Aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années ! Âgée d’une trentaine d’années, Aissatou Sacko est l’une des têtes pensantes des cours et tribunaux guinéens. Mieux, elle est l’une des rares femmes membres de la Cour de Répression des Infractions Financières et Economiques (CRIEF). Nommée par décret présidentiel, Aïssatou Sacko est juge d’instruction de l’institution qui interpelle les cadres « indociles » et « véreux » de la république. Un poste stratégique !
Avant d’arriver à ce niveau de responsabilité important et stratégique, Aissatou Sacko a gravi tous les échelons du droit guinéen. Ce qui lui a valu tant d’expériences et d’abnégation. Aïssatou Sacko est un pur produit de l’école guinéenne. Elle est diplômée de Maîtrise en Droit Privé à l’Université général Lansana Conté de Sonfonia en 2008. Par la suite, elle effectue plusieurs stages en Guinée et à l’étranger. Elle passe de la société navale guinéenne (SNG) à l’Ecobank. Ivre du Droit, Aissatou Sacko quitte la sphère bancaire pour répondre à un appel à candidature du ministère de la Justice et garde des sceaux. Elle est retenue à l’issue de ce concours comme auditrice de justice. Une nouvelle aventure commence pour elle. Du coup, elle fait son stage dans les juridictions du pays notamment au Tribunal de première instance de Dixinn.
Toujours dans sa volonté de renforcer ses capacités, Aissatou Sacko suit une formation au centre de formation de documentation judiciaire à la cour d’appel de Conakry. En 2014, elle fait partie des 4 femmes sur 50 à décrocher un brevet de magistrat. Quel exploit !
En 2015, Me Aissatou Sacko bénéficie son premier décret sous le régime Alpha Condé. Elle est nommée juge d’instruction au Tribunal de première instance de Dixinn. Après avoir été longtemps confirmée à ce poste, Me Sacko sera finalement investie juge d’instruction au Tribunal pour enfants. Elle y reste pendant deux ans avant d’intégrer la CRIEF. Il faut retenir que pendant sa carrière express, Aissatou Sacko a géré plusieurs dossiers importants. Malgré qu’elle soit méconnue du grand public, c’est cette jeune dame dynamique qui a géré le dossier El hadj Doura. Vous vous souvenez ? Cette affaire avait fait les choux gras de la presse guinéenne. Il s’agissait d’un opérateur économique qui a été kidnappé et assassiné par ses ravisseurs.
Un autre dossier sensible qu’elle a conduit de main de maître, c’est bien celui de Chérif Diallo, le jeune JRI (journaliste reporter d’images) au groupe Hadafo Média. Pas que, Me Aïssatou Sacko a prouvé son savoir-faire dans les dossiers impliquant des gros bonnets de l’administration publique guinéenne.
Vu son parcours à l’allure atypique et hybride, Aissatou Sacko est un modèle de réussite. C’est un exemple à suivre ! Elle s’appuie uniquement sur deux mots pour définir le secret de toute réussite : le travail et la passion.
« A toutes ces jeunes filles qui souhaitent réussir leur vie professionnelle. Je leur demanderai d’y mettre du cœur. C’est la base… Quand vous aimez une chose, il faut mettre du sérieux, mettre du cœur, vous donner à fond. Tombez une fois, tombez deux fois, tombez trois fois, mais relevez-vous toujours pour continuer à faire ce que vous aimé », a-t-elle conseillé.
En tant que maman, Dame Sacko est très soucieuse de l’avenir des enfants qui vivent dans la délinquance ou qui sont en conflit avec la loi. « Mon passage au tribunal pour enfant m’a édifié sur beaucoup de choses. Il m’a permis de voir une autre facette de la justice…. Je vais faire un plaidoyer pour que l’État s’investisse vraiment pour ce qui est de la justice juvénile. Il faudrait que toutes les entités s’y mettent. Parce que les enfants, c’est l’avenir d’un pays… » dit-elle.
Grâce à l’implication personnelle de Me Sacko qu’une ONG de la place a pu récupérer un centre d’accueil pour enfant à Sofonia en haute banlieue de Conakry.
Partagée entre sa vie de famille et celle professionnelle, Aïssatou Sacko sait trouver l’équilibre. Son arrivée à la CRIEF est la suite logique de ses d’une prouesse avérée. Eh bien ! Elle ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Elle brûle d’ambition de valoriser le Droit guinéen. Par sa compétence et sa dextérité, Aïssatou Sacko a été récemment élue par ses pairs, Secrétaire générale chargée des relations extérieures de l’association des magistrats de Guinée.
Ibrahima Bah