Ces derniers temps, l’insécurité est devenue une préoccupation majeure en République de Guinée. Plusieurs formes d’insécurité ont été signalées notamment des arrestations de bandits, des kidnappings et une recrudescence des crimes passionnels. En seulement deux mois, plus d’une centaine de bandits ont été arrêtés. Quatre crimes passionnels ont été enregistrés dont le cas d’Adama Konaté. Une femme qui a été tuée en pleine journée par son amant à Kankan. Un autre jeune a été également tué par sa copine à la Belle Vue, comme pour illustrer cette triste réalité. D’autres formes d’insécurité font également lésion comme des cas de kidnapping rapportés sur les réseaux sociaux. Face à cette situation alarmante, une question s’impose. Quelles sont les causes profondes de cette insécurité et quelles solutions peuvent être envisagées pour y remédier ?

Tout d’abord, il est essentiel d’identifier les causes principales de ce phénomène. En ce qui concerne le banditisme et les kidnappings plusieurs facteurs sociaux peuvent être en jeu. Le chômage endémique combiné à une délinquance juvénile croissante pousse de nombreux jeunes à se lancer dans la criminalité. Cela conduit à des braquages, des vols à main armée et même à la formation des clans comme le cas des adolescents récemment arrêtés à Koloma qui se nommaient „“Prêt pour la mort. “ Un nom qui reflète un profond désespoir et un rejet des normes sociales.

Les crimes passionnels quant à eux sont souvent le résultat des problèmes relationnels. Un manque de communication entre partenaires, une jalousie excessive ou des relations toxiques qui dégénèrent tragiquement sont des facteurs fréquents. Dans de nombreux cas, les signes avant-coureurs sont ignorés et les tensions refoulées explosent en violence.
En parallèle, les kidnappings inquiétants semblent également liés à d’autres facteurs. Certains pourraient être attribués à des réseaux de trafic humain. Une réalité encore souvent ignorée mais bien présente dans certains pays. D’autres kidnappings plus mystérieux sont liés à des croyances mystiques et occultes. Car certains individus obsédés par l’enrichissement rapide n’hésiteraient pas à sacrifier leurs semblables au nom de la richesse. Cette hypothèse, bien que difficile à prouver, alimente les peurs au sein de la population.

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Cependant, il serait réducteur de blâmer uniquement les auteurs directs de ces actes. Car, la responsabilité des autorités publiques doit être engagée. En effet, dans un État de droit, la sécurité des citoyens incombe avant tout aux pouvoirs publics comme le stipule l’article 2 du chapitre de la Charte de la transition qui dispose que la sauvegarde de l’intégrité du territoire national et la sécurité des personnes et de leurs biens relèvent de la mission des autorités. Malheureusement face à l’insécurité grandissante, la population se sent de plus en plus abandonnée et désemparée. Elle attend des réponses concrètes et une présence rassurante de l’État pour rétablir la confiance.

Afin d’endiguer cette situation plusieurs mesures urgentes doivent être prises. Tout d’abord, il est primordial de renforcer les dispositifs de sécurité notamment dans les zones sensibles de la capitale. Une présence policière et militaire visible pourrait à elle seule dissuader les actes criminels en réduisant le sentiment d’impunité mais cette présence devrait être légale et respecter le droit à la circulation des citoyens. Par ailleurs, les frontières du pays doivent être mieux sécurisées. Un contrôle renforcé permettrait de détecter plus facilement et de clarifier si certains kidnappings sont liés à des réseaux transnationaux de trafic humain. En améliorant la sécurité des frontières, il serait possible de limiter ces pratiques illégales.

Ensuite, il est important d’agir sur le terrain de la prévention. La création d’ opportunités d’emploi pour les jeunes, la mise en place de campagne de sensibilisation sur les dangers du banditisme et l’éducation à la gestion des conflits dans les couples sont des actions qui aideront à lutter contre les causes profondes de l’insécurité sous toutes ses formes. De plus, des structures d’écoute et d’accompagnement psychologique doivent être mises en place pour soutenir les jeunes en détresse émotionnelle et sociale.
En parallèle, la répression doit être renforcée avec l’implication des autorités judiciaires accompagnée de sanctions exemplaires. Les bandits arrêtés doivent être jugés publiquement et sévèrement. À l’image du procès médiatisé des gangs dans les années 90. Même si les crimes commis aujourd’hui ne sont pas de la même ampleur qu’à l’époque mais un procès médiatique aurait un impact dissuasif. Cela enverrait un message fort à ceux qui envisageraient de se lancer dans des activités criminelles en leur signifiant qu’aucune impunité ne sera accordée. Les sanctions seront fermes et appliquées de manière proportionnelle à la gravité des actes commis.

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En outre pour rétablir la sécurité et la stabilité en Guinée, il ne suffit pas seulement de multiplier les mesures de répression. Une approche globale et inclusive est nécessaire alliant sécurité renforcée prévention sociale et accompagnement psychologique. L’État doit reprendre son rôle régalien en tant que garant de la sécurité publique afin de restaurer la confiance et la sérénité au sein de la population. Il relève également du ressort des conseillers nationaux de la transition de faire des propositions allant dans le sens du renforcement du dispositif législatif en cette période de transition. Car, c’est par un engagement fort et une action cohérente que l’insécurité pourra enfin être maîtrisée et la Guinée retrouvera ainsi la stabilité qu’elle mérite.

Laouratou Diallo

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