En dépit de son rôle crucial dans la promotion de l’artisanat local, le Centre d’Exposition Artisanal de N’zérékoré est plongé dans l’obscurité. Construit en 2014 pour marquer le 55ème anniversaire de l’indépendance de la Guinée, ce centre se débat aujourd’hui avec un grave manque d’électricité qui freine ses activités.

Dès l’entrée dans le centre, l’inefficacité du système électrique est frappante. Les artisans, contraints de travailler dans des conditions précaires, utilisent des groupes électrogènes pour alimenter leurs machines. Joachin Théa, le Chef du centre, explique la situation avec frustration : « Ici, le principal problème est le manque d’électricité. Nous devons nous débrouiller avec des groupes électrogènes pour faire fonctionner nos équipements. »

N’faly Camara, connu sous le nom de Farafina et sculpteur de profession, décrit les défis quotidiens auxquels il est confronté. « Lorsque les clients viennent, nous devons utiliser les torches de nos téléphones pour qu’ils puissent voir les articles. La situation est encore pire la nuit. Nous utilisons des groupes électrogènes pour nos machines, mais cela reste insuffisant », raconte-t-il.

Le contraste est saisissant avec le reste de la ville, qui bénéficie de l’électricité fournie par le projet d’interconnexion. Farafina souligne la paradoxale situation : « Alors que le reste de N’zérékoré est bien alimenté, nous ici au centre subissons cette pénurie constante. »

Sous la tutelle de l’Office National de Promotion et de l’Artisanat (ONPA), le centre a pour mission de promouvoir les œuvres artistiques locales. Cependant, le manque d’infrastructure et de ressources a un impact direct sur la fréquentation. Joachin Théa estime le taux de fréquentation à environ 40% cette année, contre 35% l’année dernière. Mais pour Farafina, la réalité est plus sombre. « La fréquentation est si faible qu’elle ne dépasse même pas 10%. Nous pouvons passer une à deux semaines sans vendre un seul article », déplore-t-il.

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L’accès au centre est également un défi. La route menant au centre est en piteux état, compliquant la venue des visiteurs et des clients. Cette dégradation des infrastructures contribue à la baisse de fréquentation et accentue les difficultés rencontrées par les artisans.

Le centre propose quatre principales activités : la calligraphie, la teinture, la sculpture et la raphiatérie. Mais malgré l’effort des artisans, la combinaison de la pénurie d’électricité et de l’accessibilité limitée freine leur activité et leur croissance.

Le Centre d’Exposition Artisanal de N’zérékoré est à un tournant critique. Alors qu’il cherche à surmonter ces obstacles, l’espoir réside dans une amélioration des conditions de travail et une meilleure accessibilité pour revitaliser ce pilier de l’artisanat local.

Mamady 2 Camara, correspondant à N’zérékoré

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