Pour une des rares fois en Guinée, les membres du bureau exécutif de la fédération guinéenne de football ont décidé à l’unanimité de révoquer leur président pour une mauvaise gestion. Cette décision assez surprenante fait réagir les acteurs du football. Dans un entretien accordé à la rédaction du Courrier de Conakry, le Consultant Sport, Elhadj Ousmane Ly donne son avis sur cette actualité brûlante.
1 En tant que consultant sportif, que pensez-vous de la révocation de Bouba Sampil à la tête de la feguifoot?
Ce qui se passe au niveau de Bouba Sampil est ce qui pourrait se passer au niveau de chaque guinéen qui détient une partie du pouvoir régalien pour l’appliquer. Quand on oublie les principes, on regarde vraiment l’impunité. On dit, je peux faire ce que je veux, naturellement ça te rattrape d’une certaine façon. Ce n’est pas toujours du pire mais pour un rien on se retrouve devant des situations difficiles à gérer. Chacun y va de ses relations personnelles avec Bouba, de sa jalousie et de l’envie de l’enterrer. Il n’y a rien de tout ça qui soit fondamental dans l’intérêt du pays.
Nous avons fait beaucoup d’analyses pour envoyer à Antonio Souaré mais cela ne l’a pas empêché de changer. Tous ceux qui sont venus, ont géré de la même façon et tous ceux qui viendront, géreront de la même façon. Les mêmes causes produisent les mêmes effets. Donc, il faut revoir fondamentalement la question d’éthique, de comportement, de morale, de fiabilité et d’objectif. C’est une situation qui est de l’environnement guinéen. Il n’y a aucun fonctionnaire qui y échappe. Si tu ne fais pas le bien, il y a le bien qui te fait.
2 Qu’est-ce qui explique les crises à répétition au sein de la Feguifoot?
Les crises à répétitions ce n’est pas seulement à la Féguifoot, c’est au sein de toutes les structures qui sont en Guinée. Généralement, on se base sur les résultats. On oublie de faire une analyse stratégique et opérationnelle. C’est la façon de gérer qu’il faut revoir. C’est toute une série de problèmes. Il faut sortir de ses problèmes pour regarder quelle est la meilleure façon de faire. Mais dès qu’on est intéressé, on rentre dans le problème, on ne trouve pas la solution qui aide le fondement du football guinéen. On cherchera toujours une solution personnelle dans laquelle on gagne. Toute la Guinée est faite comme ça. Je ne vois pas un problème en Guinée que si on veut bien, on serait incapable de régler. Mais on veut le régler en conservant ses intérêts personnels. Malheureusement pour certains, en dénonçant les erreurs des autres le plus souvent on s’y retrouve.
3 A-t-on besoin d’un autre comité de normalisation ?
Le comité de normalisation c’est une possibilité de reprendre une situation de façon à l’arranger. Qu’est-ce qu’on a tiré de la première normalisation ? Il faut savoir ça aider à quoi ? Pour pouvoir dire qu’on va encore utiliser la même solution. Mais si les gens ne sont pas francs comme l’a dit mon confrère Diakhité, si on ne travaille pas honnêtement, si on applique pas les termes qui sont prévus dans les statuts ; si on ne voit que dans les statuts ce qui nous arrange. Si ce qui nous appartient à tous ne nous unis pas, alors ce qui nous appartient tous, va nous désunir et nous scinder. Donc, il faut voir comment devrait fonctionner une fédération. On peut s’en sortir mais, il faut beaucoup de rigueur, de personnalités, d’honnêteté et d’empathie surtout.
4 Qu’est-ce que vous proposez pour mettre fin à la crise au sein du football guinéen ?
La situation du football est à l’image de toutes les situations en Guinée. Il faut regarder à la base, améliorer la compétence des hommes, essayer de faire en sorte que les ressources soient bien utilisées. Activer la compétitivité, faire en sorte que les gens soient honnêtes et patriotes et qu’ils soient capables de faire ce qu’on leur demande pour qu’il y ait une application correcte de la loi pour arrêter les répercussions de l’impunité. Soyons équitable, arrêtons l’injustice. Si vous n’avez pas des hommes intègres dans une superstructure bien établie avec des objectifs précis vous avez des problèmes.
Tous ceux qui agissent dans ce secteur-là, généralement se promènent avec de l’argent en poche. Comment voulez-vous que ça marche? Il faut approfondir la réflexion et voir quelles sont les causes du mal. Il faut ouvrir le débat. Parce que ceux qui sont là en train de discuter sont généralement ceux-là qui continuent à faire en sorte que l’aiguille se perte…
Propos recueillis par Ibrahima Soya