Les adversités à l’encontre du maitre éducateur en N’ko et tradi-thérapeute, Nanfo Ismaël  Diaby, deviennent de plus en plus farouches. Nanfo a récemment été interpellé et sanctionné par les autorités religieuses, pour avoir dirigé une prière musulmane en langue locale maninka. Le vendredi dernier 14 juin 2019, un imam de la place l’aurait menacé de mort et en début de cette semaine, il a été expulsé du local qui lui servait d’échoppe pour la vente de ses produits de pharmacopée. Rencontré à son domicile privé sis au quartier Bordo par notre rédaction, l’homme a accepté de se confier.

Pour avoir dirigé une prière collective musulmane dans la langue de son terroir, le Maninka, Karamô Ismaël Diaby s’est attiré la foudre des autorités religieuses et d’un certain nombre de citoyens musulmans dans la cité. Outre les différentes sanctions de la ligue islamique régionale de Kankan, qui pèsent sur lui, il accuse l’imam de la mosquée du quartier Sogbè de l’avoir menacé de mort.

« Suite à l’ampleur de la polémique suscitée, les sages nous ont convoqué à la grande mosquée. Ils nous ont formellement interdit cette pratique. Nous aussi, par respect pour, eux nous nous sommes engagés à arrêter. Ensuite on a vu une tornade de sanctions s’abattre sur nous. Interdiction de faire prier les gens, de prêcher la parole de Dieu à la radio et aux cérémonies religieuses. On n’a posé aucune objection. Malgré tout ça, le vendredi passé, plusieurs mosquées ont sermonné autour de l’affaire. Mais de tous ces sermons, ce qui a vraiment dépassé les bornes, c’est celui de la mosquée de Sogbè. L’iman adjoint de cette mosquée du nom de Laye Mamadi Condé. Il a déclaré dans la foule que « Nanfo est un homme à abattre. Il doit être abattu » », a affirmé Nanfo Ismael, avant de de poursuivre : « J’ai appris aussi qu’un groupe de personnes viendraient s’attaquer à mon échoppe. Je loue ce local depuis 2004 à Kèfina. Mais celle-ci, éprise de peur, m’a demandé de libérer le local. Je l’ai suppliée en  disant que la Guinée est un Etat de droit. Mais malgré tout, ses enfants m’ont demandé de libérer le lieu dans un délai de deux semaines ».

En dépit de tous ces malheurs et menaces qui s’abattent sur lui, il persiste et signe dans sa direction et ne manque pas d’argument pour se défendre : « Dans notre quête de connaissance du N’ko, nous nous sommes orientés vers la compréhension de la religion. Dans ce cadre, nous avons compris qu’il est idéal de faire la prière dans sa langue maternelle. Ceux qui s’y opposent ne présentent aucun verset du Coran ni de hadith. Dieu a fait descendre le Coran en langue arabe. C’est vrai, mais il n’est écrit nulle part qu’il faut faire la prière en arabe. Le prophète, paix et salut sur lui, nous a recommandé aussi de prier comme on l’a vu faire. Et justement on l’a vu prier dans sa langue maternelle qui est l’arabe. Ce qui signifie que nous aussi, nous devons prier dans la nôtre. Cependant rien n’est tard. A notre entendement, cela ne devrait pas nous attirer tant de haine ».

Aux dernières informations, Nanfo Ismaël  Diaby a déposé une plainte contre l’imam adjoint de la mosquée du quartier Sogbè pour menace de mort.

Mamadi Kaba depuis Kankan pour lecourrierdeconakry.Com