Monsieur le ministre, les Guinéens dans leur large majorité, à quelques deux mois des examens nationaux, se posent des questions sur les conditions de travail du monde éducatif, le niveau actuel des élèves, l’engagement des enseignants et aussi la gestion du système par l’autorité.

Mais la question qui revient le plus souvent c’est : « à qui faut-il imputer la baisse du niveau des élèves” ?

Je voudrais vous dire, monsieur le ministre, que plusieurs facteurs ont concomitamment concouru à cette baisse vertigineuse du niveau de nos élèves. L’État est le premier coupable qui n’a pas un meilleur égard envers le système éducatif.

Ensuite les parents, acculés par les turpitudes des courses effrénées à la recherche de biens matériels, sont parfois prêts à mettre de l’argent dans l’éducation et jamais leur propre temps, qu’ils n’en ont pas.

Enfin les acteurs clés du système, ceux à qui la nation a confié ce qu’elle a de plus cher, pour lui assurer une relève de qualité. Ce sont les formateurs qui, en contrepartie de cette grande responsabilité, reçoivent des subsides même s’ils ne sont toujours pas à la hauteur des enjeux dépensiers du moment.

J’omets sciemment les élèves car ils sont la conjugaison des apports des acteurs précités. Car si un verbe est mal conjugué, il faut éviter de s’acharner sur le verbe, mais plutôt voir que l’on a mal maîtrisé, soit le mode, soit le temps, soit la personne de la conjugaison.

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Je voudrais m’attarder sur un facteur que je maîtrise mieux : les formateurs. Ils sont peut-être mal payés, mal équipés, mal logés et mal écoutés. Mais ils ne sont pas misérables, je vous l’affirme. Si nous comparons ceux du public et ceux du privé, il y a un fossé entre leurs traitements. En terme de qualité de formation, ce fossé est simplement abyssal. Mais paradoxalement, ils sont nombreux, les éducateurs du public à confier leurs mômes aux bons soins des établissements privés. Ils le font juste pour trois raisons essentielles : la rigueur au travail, la discipline imposée aux élèves et l’image de vie ordonnée, scintillante que ces établissements font sentir dans leur environnement. Les mots sont donc lâchés : rigueur, discipline, ordre ! Voilà monsieur le ministre, les trois mots clés que vous gagneriez à insérer dans l’enseignement public, au lieu de faire des dépenses inutiles en achetant des caméras de surveillance. Argent qui aurait pu servir à construire pour remplacer vos écoles sous paillotes à l’intérieur du pays…

Monsieur le ministre, nous allons nous accuser mutuellement, nous entre-déchirer à longueur de journée, épiloguer à longueur de colloques, symposiums et ateliers ; protester, rejeter, dénoncer, étouffer, sanctionner, ça sera toujours échec et mat !  Tant que nous resterons au stade des démonstrations idéalistes, idéologiques ; débats de haut niveau, théorisations cohérente et pertinente ; si nous ne parvenons pas à transformer toute cette débauche d’énergie en ACTION pour faire vivre en vrai les mots clés : RIGUEUR DISCIPLINE ORDRE, nous tournerons en rond et serons la risée des nations qui avancent !

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PS : Pour ma part, j’affirme sans sourciller que l’enseignant est la cause essentielle de la baisse de niveau des élèves. Car tous les pédagogues sérieux sont unanimes que la responsabilité de l’enseignant est engagée à 75 % dans la réussite ou l’échec d’un élève (enseignant bien formé et surtout qui aime les enfants. C’est l’amour qui éduque – Montessori).

Dans les 25 % autres, on peut déterminer la classe sociale à laquelle appartient l’apprenant (Pierre Bourdieu, Francis Imbert, Jean-Claude Passeron).

Illustrons ! Le cœur même de cette baisse réside dans le choix des items et de l’évaluation où les enseignants piétinent du noir. Tenez, il y a une année où l’on a demandé à l’examen du primaire de dessiner le cœur et de l’annoter. Et dans la même année, on a demandé au BEPC de seulement annoter un croquis du cœur. De votre point de vue, monsieur le ministre, lequel des items est plus difficile à traiter ?

L’espace de cette rubrique ne permettant pas de traiter des sujets liés au monde éducatif, je reviendrai vers vous pour évoquer d’autres cas dont ceux des contractuels et des écoles sous paillottes ne seront pas des moindres.

Passez un bon Conseil des ministres, monsieur le… ministre.

Jeanne Laforsestière

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