Moussa Doumbouya dit « Petit Tonton »
Né à Faranah, dans la savane guinéenne, Moussa Doumbouya Alias Petit Tonton est un comédien, conteur, auteur et metteur en scène guinéen qui n’est plus à présenter. Titulaire d’un diplôme de comptabilité et gestion, ce conservateur fait ses premiers pas en 2003 qu’il se lance dans le théâtre avec la compagnie ‘’Les sardines de Conakry, Laborato’Arts et la Muse’’. Concepteur de ‘’la Grande nuit du conte’’ et auteur du livre ‘’la vallée de l’espoir’’, l’homme de culture vient de lancer ‘’la maison de l’oralité et du patrimoine ‘’ sous le label ‘’Kouma kan’’. Le courrier de Conakry vous fait découvrir l’univers du chef de village Moussa Doumbouya. Lisez !
Le courrier de Conakry : Dites-nous c’est quoi une maison de l’oralité ?
Moussa Doumbouya : La maison de l’oralité et du patrimoine, est un espace d’échange culturel qui se veut gardienne d’un savoir africain ancestrale, qui est celui du maniement du verbe et de la langue. Elle souhaite contribuer à l’amélioration de la collecte de la conservation, de la vulgarisation et de la récréation des arts de l’oralité et des savoirs du patrimoine immatériels. Elle vise à permettre aux populations guinéennes de mieux cerner les vraies valeurs et les richesses qu’offrent les savoirs traditionnels d’Afrique. C’est aussi un espace d’échange intergénérationnel de transmission de savoir ancestraux, une résidence de création, de documentation scientifique et artistiques. L’espace est aussi ouvert pour la formation des jeunes au métier de la culture, de l’artisanat et de rencontre professionnelle.
Quelle est le rôle d’un conteur ?
Le rôle d’un conteur dans la tradition africaine, est de transmettre des valeurs. Raconter l’histoire des peuples, raconter les pactes entre les communautés, rythmé la vie d’une société. Eduquer les enfants, éduquer la population, choquer les gens à travers des histoires pour les réveiller, conseiller et sensibiliser.
Quel était votre but dans la création de cette maison de l’oralité ?
En créant la maison de l’oralité, l’objectif était de réussir à ramener les Guinéens d’abord, ensuite les africains à leur véritable identité. Il s’agit aussi de transmettre des valeurs, créer la connexion intergénérationnelle. Aujourd’hui, les gens ne se parlent plus entre amis, ils sont toujours sur leur téléphone. Ils n’échangent plus avec les ainés. Donc pourquoi ne pas créer un espace comme ça, de rencontre, de partage, et essayer de donner des moyens aux gens pour qu’ils puissent s’enraciner.
Comment compte-t-on assurer la pérennité de ce projet en République de Guinée ?
Nous avons différents projets sur lesquels nous travaillons depuis quelques années. Ces projets nous permettront de faire en sorte que le projet de maison de l’oralité du patrimoine soit Perin en Guinée. Nous allons chercher des subventions à coté de nos activités et mettre en place des ateliers de formation. Nous pensons également à faire louer quelques espaces pour pouvoir supporter les charges. Mais il faut de l’accompagnement pour ce genre de projet. Nous allons démarcher les bailleurs et les autorités pour bénéficier de quelques subventions, ce n’est que cela qui va nous permettre de continuer.
Un message à l’endroit des habitants du village ?
Le mot de la fin, c’est un appel que je lance aux guinéens, de se ressourcer, de s’enraciner. Nos pays ne pourront se développer que si nous sommes enracinés et si on tient compte de l’organisation socio-politiques de nos organisations traditionnelles. Il faut retourner aux sources, il faut se connecter à sa culture.
Propos recueillis par Nantènin Traoré