Nous avons appris avec une profonde consternation l’arrestation de 13 journalistes, parmi lesquels quatre femmes (dont deux victimes de violences physiques), le lundi 16 septembre 2023, à Kaloum, lors de la marche pacifique organisée par le Syndicat des Professionnels de la Presse Guinéenne (SPPG). Lors de leur interpellation, ces journalistes, selon leurs témoignages, ont été soumis à des actes de violences, et leurs outils de travail ont été endommagés.
Ces actions vont à l’encontre des principes fondamentaux de la liberté de la presse et de la liberté d’expression en République de Guinée.
Après une journée de détention, les journalistes ont été placés sous contrôle judiciaire et une procédure judiciaire a été engagée contre eux.
Nous exhortons les autorités à abandonner cette procédure à l’encontre de ces journalistes, qui n’ont fait que dénoncer les entraves à la liberté de la presse, acquise après de longues luttes. Cet acquis doit être préservé.
Par ailleurs, le blocage de l’accès au site web www.guineematin.com constitue pour nous une tentative de musèlement de la presse.
C’est pourquoi, nous rappelons impérativement aux autorités de la transition l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’Homme, qui stipule que « tout individu a le droit à la liberté d’opinion et d’expression, impliquant le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions, et le droit de chercher, de recevoir et de répandre, sans considération de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’expression que ce soit. »
Nous soulignons également les dispositions de la loi N° 91-05 du 23 décembre 1991 relative à la liberté de la presse, de la radio, de la télévision, et de la communication en général en République de Guinée, la loi organique L/2010/02/CNT DU 22 JUIN 2010 relative à la liberté de la presse, ainsi que l’article 8 de la Charte de la transition qui précise que « les libertés et droits fondamentaux sont reconnus, et leur exercice est garanti aux citoyens dans les conditions et les formes prévues par la loi. Aucune situation d’exception ou d’urgence ne doit justifier les violations des droits humains. »
Rien ne peut justifier alors l’arrestation de ces professionnels des médias, qui en outre ne représentaient aucune menace. Nous condamnons avec fermeté ces arrestations et insistons sur l’abandon de toutes les poursuites judiciaires à leur encontre.
Signataires :
- Association des Professionnelles Africaines de la Communication (APAC), Diaraye Diallo
- Alliance Femme et Média (Afem), Nantenin Traoré
- Association des Femmes journalistes de Guinée (AFJ-Guinée), Kadiatou Touré