Situé dans la sous-préfecture de Wonkifong à Coyah distant d’une cinquantaine de kilomètres de  Conakry, le village de Kendoumayah fait l’objet d’une polémique à cause d’un conflit domanial entre les autochtones et la Communauté des frères de Saint Jean de l’Église Catholique en Guinée. Les habitants réclament un terrain de 22 hectares sur lequel est construit un Monastère depuis 1993.

Face à cette situation, les Prêtres de l’Archidiocèse de Conakry ont animé une conférence de presse ce vendredi 22 octobre 2021 à Kaloum pour apporter des éclaircissements et attiré l’attention de l’opinion nationale.

Dans son intervention de circonstance, Père Apollinaire, Cécé Kolié Curé de Saint Robert de Koloma, a expliqué comment l’Archevêché de Conakry a obtenu le terrain.

« Les 22 hectares ont été une cession de l’État guinéen à l’archidiocèse de Conakry qui en avait fait la demande. Ces 22 hectares sont issus de la partie étatique résultant du contentieux franco-guinéen. En 1993, l’archevêque de Conakry en avait fait la demande et l’Etat lui a donc cédé 22 hectares 38 yards et 70 cent yard » a-t-il rappelé avant d’ajouter : « Ce don n’a jamais fait l’objet d’une quelconque promesse pour la construction des infrastructures comme le prétendent les villageois  (adductions d’eau, bitumage de route et électrification) ».

Poursuivant son laïus, Père Apollinaire dénonce avec fermeté l’envahissement de la Communauté des Frères de Saint Jean par les habitants de Kendoumayah qui ont agressé les prêtres de ce lieu de culte.

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« Au moment où la justice venait de se prononcer sur ce litige, nous apprenons que le mercredi 22 septembre 2021, la communauté villageoise de Kendoumayah a envahi le domaine des Frères Saint Jean y compris leur domicile. Ils sont allés jusqu’à battre un prêtre qui a été molesté dans la boue jusqu’à voir ces habits religieux déchirés. Il a été placé en détention au village et a été enfin enfermé dans une gendarmerie. Nous estimons que les limites de l’intolérance ont été atteintes et franchies… Nous condamnons avec la dernière énergie de tels agissements », s’est indigné Père Cécé Apollinaire Kolié.

Après avoir soutenu que les habitants de ce village sont certainement manipulés par des gens tapis dans l’ombre, le Prêtre a déploré l’indifférence des autorités locales et les notables qui d’après lui n’ont fait aucune démarche pour s’enquérir sur l’état de santé du Prêtre violenté.

Malgré cela, le Curé de Koloma plaide pour la réconciliation et propose une journée de prière pour le village de Kendoumayah qui sera achevée par une Messe pour les chrétiens et une lecture du Saint Coran pour les musulmans.

C’est dans ce même ordre d’idée que l’avocat de l’Archevêché, Gabriel Kamano, est revenu sur la décision du Tribunal de Coyah qui  a rendu la justice en faveur des Prêtres aux dépens des villageois de Kendoumayah.

« Le tribunal a rendu le jugement 97 du 15 juin 2021 qui reconnaît la Communauté des Frères de Saint Jean de l’Eglise Catholique propriétaire du domaine et a renvoyé l’Eglise dans la jouissance de son domaine. Tout en condamnant la population de Kendoumayah à nous payer la somme de 150 millions pour nous avoir imposé un procès injuste », a-t-il-indiqué.

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Selon Me Kamano, l’Archevêché de Conakry n’a aucune obligation de faire des infrastructures pour le village. Car cela relève du pouvoir de l’Etat. Mais les Prêtres le font pour aider la communauté.

Plus loin, l’avocat a rappelé quelques réalisations effectuées par l’Archevêché de Conakry qui a électrifié la mosquée de Kendoumayah et construit des écoles ainsi que d’autres infrastructures très utiles aux autochtones.

Il faut signaler que durant cette conférence de presse, les intervenants ont insisté sur la nécessité de vivre ensemble, dans la paix entre les communautés relevant des différentes religions qui cohabitent dans notre pays dit Laïc comme le stipule l’article 3 de la charte de la transition et de toutes les Constitutions connues depuis toujours au sein de notre Nation.

Le Père Cécé Apollinaire KOLIE a également profité de l’occasion pour attirer l’attention des nouvelles autorités pour que ce contentieux soit définitivement réglé entre les villageois et cette communauté des Frères Saint Jean de Kendoumayah.

Ibrahima Bah

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