atrophié, évanescent, qui a besoin d’une introspection, d’une endoscopie.  D’où le besoin d’une équipe d’évaluation de la situation, en lieu ou place (ou en simultané) d’un gouvernement d’union nationale dont les critères d’éligibilité restent à déterminer.

C’est pourquoi, il serait plus pragmatique, plus réaliste d’assigner au gouvernement d’union nationale une mission d’évaluation (différente d’un gouvernement de gestion).

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