L’annonce récente du Premier ministre guinéen, Amadou Oury Bah, fixant la tenue des élections présidentielle et législatives en décembre 2025, accompagnée d’un référendum constitutionnel en septembre de la même année, a soulevé de nombreuses interrogations et inquiétudes.

Loin d’apaiser les tensions et de rassurer les citoyens sur l’issue de la transition politique en cours, cette déclaration semble au contraire renforcer les doutes sur la capacité réelle du gouvernement à respecter les échéances annoncées.

Ce qui frappe d’abord, c’est la méthode. Une sortie unilatérale, sans consultation préalable avec les principaux acteurs de la vie de la nation (partis politiques, société civile, partenaires internationaux) qui témoigne d’un grave déficit de concertation.

 Un Premier ministre, censé incarner l’espoir d’un retour à l’ordre constitutionnel, devient ainsi paradoxalement l’un des symboles de l’opacité et du cynisme qui entourent cette transition.

Depuis sa nomination, Monsieur Bah Oury s’est illustré moins par la mise en place de mécanismes de dialogue inclusif que par des annonces solitaires et souvent contradictoires avec les réalités du terrain. L’absence d’un cadre de concertation permanent, pourtant réclamé de longue date par la classe politique, rend chaque prise de parole officielle plus anxiogène que rassurante.

Pire encore, cette annonce, loin d’indiquer une avancée réelle vers la démocratie, met en lumière le flou persistant qui entoure la transition guinéenne. Quelle est la feuille de route consensuelle validée par tous les acteurs ? Comment garantir la transparence et la crédibilité des scrutins annoncés ? À ces questions légitimes, le gouvernement reste silencieux.

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L’histoire retiendra malheureusement que le passage de Monsieur Bah Oury à la Primature aura été marqué non pas par une volonté réelle de rassembler et de construire, mais par une gestion solitaire, peu transparente et souvent clivant d’une période pourtant cruciale pour l’avenir démocratique de notre pays. Si le retour à l’ordre constitutionnel est l’objectif affiché, les moyens mis en œuvre jusqu’ici n’inspirent ni confiance ni espoir.

Il est encore temps de rectifier le tir. Cela passe par la mise en place immédiate d’un cadre de concertation inclusif, la transparence sur le processus électoral et un engagement sincère envers les principes démocratiques. Autrement, cette transition risque d’être une opportunité manquée, une de plus dans l’histoire politique tourmentée de la Guinée.

Sory Camara

Président du PDND

Vice-président de l’ANC

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