Dans un entretien qu’il a accordé à un des reporters du Courrier de Conakry, le Directeur Santé d’UGAR-ACTIVA, Mohamed Peyrénemou Sagno, a saisi l’opportunité pour parler du fonctionnement de son département qui a récemment mis en place une plateforme digitale (Inter santé) pour mieux satisfaire ses clients. Lisez !
Rappelez nous dans quel contexte, la société UGAR est parvenue à mettre en place un produit d’assurance santé ?
Je vous rappelle que nous sommes la première compagnie du pays, que ça soit sur le plan de la date de création ou sur le plan du chiffre d’affaires. Depuis la création d’UGAR, les précurseurs ont mené des enquêtes qui leur ont permis de comprendre que l’Etat exige la prise en charge des frais médicaux des employés et de leur famille par les employeurs. Mais, il se trouve que la plupart des structures ne sont pas disposées à prendre ce pan dans leur activité, parce que ce n’est pas leur métier. Alors nos prédécesseurs ont trouvé nécessaire de créer une police d’assurance qui peut répondre à cette exigence du code du travail : la prise en charge des frais médicaux des employés et de leurs familles (restreintes). C’est à la suite de ça que la prise d’assurance a été créée le 1er janvier 1989.
Dites-nous comment ce service à évoluer au fil des décennies et quelles sont les innovations ?
A la suite de la création, nous avons commencé à prendre l’assurance santé. Nous l’avons amélioré au fur à mesure comme toute œuvre humaine. Au début nous étions avec les carnets d’assurés, aujourd’hui nous sommes avec des cartes d’assurances santé avec des puces.
Tout récemment nous avons mis en place une plateforme de gestion digitale. Nous savons que la gestion est très rude sur le marché des assurances. Donc nous améliorons nos polices au fur à mesure. Aujourd’hui l’assurance que nous vendons permet aux gens d’être pris en charge en fonction des taux de couverture de l’appartenance territoriale et des différents capitaux qui sont assurés convenablement dans le contrat. Ça fait que le code du travail exige 50% de taux de couverture. Ça veut dire que l’employeur va prendre en charge 50% des frais médicaux de ses employés et leurs familles. Mais dans la plupart des structures en place, ce taux a été amélioré suite aux discussions entre les partenaires sociaux, les syndicats et les directions générales. Donc aujourd’hui la plupart de nos polices sont 80% 90 à 95%. Pour vous donner un ordre d’idée, les banques avec leurs partenaires sociaux sont convenues de prendre les banquiers en charge à 95%.
Dans votre service assurance santé, quels sont les cas qui ne sont pas pris en charge ?
Comme toute police d’assurance, il y a des exclusions naturelles. Par exemple : les catastrophes naturelles, quand il y a des tremblements de terre, des volcans…, les méfaits de ces mécanismes là ne sont pas couverts par l’assurance. Parce que c’est des trucs qui sont naturels. Mais à part ça, la plupart des autres rubriques maladies naturelles, maladie suite aux accidents sont prises en charge avec cette couverture. Mais avec le taux de couverture qui est convenu entre l’assureur et le souscripteur (celui qui souscrit au contrat, il souscrit pour ses employeurs). Donc l’employé est le souscripteur et les bénéficiaires sont les employeurs et leur ayant droit.
Comment fonctionne votre collaboration avec vos prestataires ?
Nous disposons d’un réseau important de prestataires. Nous avons des pharmacies, des cliniques, des cabinets médicaux, des centres médicaux, des structures qui s’occupent généralement de la prise en charge des maladies. La plupart des compagnies ne disposent pas de structures médicales. Donc, il a fallu signer des conventions de partenariats entre nous et la plupart des structures médicales pour faire prendre en charge nos assurés. Ces conventions sont proposées par nous. C’est nous, qui les rédigeons mais les prestataires ont la possibilité d’apporter souvent des modifications. Si le premier jet élaboré par nous ne leur convient pas, il y en a qui interviennent pour dire changer telle rubrique, améliorer comme telle pourvu que ça soit conforme à nos façons de travailler, à notre process. Logiquement, ils (prestataires) reçoivent nos assurés sur présentation des cartes dont j’ai évoqués.
