Dans le but de connaitre les conditions de vie et de travail des journalistes guinéens, l’association PRESSE SOLIDAIRE a lancé, du 31 mars au 22 avril 2022, une enquête auprès de ceux-ci. Cette enquête, réalisée en ligne, vise à identifier les difficultés que rencontrent ces journalistes dans l’exercice de leur métier. Ces difficultés vont de leur traitement par leurs employeurs à l’accès aux sources d’information.

L’étude a concerné les journalistes travaillant dans les sept (7) régions administratives du pays et la zone spéciale de Conakry pour toutes les catégories de médias (presse écrite, presse en ligne, radio et télé). 220 journalistes ont participé à cette enquête en répondant aux questions qui leur ont été adressées en ligne. Ces questions portent entre autres sur le traitement salarial, équipements de travail et moyens de déplacement dont ils disposent, leur enregistrement à la Caisse nationale de sécurité sociale, assurance maladie ou soutien de leur rédaction en cas d’autres cas sociaux, la formation, leurs difficultés d’accéder aux sources d’informations.

Ceux qui ont accepté de répondre aux différentes questions ont une expérience de 12 ans au maximum et de quatre mois au minimum. C’est-à-dire qu’il y en a qui ont commencé le métier en 2010, alors qu’il y en a qui ont commencé en 2022. Cette étude révèle que 60.58% des répondants n’ont pas de contrat dûment signé avec leurs employeurs et 21.11% n’ont pas de salaire. D’autres ont un salaire inférieur au SMIG, donc en dessous de 440 mille GNF. Par contre, il y a des journalistes qui ont un salaire supérieur à 3 millions GNF par mois. Mais cette catégorie est très faible soit 5.56%. L’autre situation qu’il faut déplorer, c’est le cas des stagiaires. Il y a des journalistes qui affirment qu’ils sont stagiaires depuis plusieurs années. Cette catégorie se situe entre 2009 et 2018.

S’agissant des moyens de déplacement ou des frais de transport, la majorité des répondants, soit 52.02 %, disent n’avoir rien de tous ces éléments. Et seulement 31.61% des répondants disposent d’une carte de presse délivrée par la HAC.

Pour ce qui concerne l’assistance sociale, un peu plus de la moitié des journalistes interrogés (50.89%) n’ont ni assurance maladie, ni soutien aux charges de logement. Ils n’ont bénéficié d’aucun soutien quand ils ont un décès ou un mariage.

Parmi les difficultés auxquelles les journalistes sont confrontés dans l’exercice de leur métier, il y a l’accès aux sources d’informations: 60.59% au niveau du Gouvernement, 46.47% au niveau des services publics, dans le secteur de défense et sécurité (63.53%), au niveau des institutions internationales (30 %) et dans le secteur privé (21.18 %).

Pourtant, la Loi L0027 du 19 décembre 2020 portant droit d’accès à l’information publique, en son article 2, stipule que « l’accès à l’information est un droit fondamental de chacun qui recouvre l’information sur la liberté d’expression et le droit à l’information. Tout citoyen peut demander et obtenir un accès à l’information et aux documents administratifs, sans avoir à justifier le motif de la demande. »

Recommandations

Au regard des résultats de cette étude, PRESSE SOLIDAIRE recommande :

– au Président de la Transition de mettre en place la Commission d’accès à l’information publique qui est « chargée de veiller au respect et à l’application des dispositions de la présente loi. » Cette commission dispose d’un pouvoir d’injonction et de sanction en la matière.

– à la Haute Autorité de la Communication (HAC) de délivrer les cartes de presse aux journalistes.

PRESSE SOLIDAIRE invite les patrons de presse :

– au respect des dispositions prévues par le Code du travail à travers notamment la signature de contrat ;

– au respect de la durée légale du stage ;

– à rehausser le niveau de traitement salarial de leurs employés et d’œuvrer à leur formation.

Conakry le 30 avril 2022

La Coordination générale de PRESSE SOLIDAIRE