Situé à l’est de la ville de Labé précisément dans le quartier Paraya, le palais de la Kolima est à quelques mètres de la place des martyrs et du stade régional El hadj Saifounlaye Diallo. Ce palais qui était un bijou chéri et l’une des valeurs sûres du Foutah par ricochet de  la Guinée est présentement dans un état d’abandon total. De la clôture jusqu’à l’intérieur du bâtiment, le tout s’est fortement dégradé a constaté sur place lecourrierdeconakry.com.

Des doyens qui ont eu la chance de connaitre ce palais pendant ses premières heures ont accepté de partager leurs souvenirs au micro de la rédaction locale de votre quotidien électronique.

El hadj Mamadou Dieng et Monsieur Ibrahima Diallo dit Johnny, respectivement journaliste correspondant de la radio nationale à Labé et gestionnaire du bâtiment se sont livré sur le sujet à cœur ouvert.

« C’est décourageant; je n’ai même pas envie de voir ce palais maintenant parce qu’il est en décrépitude, il est complètement abandonné. C’est dommage. Dès que je vois le palais, je me rappelle des années 69 lorsque j’étais dans l’orchestre de la Kolima Jazz. C’est vraiment dommage, il est complètement abandonné. Et le soin serait, qu’un responsable patriote restaure ce palais. Ça serait vraiment souhaitable» nous a confié El hadj Mamadou Dieng, le correspondant régional de la radio nationale à Labé.

Ce bijou faisait partie des grosses pointures de la première République, selon El Hadj Dieng : «  C’était un somptueux palais construit je pense vers les années 1968, 69. Il a été construit pour qu’il ait  des représentations artistiques, ainsi que de grandes rencontres. Le palais de la kolima c’est un bâtiment avec une coupole toute ronde. Il y avait des lumières dans la voute et en bas il y avait une tour circulaire où les orchestres pouvaient se placer. Il y avait un endroit exclusivement réservé pour les orchestres et autour il y avait l’endroit où on pouvait placer les spectateurs c’était également une piste où on pouvait danser. Dehors dans la cour c’était aussi un endroit très agréable. Chaque fois que feu président Ahmed Sekou Touré avait des étrangers de marque, ils les invitaient à Labé. C’est ce qui fait que beaucoup de hauts cadres africains sont passés par ce palais parce qu’il y a eu de grandes rencontres internationales ici présidés par le président Ahmed Sékou Touré, » raconte-t-il.

Interpellé sur l’état actuel de ce bijou, El hadj Dieng ne cache pas son amertume et situe les responsabilités : « Je ne peux pas imputer ça à quelqu’un, j’impute ça plutôt au temps et au manque d’entretien. Si un immeuble n’est pas entretenu, le temps va jouer sur lui; il va tomber et la peur que j’aie est que ce palais ne tombe. Il faut le restaurer pour ne pas qu’il tombe » plaide-t-il.

Pour sa part, l’ancien gestionnaire du bâtiment en la personne de Ibrahima Diallo dit Johnny partage ses efforts de restauration : « c’est juste parce que j’ai constaté que ce bijou est entrain sombrer de jour en jour, que je me suis intéressé pour un peu y remettre de l’ordre parce que c’est devant nous qu’il a été construit. Donc, j’ai commencé par restaurer les portes et y mettre un peu d’entretien en attendant qu’il y ait des moyens pour le rénover entièrement. Avant, j’organisais des rencontres et soirée récréatives ici, mais pour le moment c’est bloqué. Par exemple lorsque feu Sekouba Fatako (artiste) vivait on y organisait des soirées dansantes et même l’autorité locale l’utilisait à ses fins. Ce palais à même abriter une foire, » confie-t-il.

Le palais de la kolima est abandonner à lui-même, cela est visible de loin. Pour Bappa Johnny, les sages de la ville y sont pour beaucoup : «  Les sages de la ville de Labé avaient alors interdit toutes activités (soirée dansante et autres) en son sein après la mort de Sékou Touré (ndlr : 1er président de la Guinée).  Ils avaient complètement interdit les spectacles ici. A mon sens, c’est en ce temps que le palais s’est retrouvé abandonné à lui-même. Finalement c’est des fous et des animaux qui se servaient de la salle avant mon arrivé, » confie l’ancien gestionnaire.

Il faut signaler que les autorités de la ville de Labé tentent depuis quelques semaines de sauver le reste de cet édifice qui est actuellement dans un état lamentable.

Bah Djenabou Labé, pour lecourrierdeconakry.com