@IWMF Animateur de radio, il est un homme au moment de sa contamination. Soum, comme l’appelle affectueusement ses amis, s’est confié à IWMF  lors d’un entretien au siège de la radio Zaly FM de n’zérékoré. L’expérience d’un homme de media engagé qui utilise l’information pour sauver sa vie.

 Comment as-tu été contaminé ? Explique-moi un peu les débuts de ce parcours de combattant…

Mon papa a reçu un de ses jeunes  frères qui est venu de Conakry. Ce dernier est tombé malade. C’était un chauffeur de camion. Et mon père était à son chevet jusqu’ce qu’il rende l’âme.  Mon père avait aussi lavé son corps.  Nous n’habitions pas ensemble mais j’allais dans la maison familiale le weekend. Lorsque mon père est tombé malade, j’étais à ses côtés. Je l’accompagnais à l’hôpital et je faisais toutes les courses. Je suis donc resté une semaine avec lui. C’est dans la deuxième semaine que mon père est décédé. Et j’ai commencé à me poser des questions. Mon oncle, mon père et un autre frère et un autre qui gardait mon oncle malade. Quatre personnes. Est-ce que c’est une maladie simple ?

Première démarche, je suis allé voir les médecins qui ont fait le prélèvement le mon père. Et après examen à Gueckedou le test s’est révélé positif. Donc c’était le virus Ebola. Quand on me l’a dit je ne me suis pas senti abattu. J’étais psychologiquement préparé. J’ai fait une semaine sous surveillance.  C’est dans la deuxième semaine que j’ai eu les maux de tête. Je n’ai pas attendu d’autres signes. J’ai pris des médicaments mais cela ne m’a soulagé. Le lendemain, je suis allé à pied à l’hôpital. J’ai appelé le directeur général de l’hôpital qui m’a fait déposer par l’ambulance à Gueckedou. Arrivé sur place, j’ai trouvé des gens que je connaissais. Des amis médecins. On m’a reconnus tout de suite.

Ils m’ont demandé de rester calme. Ils sont allés faire le test. Et sont venus quelques temps après m’annoncer que le résultat était positif. Ils m’ont demandé ce qu’il fallait faire.

J’ai demandé est ce que vous pouvez me traiter ? Ils ont dit si tu veux on peut. Entre amis, si tu veux on est peut. J’étais avec des amis du centre de traitement. Ils m’ont expliqué les règles de fonctionnement du centre de traitement. Et j’ai répondu que j’étais prêt à rester même pour un an pour retrouver ma santé. Heureusement que je suis allé tôt. C’était une chance. Et en deuxième lieu, j’ai accepté de prendre les médicaments.

Je n’ai fait que Dix jours. Au bout de 8 jours mon test était négatif. Ils ont fait trois tests qui se sont tous révélé négatif. On m’a dit que je pouvais rentrer.  J’ai beaucoup insisté sur la reprise de mes tests.

Qu’est ce qui t’a aidé à te relever ?

Il faut aller à temps c’est-à-dire dès les premiers signes. Il faut accepter les consignes des medecins dans les centres de traitement. Et moralement, il est faut être fort.

A cause du métier que j’exerce, je n’ai pas été confronté au problème moral par rapport à d’autres sorti guéris.

A tu été stigmatisé ? Comment ton retour s’est passé dans la cité de zaly ?

Personnellement je n’ai pas eu beaucoup de soucis. Mes amis ont été stigmatisé par les membres de leur famille et  ami je le confirme s. Moi j’ai été accueilli comme un héros.  Quand on a annoncé mon retour, des gens sont allé m’accueillir à la rentré de n’zérékoré. J’ai eu droit à des accolades, des applaudissements, des sourires et tout ce qu’il fallait pour réconforter une personne. J’étais fier car mes amis n’ont pas eu droit à cela. Ils ont été rejetés par les siens. Moi, mes amis sont venus me chercher, donc j’étais heureux et je pensais également à la peine de mes amis qui n’ont pas eu droit à cela.

Tu es désormais engagé dans la lutte contre Ebola. Comment se passe la vie d’activiste ?

Beaucoup d’ONG m’ont sollicité mais j’ai préféré ALIMA. Cette ONG est engagée dans la prise en charge des personnes infectées par Ebola. Ils ont  mis en place le centre de traitement de Loukélé. Ma mission est de  superviser les sensibilisateurs de la région forestière. Nous le faisons dans les villages et toutes les préfectures de la région forestières afin qu’ils ne soient pas résistant aux acteurs de la lutte contre Ebola tel que la croix rouge.  Heureusement partout je suis passé, nous avons pu changer quelque chose. A Lola par exemple, il y avait de la résistance et dans les sous-préfectures de bossou et kokota.

Tu es aussi membre de l’association des sortis guéris. Pourquoi faire ?

Je milite au sein de l’association des sortis guéris. Nous avons 91 membres, tous ne sont pas actifs,  mais ils sont informés de ce que nous faisons. Nous avons crée l’association pour nous connaitre et nous soutenir mutuellement. Nous nous investissons en tant que témoins pour sensibiliser les populations sur les contours de la maladie à virus Ebola.  Lorsqu’une personne guérie d’Ebola parle, le message est profond et ça peut passer. Nos différentes expériences permettent de sauver des vies.

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