Le Bureau des droits de l’homme des Nations Unies a exigé, lundi, des autorités de la transition en Guinée, la levée de l’interdiction des manifestations publiques.

Selon le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, ces mesures violent les normes et standards internationaux en matière de droits de l’homme et constituent un recul sur la voie du renforcement de la démocratie et de l’État de droit.

« Les mesures annoncées pour restreindre les rassemblements publics et les manifestations ne sont pas conformes aux principes de nécessité et de proportionnalité », a déclaré dans un communiqué, Seif Magango, porte-parole du Bureau Afrique du HCDH.

Le Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD) a annoncé le vendredi 13 mai dernier l’interdiction de « toutes manifestations sur la voie publique, de nature à compromettre la quiétude sociale et l’exécution correcte des activités contenues dans le chronogramme jusqu’aux périodes de campagne électorale ».

Conakry a ainsi ordonné « aux partis politiques et aux acteurs sociaux d’organiser toutes formes de manifestations politiques uniquement au sein de leurs sièges ». La décision a été prise deux jours après la fixation d’une durée de 36 mois pour la transition.

Le rôle de la justice dans les opérations de récupération des biens de l’Etat

Pour les services de la Haute-Commissaire Michelle Bachelet, les autorités guinéennes doivent rétablir sans délai le droit à la liberté de réunion pacifique.

Cette sortie du HCDH intervient alors que plusieurs coalitions politiques et acteurs de la société civile du pays ont déjà exprimé leur inquiétude face à ces « mesures restrictives ».

« Nous notons que cette décision intervient à un moment où les acteurs politiques et la société civile du pays ont exprimé leur mécontentement après l’annonce des autorités militaires sur  la période de transition en cours, qui durerait 36 mois », a ajouté le porte-parole du Haut-Commissariat.

Le HCDH encourage les autorités de transition à assurer une protection réelle et significative de l’espace démocratique. Il s’agit notamment de faire « respecter les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique ». Pour l’ONU, ces droits sont essentiels au « maintien d’une société inclusive, pacifique et résiliente ».

Par ailleurs, les services de la Haute-Commissaire Bachelet se sont inquiétés de l’autre mesure prise récemment par les autorités de la transition, notamment relative à la récupération des biens immobiliers de l’Etat. Pour l’ONU, cette démolition de propriétés privées à Conakry, Siguiri et Nzérékoré est menée alors que « des recours étaient encore en instance devant les tribunaux ».

Plus largement, l’ONU entend continuer à soutenir les autorités guinéennes dans leurs efforts pour assurer « une transition réussie et respectueuse des droits de l’homme et pour progresser vers le retour à l’ordre constitutionnel ».

Avec ONU Info