Poursuivis par l’État guinéen pour détournement de deniers publics et enrichissement illicite portant sur un montant de plus de 612 milliards GNF et 12 millions de dollars, le procès de l’ancien ministre Docteur Ibrahima Kourouma et l’ancien directeur administratif et financier Mohamed V Sankhon a été rouvert ce mercredi 12 mars 2025 devant la chambre de jugement de la cour de répression des infractions économiques et financières.
Renvoyé à ce jour pour la production du rapport de la direction nationale des domaines et des cadastres (DOCAD) sur l’identification des biens des prévenus, le président de la chambre, Yagouba Conté, a rappelé que la cour n’avait pas encore reçu ce document, avant d’interroger le parquet spécial sur l’état d’avancement du dossier. Le substitut du procureur spécial, Ousmane Sano, a indiqué que leur parquet n’avait toujours pas obtenu le retour de la DOCAD concernant l’identification des biens des prévenus. Il a ainsi demandé un renvoi afin de permettre à cette direction d’accélérer le processus, précisant que ce retard ne devait pas motiver une précipitation des autres parties.
Face à cette situation, les représentants de l’État guinéen ont manifesté leur volonté d’accélérer la procédure, arguant qu’ils disposaient d’éléments suffisants pour engager les plaidoiries. Par la voix de Maître Pépé Antoine Lama, ils ont souligné que le conseil de l’un des accusés était absent pour cause de voyage, ce qui pourrait engendrer une audience sans assistance juridique pour ce dernier. Ils ont ainsi sollicité un renvoi au lundi suivant afin de permettre la production du rapport, faute de quoi les débats devraient être clos pour entamer les plaidoiries et réquisitions. Ils ont justifié cette demande en précisant que le parquet spécial ne pourrait invoquer une nouvelle fois un manque de préparation.
Les avocats des prévenus ont, de manière surprenante, adopté la même position que la partie civile. Maître Sékou Kouyaté a remis en question la légitimité de la poursuite en s’interrogeant sur les motivations du parquet, qui détient un prévenu depuis trois ans avant de déclarer vouloir encore rassembler des preuves.
Le juge Yagouba Conté a finalement prononcé le renvoi de l’affaire au 17 mars 2025 pour la poursuite des débats, une audience qui pourrait être marquée par l’ouverture des plaidoiries et des réquisitions en fonction de l’état d’avancement du dossier.
Foulamory Bah