Une fois qu’ils reçoivent nos malades, s’ils ont besoin d’être consulté, ils sont consultés, s’ils ont des examens à réaliser, les examens sont prescrits sur la plateforme. Ils n’ont pas forcément besoin de venir chez nous, pour prendre quoi que ce soit, ils peuvent aller directement chez les laboratoires qui sont conventionnés avec la carte et un numéro qui est communiqué par le médecin qui a prescrit les examens, qui doit être sur la plateforme. Quand, il (le malade) vient chez le laborantin, il prend ce numéro et introduit dans la plateforme, il a accès à la prescription. Si c’est dans une pharmacie, le pharmacien a accès à la prescription, si c’est dans un labo, le laborantin à accès à la prescription des examens. Soit les examens sont réalisés, soit les médicaments sont fournis aux malades.
Certaines personnes se plaignent souvent de l’accès difficile aux services de santé via la carte UGAR, qu’en pensez-vous ?
Naturellement, il y a souvent des difficultés. Notre outil de travail aujourd’hui qu’on appelle Inter santé fonctionne avec l’internet. Pour celui qui connaît les difficultés de connexion dans le pays, il est évident que de temps en temps les problèmes se posent. Mais il y a des structures médicales qui sont outillées et qui n’ont pas de difficultés à prendre en charge les assurés. C’est des structures qui disposaient déjà d’une forte connexion. On a des pharmacies sur place, qui ont des wifi, bien avant l’introduction de la plateforme ceux-ci n’ont pas de problèmes. Mais les petits prestataires qui ont souvent des difficultés à se connecter qui payent par exemple 100.000 gnf de connexion ou 50.000 gnf, souvent ils ont des problèmes de connexions, il faut l’admettre. D’ailleurs comme tous les internautes de notre pays. Par contre, il y a des grandes structures qui ont des connexions internet par wifi qui n’ont aucune difficulté à prendre en charge nos assurés. Nous pensons que ça va s’améliorer au fur et à mesure. Il y a juste quelques mois, notre outil inter santé a été déployé, nous avons espoir que ça va s’améliorer. D’ailleurs l’amélioration commence à se faire sentir. Au début, nous étions appelés régulièrement par des assurés par-ci par-là, qu’ils sont dans les structures mais la structure n’arrive pas à les prendre en charge.
Qu’est-ce que vous faites pour faciliter l’utilisation de la plateforme ?
Au prime abord, les gens ne savaient pas utiliser la plateforme. Aujourd’hui, nous avons recruté une équipe d’informaticiens qui sillonnent régulièrement les prestataires pour les apprendre, apporter de l’aide nécessaire pour que la chose puisse prendre (la plateforme).
Au-delà de Conakry, ce problème de connexion est encore pire à l’intérieur du pays, comment ça se passe à ce niveau ?
Jusqu’au moment où je vous parle, l’utilisation de la plateforme n’a pas été exigée à l’intérieur du pays. Nous savons que les difficultés de connexions sont plus récurrentes à l’intérieur du pays. Nous avons commencé par Conakry depuis septembre. Dans notre plan d’action, c’est au premier trimestre de l’année que le déploiement va être effectif à l’intérieur du pays. Nous n’avons pas assez de prestataires à l’intérieur du pays. Ça ne dépend pas forcément de nous forcément, mais il y a des moyens de structures privées à l’intérieur du pays. Ce sont des structures médicales publiques qui existent énormément.
Quel est le nombre de personnes assurées par votre service santé en Guinée ?
A date, nous avons environs 11 à 12.000 assurés en santé dans toute la république de Guinée mais 80% basés à Conakry et environs. Il n’y a que quelques 20 % qui sont à l’intérieur du pays dans la région de Boké, N’zérékoré et la Haute Guinée. En Moyenne guinée, il n’y a pas assez d’assurés.
