Dans un dossier vieux de plusieurs décennies, la Cour de Répression des Infractions Économiques et Financières (CRIEF) s’apprête à rendre, ce lundi 16 juin 2025, sa décision dans l’affaire opposant la société guinéenne Bankina Pêche à plusieurs anciennes personnalités influentes de la République de Guinée. Parmi elles, Dr Ousmane Kaba, ex-ministre de l’Économie et des Finances sous le régime Lansana Conté et actuel président du Parti des Démocrates pour l’Espoir (PADES). L’annonce a été faite ce mercredi 11 juin, à travers un avis de renvoi affiché au rôle de la chambre du jugement de la CRIEF, après de multiples reports de l’audience.
Ce procès, aux allures de bras de fer judiciaire, remonte à des faits datant de 1997. La société Bankina Pêche accuse les prévenus d’avoir orchestré un montage frauduleux au détriment de ses intérêts dans le secteur de la pêche industrielle en Guinée. Outre Dr Ousmane Kaba, d’autres anciens ministres sont cités dans ce dossier : Boubacar Barry, ex-ministre de la Pêche et de l’Élevage sous le régime du Général Lansana Conté, Mansa Moussa Sidibé, ancien ministre de la Pêche et de l’Aquaculture également sous Conté, ainsi que Moussa Condé alias « Tata Vieux », qui a occupé le même portefeuille durant le régime d’Alpha Condé. La société chinoise China National Fisheries Corporation (CNFC), est aussi mise en cause.
Les charges retenues contre les mis en cause sont lourdes : « Faux, usage de faux en écriture publique et abus de confiance ». Des infractions que la société plaignante estime avoir entraîné un manque à gagner considérable. Bankina Pêche réclame ainsi aux prévenus un montant de 22 millions de dollars américains à titre de réparation du préjudice subi, une somme jugée exorbitante par la défense, mais que les avocats de la partie civile estiment légitimement fondée sur les pertes économiques constatées.
Cependant, dans un tournant inattendu du procès, le parquet spécial de la CRIEF, chargé de représenter l’intérêt public dans ce type de procédure, a requis la relaxe pure et simple des accusés. Selon ses réquisitions, les éléments constitutifs des délits ne seraient pas suffisamment établis pour motiver une condamnation. Le ministère public a donc demandé à la cour de déclarer les prévenus non coupables et de les renvoyer des fins de la poursuite pour délit non constitué.
Ce positionnement du parquet a suscité une vague de réactions dans l’opinion publique, certains y voyant un effondrement du dossier, d’autres une tentative de préserver des figures politiques. Quelle que soit l’issue, la décision du 16 juin est très attendue et pourrait constituer un précédent dans la lutte contre les crimes économiques en Guinée.
Affaire à suivre !!!