DECLARATION No 37 DU BLOC LIBERAL- C’est avec indignation et consternation que le Bloc Libéral a appris la mort, en détention provisoire, de Monsieur Mamadou Saidou BAH. Le Bloc Libéral condamne cet assassinat déguisé et impute entièrement la responsabilité aux autorités exécutives et judiciaires du pays. Le parti exige qu’une autopsie soit faite sur le corps du défunt pour déterminer les causes de la mort.
Le Bloc Libéral présente ses condoléances les plus attristées à la famille biologique et à l’Union des forces démocratiques de Guinée (UFDG). Il joint ses prières à celles déjà formulées par les uns et les autres pour le repos de l’âme de Monsieur Mamadou Saidou BAH.
Pour rappel, le défunt fait partie de 20 agents de sécurité de l’UFDG, qui sont maintenus en prison en marge des prescriptions légales en la matière. En effet, ils ont été arrêtés depuis l’incident du 05 février 2015, qui a couté la vie au journaliste Mohamed Koula DIALLO. Comme on peut le deviner, leur condition de détention est inhumaine : ils sont presque privés de nourritures et ils végètent dans une insalubrité abjecte.
Le parti est d’autant plus indigné que leurs avocats aient vainement plaidé, sur la base de conditions sanitaires précaires, qu’ils soient mis en liberté provisoire. Ce que les avocats ont donc craint est donc fatalement arrivé. Aussi, l’opinion est témoin de la marche illégalement empêchée des femmes de l’opposition républicaine, qui réclamaient la libération de tous les prisonniers politiques, y compris les 20 agents de sécurité de l’UFDG.
L’on se rappelle que depuis le 17 juin de l’année 2014, l’actuel Ministre de la Justice avait mis en place une commission dite « pénitentiaire » ; le rapport de cette commission a révélé que sur les 3.110 détenus qui se trouvaient dans les prisons de Guinée au moment de l’enquête, 1837 (soit 59%) l’étaient provisoirement. La simple détention provisoire est devenue ainsi l’équivalent de la condamnation à mort en Guinée, alors qu’au regard de la loi, tout prévenu est présumé innocent jusqu’à la décision contraire du juge.
Le même rapport a indiqué aussi que la majorité des décès dans les prisons guinéennes sont causés par le manque de soins adéquats et les difficultés d’accès aux centres hospitaliers. Le ratio, toujours selon le rapport, est de un agent de santé pour 250 détenus. Ceci permet de comprendre aisément le fait que le manquement dans la prise en charge médicale constitue la cause principale de décès dans les prisons. Selon Amnesty International, c’est dans les prisons de Guinée que les temps de détention provisoire peut aller jusqu’à dix ans ; ce qui est une violation flagrante des droits de l’homme.
Le Bloc Libéral saisit cette occasion pour dénoncer, encore une fois, certaines tares du système judiciaire de notre pays. En effet, parmi les défaillances du système judiciaire guinéen, la détention provisoire abusive, parfois illégale, est devenue une préoccupation permanente.
Etant donné que le Ministre actuel de la justice a pris connaissance de toute cette situation depuis deux ans et n’a pris aucune mesure pour la changer, et considérant son activisme militant qui contredit les normes requises pour le comportement d’un Ministre de la justice le Bloc Libéral exige sa démission immédiate.
Il convient aussi de rappeler que, depuis 2010 il y a une fréquence anormalement élevée et inquiétante de mort des personnes en détention provisoire. On citerait, entre autres, le lynchage de quatre personnes en détention provisoire à Kouroussa, le 29 novembre, 2015 ; la mort le 12 septembre, 2012, du Colonel Issiaga Camara, arrêté à la suite de l’attentat du 19 Juillet 2011 ; la mort le 4 novembre, 2012, du colonel Abdoulaye Aïdor Bah, aussi arrêté à la suite de l’attentat du 19 Juillet 2011 ; la mort de Thierno Sofiane Diallo, arrêté le 29 Août 2011 ; et la mort d’un lycéen, Moussa Deen Diaré, à Kindia, dans des conditions jugées floues, etc.
Le Bloc Libéral condamne ces crimes et assassinats politiques déguisés et rend entièrement responsables les autorités exécutives et judiciaires du pays. Si de mesures correctives ne sont pas prises et immédiatement, le pays pourrait connaitre une détérioration encore plus grave du tissu social du pays.
Le Bloc Libéral prend l’opinion nationale et internationale à témoin quant à la dérive autoritaire qui est en cours en République de Guinée. Le parti lance un appel à tous les Guinéens épris de stabilité politique, de paix et de justice de se joindre à lui pour mettre un terme à la montée de crimes politiques dans notre pays.
Fait à Conakry, le 12 Mai, 2016