Selon vous quels sont les avantages de s’assurer avec UGAR Activa ?
Déjà, c’est un avantage d’avoir une couverture médicale. Vous n’êtes pas sans savoir qu’aujourd’hui l’Etat après avoir mis en place une structure qui s’occupe de l’assurance médicale universelle est en train d’améliorer ses services dans ce sens. C’est une nécessité. Imaginez vous, on est dans un pays, où il y a environs 16 millions d’habitants, même si tout le monde cotisait 10.000 gnf par mois ça aurait permis aux structures consacrées à ça de prendre en charge la plupart des gens. Je ne dis pas de les prendre en charge dans les structures luxueuses, mais au moins les prendre en charge dans les structures publiques.
Mais malheureusement jusqu’à maintenant, ça ne fonctionne pas forcément bien, mais nous avons espoir que ça va finir par fonctionner. Nous même, nous sommes un peu victimes de ça, nous n’avons pas plus de 1% de la population guinéenne qui soit assurés. Donc nous sommes limités que ça soit sur le plan de l’existence des structures médicales que ça soit sur le plan de l’existence de fonds importants pour la prise en charge des gens. Par contre, dans d’autres pays vous avez plus de 90% de la population qui est assurée. Ça fait que, ils ont une masse d’argent qui leur permet de financer les structures médicales mais ici, malheureusement ce n’est pas le cas. Cela limite forcément notre capacité.
Quelle est la particularité d’UGAR ?
J’ai précisé au début que nous sommes la première compagnie du pays et en termes de chiffre d’affaires. De 1989 à maintenant c’est plus de 30 ans, une structure qui a plus de 30 ans, c’est vraiment une structure majeure. Elle est première et continue à l’être. Parce qu’être premier, c’est compliqué mais le demeurer est encore plus compliqué. Les avantages, c’est que vous avez de l’expérience à l’UGAR avec des gens qui sont dans cette assurance depuis plus de 45 ans. On a des travailleurs ici qui étaient dans la société nationale d’assurance et de réassurance au temps du premier régime. La majeure partie est à la retraite, mais il y a une partie qui reste et ceux qui sont venus ont appris avec ces anciens. Il n’y a pas de compagnie en Guinée, où il n y a pas un ancien d’UGAR et mieux, nous étions une compagnie qui envoyait très souvent ses travailleurs dans les écoles d’assurances en Afrique ou en Europe. L’assurance santé, ce n’est pas comme l’assurance automobile, vous assurez les humains. Donc, naturellement, le cœur est différent quand il s’agit de prendre une personne en charge ou quand il faut prendre en charge une machine. Cette différence là est de mise dans notre comportement.
Pour finir cette interview, quel est votre message à l’endroit des sociétés qui refusent d’assurer leurs travailleurs ?
Il faut qu’elles acceptent d’aller vers les compagnies d’assurances. Je ne dirais pas forcément de venir vers UGAR mais d’aller au moins vers les compagnies d’assurances de se renseigner. Parce que, la plupart des sociétés qui sont installées malheureusement n’ont pas de personnes ressources dans leur structure pour la prise en charge des frais médicaux. Mais la plupart des compagnies sont outillées, ont la logistique nécessaire, ont des process qui sont bien élaborés et ont de l’expérience pour pouvoir prendre en charge les assurés qui leur sont confiés. Donc, il faut aller vers les assurances surtout celle de l’assurance santé et mieux ça permet à l’Etat d’engranger des taxes et des impôts. Parce que, chaque assurance qui est souscrite nécessite des taxes, – même si les taxes ne sont pas importantes depuis quelque temps puisque nous étions à 15% la taxe sur les assurances santé. Aujourd’hui, avec le plan fiscal de l’exercice écoulé, nous sommes aujourd’hui à 3%. Cela facilite un peu le payement des primes aux assurés que nous recevons. Ça baisse la prime qu’ils doivent cotiser pour la prise en charge de leur travailleur.
Je vous remercie
Recueillis par Ibrahima Bah