À l’approche de la fête de l’Aïd-el-Fitr, marquant la fin du mois de Ramadan, l’effervescence est palpable dans les marchés de Conakry. Mais derrière l’agitation des préparatifs, une réalité plus amère se dessine : la hausse généralisée des prix. Des marchands aux consommateurs, tous pointent du doigt une conjoncture économique éprouvante.
Dans le grand marché de Madina, où l’on vient traditionnellement faire de bonnes affaires, le constat est unanime. Les prix des vêtements, chaussures et autres articles festifs ont connu une augmentation significative par rapport aux années précédentes. Face à cette situation, Bintou Camara, mère de famille, exprime son désarroi.
« Je suis venue acheter des habits et des chaussures pour mes deux enfants, mais les prix sont tellement élevés que je n’ai pu prendre que les vêtements. Pour les chaussures, on verra plus tard si notre budget nous le permet. Le gouvernement doit vraiment agir sur les prix, car nous, le bas peuple, souffrons énormément. »
Un cri du cœur partagé par de nombreux clients qui parcourent les étals avec plus d’hésitation que de certitude. De l’autre côté, les commerçants aussi ressentent la pression.
Yakha Diané, vendeuse de vêtements et chaussures pour enfants à Matoto, explique les défis auxquels elle fait face. « Cette année, la situation est particulièrement compliquée. Les clients viennent demander les prix, mais repartent sans acheter. Ce n’est pas de notre faute si les produits sont chers, c’est chez les grossistes que les tarifs ont explosé. L’année dernière, c’était bien plus abordable. Malgré tout, nous espérons écouler nos marchandises avant la fête. »
Cette flambée des prix s’explique par plusieurs facteurs. Selon l’économiste Ousmane Diallo, spécialiste des marchés en Guinée, plusieurs éléments influencent cette conjoncture.
« Le mois de Ramadan est toujours une période de forte consommation, ce qui entraîne une pression supplémentaire sur l’offre. Cette année, l’inflation persistante, conjuguée à l’augmentation des coûts d’importation et aux fluctuations du taux de change, a aggravé la situation. En l’absence de mesures régulatrices efficaces, les prix continuent d’augmenter, affectant directement le pouvoir d’achat des ménages. »
Au-delà des vêtements et accessoires, le prix des denrées alimentaires a également connu une hausse marquée. Riz, huile, viande, oignons… autant de produits de première nécessité sont devenus inaccessibles pour de nombreux foyers. Cette inflation inquiète, d’autant plus que le revenu moyen des Guinéens peine à suivre la tendance.
Face à cette situation, les citoyens appellent le gouvernement à prendre des mesures d’urgence. La régulation des prix, le contrôle des circuits d’approvisionnement et un soutien accru aux commerçants pourraient, selon certains experts, alléger la pression sur les consommateurs.
En attendant, les Guinéens continuent de composer avec cette réalité économique difficile, tout en espérant pouvoir célébrer dignement la fête de l’Aïd, symbole de partage et de joie, malgré les contraintes budgétaires.