On savait tous, tel un automate, que le procureur spécial près la CRIEF allait faire appel contre l’ordonnance de non-lieu prise par les juges d’instruction de cette juridiction, dans le dossier impliquant le patron du groupe Djoma.

En revanche, personne ne pouvait imaginer que le non-lieu ne garantit pas la liberté. Sous nos cieux où il est reproché à la justice, depuis des lustres, d’être au service des forts pour écraser les faibles, on vient de l’apprendre à nos dépends, pour ceux qui ont cru au changement annoncé. C’est une décision qui fera forcément date.

Elle pourrait tuer en bien des Guinéens, l’espoir suscité après la décision courageuse prise par les juges d’instruction dans un dossier qui concentrerait autant d’attention. Difficile d’espérer que les magistrats de notre pays, peuvent s’affranchir des ‘’pressions’’ diverses caractéristiques d’une justice trop politique qui a toujours existé.

L’appel et le pourvoi qui sont des rhétoriques usitées, au-delà de leur cadre légitime d’expression, oscillent entre le ridicule et l’odieux de la satisfaction devant le malheur annoncé et réalisé.

Pour rappel, la semaine dernière, en conclusion de l’instruction du dossier de Kabinet Sylla « Bill Gates », la CRIEF a fait savoir qu’elle ne dispose d’aucun élément devant l’amener à renvoyer ledit dossier en jugement.

En d’autres termes, les juges d’instruction laissent entendre que le dossier est vide. C’est d’ailleurs la conclusion à laquelle on est parvenu à tous les niveaux de l’instruction du dossier, à commencer par l’enquête préliminaire.

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Mais le Procureur très spécial Aly Touré, qui n’a pas été capable, de l’avis de tous, de fournir jusqu’ici, près de dix mois durant, des éléments pour renforcer son accusation et ainsi asseoir la conviction des juges, promet d’en trouver. Peut-être possible. Mais en attendant, l’accusé doit être libre.

«On n’a pas besoin d’un professionnel du droit pour le savoir», s’est moqué un spécialiste droit.

«Si le monsieur passe un jour de plus, il est détenu illégalement» a ajouté mon interlocuteur, l’air pantois de savoir qu’en Guinée, cela ne soit pas connu par les pratiquants du droit.

A la lecture de l’article 284 qui dit en substance, qu’en cas de non-lieu, l’accusé provisoirement détenu est mis en liberté, et voir le contraire se produire, on est partagé entre deux conclusions, somme toutes, tristes pour le pays. Soit de la haut, au niveau des régulateurs, on ne sait pas. A cet effet un recadrage s’impose. Ou soit on laisse faire parce que ça conforte des positions. Il faudra alors s’en accommoder.

Mognouma

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