Le dimanche 3 décembre dernier a marqué la Journée internationale des personnes handicapées. En Guinée cette 25ème édition de la journée mondiale des personnes handicapées s’est tenue sous le thème Chacun peut basculer dans le handicap de façon inattendue… ».

«Nos compatriotes porteurs de handicap font face à des défis qu’elles ne sont pas à même de surmonter sans l’effort conjugué de tous. Leur statut physique influe négativement sur leurs conditions d’ascension sociale», a souligné Mme Mariama Sylla, la ministre de l’Action Sociale, de la promotion féminine et de l’enfance, à l’occasion de cette célébration.

Les personnes handicapées sont confrontées à d’énormes  difficultés qui freinent leur épanouissement. En milieu scolaire, il n’existe pas de dispositif spécifique pour encourager le maintien scolaire des élèves en situation de handicap.

Parfois, à cause de leur handicap physique certains élèves renoncent à aller à l’école. Ils ont souvent peur des moqueries infligés par leur camarade de classe. Selon plusieurs témoignages, une fois en classe, ces derniers ont du mal à suivre normalement les cours face à la raillerie des autres élèves.

«Je n’aime pas venir à l’école tous les jours. Car mes amis se moquent de moi, parce que je n’ai qu’un seul pied. En cas de petites querelles  entre mes camarades de classes et moi,  ils m’attendent au carrefour pour me retirer mes béquilles. Après quoi, je ne peux pas me déplacer», témoigne  Thierno Amadou Sow, qui tient debout grâce à ses deux béquilles.

Ce n’est pas tout. La pléthore  de l’effectif est un autre facteur qui n’arrange pas la situation des personnes handicapées.  Lorsqu’ils accusent quelques minutes de retard, ils ne trouvent pas de place assises.

«Je viens dès fois en retard en classe. Dans les salles, il y a beaucoup de monde. Ce qui fait que je ne trouve pas de place. Surtout quand je viens en retard.  Je loge loin de l’école ! Les taxis pour la plupart des cas, refusent de me prendre avec mon fauteuil roulant», se plaint Ibrahima Kalil Dabo, élève en 10ème année  au  collège de Soloprimo à Koloma.

Djénabou Bah est  malvoyante.  Elle  est un peu privilégiée dans son école. Mais là aussi il y a un problème : «Dans mon école, on m’accorde la place de devant. Parce que je suis malvoyant. Mais, malgré tout, mes amis se moquent de moi. La semaine passée, un de mes camarades de classe est allé dire à maman que le maître lui a dit que je vais redoubler la classe. Parce que, selon lui, je ne travaille pas assez en classe », témoigne Djénabou, larmoyante.

Une situation qui désespère Djenabou : « J’ai peur, parce que si je ne passe pas en classe supérieure, ma maman menace de m’envoyer dans une école publique dénommée Konimodou. C’est ça mon inquiétude. Puisque là-bas, l’effectif est pléthorique. Je n’aurai pas le privilège de m’assoir devant pour suivre les cours normalement », se lamente la jeune écolière résident à Hamdallaye, commune de Ratoma.

Il n’y a pas d’effort pour la prise en charge de ces élèves. Les professeurs ne sont pas formés pour cela. Les établissements sont dépourvus de personnes répondant à un besoin spécifique.

Malgré tout, certains enseignants restent  sensibles à la situation des élèves à mobilité réduite.  Mme Hawa Kéïta est enseignante à Dabompa. Elle a un regard particulier sur les élèves qui présentent un handicap.  «J’ai pitié des personnes handicapées. Donc, mes élèves qui se retrouvent dans cette situation, je leur accorde une faveur. Par exemple, ceux qui bégaient,   je leur donne une note forfaitaire à l’interrogation orale. Pour ne pas que leurs amis se moquent d’eux, à cause de leur difficulté d’expression », explique-t-elle.

Le chemin de l’école est une aventure difficile pour les personnes handicapées en Guinée. Une situation problématique  toujours en attente d’un cadre juridique pour plus de protection.

La loi qui porte sur la protection des personnes handicapées  attend sa révion depuis bientôt neuf ans. Selon le président le président de la fédération guinéenne des personnes handicapées (FEGUIPHA), cette loi qui date de 2008 présente beaucoup d’insuffisance. Pour lui, c’est au gouvernement de mettre les moyens pour le faire.

Nantènin Traoré