La Haute Autorité de la Communication (HAC) a annoncé, ce mercredi 11 juin 2025, l’interdiction pour le journaliste Lamine Guirassy, PDG du Groupe Hadafo Médias, d’exercer son métier en République de Guinée « jusqu’à nouvel ordre ». Cette décision, formalisée par la décision N°006/HAC/P/25, fait suite à une publication de M. Guirassy sur le réseau social X (anciennement Twitter) alertant d’un prétendu séisme d’une magnitude de 7 dans le quartier Petit Symbaya, à Conakry, une information aussitôt démentie par les autorités compétentes.

Dans sa décision officielle, la HAC évoque une « faute professionnelle grave » pour « diffusion de fausses nouvelles » ayant provoqué une « psychose inutile » au sein de la population. L’autorité de régulation s’est autosaisie de l’affaire et a décidé d’écarter M. Guirassy de toute activité journalistique, en se fondant sur les articles 98 et 106 de la Loi L/2010/02/CNT sur la liberté de la presse, et l’article 52 de la loi L/2020/0010/AN sur le fonctionnement de la HAC.

Cette sanction, lourde et sans précédent, suscite encore une fois, des interrogations dans les milieux de la presse et des droits humains, tant en Guinée qu’à l’international. Des défenseurs de la liberté d’expression que notre rédaction a pu échanger sur cette décision, rappellent que si le droit à l’information impose rigueur et responsabilité, il ne saurait justifier des restrictions disproportionnées au libre exercice du journalisme, principe fondamental dans toute société démocratique.

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Certains observateurs ont aussi réagi à cette décision qui selon eux, pourrait ouvrir la voie à un climat de crainte au sein des rédactions et chez les journalistes indépendants, surtout dans un contexte où les réseaux sociaux jouent un rôle central dans le traitement et la diffusion de l’information. Ils appellent à une application mesurée des lois encadrant le secteur, respectueuse des principes du pluralisme, du contradictoire et de la liberté de presse.

Jusqu’ici, ni M. Lamine Guirassy ni la direction du Groupe Hadafo Médias n’ont officiellement réagi à la mesure. En attendant, le débat reste ouvert entre nécessité de régulation des contenus diffusés, notamment sur les réseaux sociaux, et préservation des droits fondamentaux des journalistes, en particulier dans une période sensible marquée par une transition politique.

Ce nouvel épisode relance donc, une fois de plus, la question de l’équilibre entre régulation des médias et garanties constitutionnelles de la liberté d’informer et d’être informé.

 Ibrahima Foulamory Bah

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