Dans une récente interview accordée à un reporter du Courrier de Conakry, le Directeur général de la maison des jeunes de Kaloum, Henry Emmanuel Wright, a livré ses vérités sur le fonctionnement de cette entité qu’il gère depuis plus d’une décennie sans la subvention de l’État. Il nous explique comment lui et son équipe font pour faire fonctionner cette maison qui a été rénovée et équipée par l’ambassade du Japon en 2005. Lisez !

Comment vous êtes arrivé à la tête de cette maison et dites-nous qui nomme le directeur général de la maison des jeunes ?

Le directeur est nommé soit par le ministre de la Jeunesse ou par la directrice régionale. Je suis arrivé à la tête de cette maison en 2011. A l’époque, les membres du comité d’animation étaient en conflit avec le directeur. Il a fallu attendre quelques années. Parce que la nomination du comité directeur est de trois ans renouvelable. Donc, on a attendu que les membres terminent ce mandat. En collaboration avec le directeur communal de la jeunesse, on a pu faire une élection pour un nouveau comité directeur qui va gérer la maison.

Parlez-nous de l’organigramme de cette maison ?

La maison est bien structurée, le comité directeur de la maison est l’organe mère qui gère. Ce comité directeur est composé de 7 membres. Il y a le comité d’animation dont le directeur est le président. Je travaille directement avec le chargé de l’organisation et de la programmation du comité d’animation. Au sein de cette maison, au-delà du bureau du directeur général, il y a une bibliothèque, une salle de réunion et plusieurs autres bureaux occupés par les ONG et associations affiliées à la maison des jeunes.

Quelles sont les structures qui y sont logées ?

On a le bureau de la Croix rouge communale. Il est également créé au sein de la maison des jeunes, un centre d’écoute et d’orientation des jeunes (CECOJ) qui vise à promouvoir la santé sexuelle et reproductive des jeunes permettant d’assurer la prévention du VIH/Sida et autres maladies. On fait également la promotion du genre à travers des activités d’informations d’éducation et de communication. Le CECOJ est dirigé par un chef bénévole nommé par le directeur préfectoral communal de la jeunesse des sports et de la culture sur proposition du directeur de la maison des jeunes. Il est doté d’équipement immobilier, d’un personnel lui permettant d’accomplir de façon autonome. Sa mission sous l’autorité du directeur de la maison des jeunes ou du foyer des jeunes qui a la responsabilité de veiller à son fonctionnement.

Depuis que vous êtes là, quel est votre bilan ?

Au moment où je venais, il n’y avait aucune structure. Je n’ai reçu aucun document administratif pour la gestion de la maison. Il a fallu des formations pour pouvoir mieux gérer la maison. Malgré tout, on a réalisé plusieurs projets. Par exemple : on a fait de la sensibilisation contre la maladie Ebola. On a aussi construit un centre de couture dans lequel chaque année on recrute 5 filles pour les former. Il y a la croix rouge communale, où on a envoyé des jeunes pour apprendre le métier.

Nous avons organisé plusieurs sensibilisations dans les quartiers et même dans l’enceinte de la maison. Mais ce n’est pas du tout facile avec les jeunes de Kaloum qui préfèrent jouer au football que de venir apprendre.

Au-delà des sensibilisations, quelles sont les activités réalisées au sein de la maison des jeunes ?

Souvent, ce sont des activités culturelles et artistiques. On a deux groupes artistiques qui répètent chaque soir ici : le Gbassikolo et Lanyi de Guinée. On organise aussi des soirées nocturnes pour les enfants. Il y a ceux qui viennent fêter leur anniversaire avec des frais dérisoires pour ne pas que la maison reste comme ça. Il y a également les associations de jeunes qui organisent des évènements. Au niveau de la bibliothèque, on organise des concours de lecture entre les différents établissements scolaires de la commune, notamment pour les enfants de l’école primaire.

Quelles sont les sources de revenus de la Maison des jeunes de Kaloum ?

La maison des jeunes n’est pas subventionnée par l’État. C’est grâce à ces petits bureaux annexés à l’intérieur de la maison qu’on génère un peu de fonds. Des bureaux que se servent des associations et des ONG affiliées à la maison des jeunes. Ces bureaux sont loués à un prix dérisoire. Par exemple, les ONG qui les occupent, évoluent avec la maison des jeunes. Donc, on ne peut pas les taxer comme il faut. C’est grâce à ces petits revenus qu’on fait face à la rénovation dudit lieu et autres dépenses.

Peut-on connaître le budget de cette maison ?

Au maximum ça ne dépasse pas les 5 millions avec les revenus de tous les bureaux annexes. L’Etat ne nous aide pas. Pourtant, on a besoin de son appui. Puisque c’est là où les jeunes évoluent pour avoir leur avenir. Mais si l’État laisse les jeunes comme ça, ce n’est pas bon. La maison des jeunes, c’est la porte d’entrée à la fonction publique ou au milieu administratif.

Quelles sont les difficultés que vous êtes confrontées et quelles sont vos perspectives ?

La pandémie covid-19, nous a impactées et bloquées dans la réalisation de certains projets.  On a rencontré des difficultés par rapport à cette période. Parce qu’il y avait quelque moment. Rien ne fonctionnait à la maison des jeunes. C’est récemment que ça a commencé à fonctionner. Si ça ne fonctionne pas, les locataires ne payent pas les bureaux. En dépit de ça, nous voulons organiser des séances de formations en informatique pour les jeunes. On a une salle mais, on n’a pas les moyens pour y faire face. On manque d’équipement pour l’animation de la maison. Je profite de votre micro pour solliciter l’aide des nouvelles autorités du pays et des partenaires pour aider les jeunes de Kaloum et autres qui sont l’avenir de ce pays.

Je vous remercie

C’est à moi de vous remercier !

Propos recueillis par Ibrahima Bah