L’Algérie a célébré le 20 août 2016 la journée nationale du Moudjahid (anciens combattants de la révolution algérienne) qui a coïncidé cette année avec le double anniversaire de l’offensive du Nord Constantinois, le 20 août 1955 et du Congrès de la Soummam, le 20 août 1956. Deux dates marquantes dans l’histoire de la Révolution algérienne, l’une rappelle, en ce soixantième et unième (61ème) anniversaire, l’action militaire combinée menée par des maquisards algériens dans plusieurs villes témoignant de l’élargissement de la lutte armée à toutes les régions du pays et confortant ainsi la voix de l’Algérie combattante sur la scène internationale.

C’est dans le sillage d’une telle dynamique révolutionnaire que s’était déroulé le deuxième événement dont l’Algérie commémore le soixantième (60éme) anniversaire de la tenue du Congrès de la Soummam le 20 août 1956. Le mérite de celui-ci est d’avoir doté la Révolution algérienne d’une stratégie holistique intégrant les volets miliaire, politique, diplomatique et social.

En l’An II de la Révolution algérienne, laquelle commença le 1er novembre 1954, ses principaux dirigeants s’étaient réunis dans la commune d’Ouzellaguen, à Béjaia, pour élaborer une stratégie doublée  d’une tactique fiable et capable d’aider le peuple algérien à mener un combat de longue haleine de manière ordonnée, solidaire, globale et structurée face à un ennemi déterminé à tout faire pour saborder toute action tendant à remettre en cause l’ordre colonial.

Au plan interne, les congressistes avaient  réussi à mettre en place une structure politico-militaire nationale composée de six (6) wilaya (le territoire algérien étant divisé en six parties), auxquelles s’ajoutaient le Conseil National de la Révolution (CNR), rassemblant tous les dirigeants de la Révolution, et le Comité de Coordination et d’Exécution (CCE) ayant amené à la création, en 1958, du Gouvernement Provisoire de la Révolution Algérienne (GPRA). Ils ont également défini le caractère de l’Etat algérien en perspective, un Etat qui se veut démocratique et social.

Au niveau extérieur, le Congrès a opté pour le non alignement dans un monde divisé alors en deux blocs antagoniques pour préserver l’autonomie de la décision de la révolution algérienne. Il prône également l’unité des peuples d’Afrique du Nord.

De ce fait, le Congrès de la Soummam a été déterminant dans la réussite de la révolution algérienne car il lui a permis de disposer d’une plate-forme stratégique et d’une direction politique homogène disposant d’une feuille de route politique claire et  animée d’une volonté inébranlable, soutenue par un engagement sans faille de toutes les composantes du peuple algérien, avec un seul et unique objectif qui consistait en la reconquête pleine et entière de l’indépendance et de la souveraineté nationales.

Devant cette détermination, le peuple a fait face à une répression féroce de la part de la puissance coloniale qui avait longtemps fait l’impasse sur les revendications des partis politiques qui luttaient, avant le déclenchement de la lutte armée, pour la liberté et l’indépendance de l’Algérie. C’est cette impasse, notamment après le massacre du 8 mai 1945, qui a rendu inéluctable le déclenchement de la révolution algérienne.

C’est de haute lutte et d’un lourd sacrifice que les Algériens ont accédé à la souveraineté après huit années de guerre, le 5 juillet 1962, une guerre asymétrique entre un peuple en lutte sans moyens matériels conséquents, animé néanmoins d’une volonté farouche de s’affranchir du joug colonial, et l’une des plus puissantes armées du monde.

Sorti de la domination coloniale, le peuple algérien s’est vite consacré aux tâches de l’édification nationale en s’attelant à doter son nouvel Etat de structures et de moyens appropriés pour réaliser un programme de développement économique et social du pays, un programme qui répondait aux aspirations légitimes des Algériens au progrès, au bien-être et à la défense de leurs intérêts sur la scène internationale.

C’est dans ce contexte qu’ils s’étaient donné la main ensemble et dans l’unité pour effacer les stigmates de la guerre et de la destruction. A cet effet, ils avaient mis  en place un système d’enseignement et de formation à même de faire émerger de jeunes compétences, lequel système était couplé à une stratégie industrielle visant à asseoir une économie forte, moderne et diversifiée.

Deux décennies plus tard, cet élan d’édification a été contrarié, au début des années 80, par une conjoncture internationale défavorable marquée par une baisse drastique des cours pétroliers et par un endettement extérieur insoutenable.

Après la terrible décennie des années 90 où le peuple algérien avait fait face à un terrorisme international des plus virulents, le pays, sous la conduite avisée de Son Excellence Monsieur Abdelaziz BOUTEFLIKA, Président de la République, a pu renouer avec la paix et la quiétude sociale à la faveur de la politique de concorde puis de la réconciliation nationale.

Ayant retrouvé la confiance et unis par un désir partagé, les Algériens se sont engagés à reconstruire une nouvelle fois et à reprendre le processus de  développement économique et social de leur pays.

La stratégie de développement économique et sociale, conçue et menée sous la haute direction du Président Abdelaziz BOUTEFLIKA n’a pas tardé à donner des résultats probants qu’il s’agisse du logement, de l’emploi, de l’alimentation en eau, en électricité ou d’infrastructures routières, hospitalières, éducatives ou encore en termes de renouveau du monde rural, de développement industriel, les avancées enregistrées sont réjouissantes et constituent un motif de satisfaction pour tous.

Ces acquis économiques et sociaux indéniables se sont vus accompagnés tout au long de ces dernières années par des efforts soutenus tendant à la consolidation de la démocratie, de l’Etat de droit et des droits de l’homme.

Depuis 2011, l’Algérie s’est dotée d’une batterie de lois organiques relatives, notamment, à la promotion de la participation de la femme au sein des assemblées élues tant aux échelons national que local, à une meilleure organisation de la vie associative ainsi que des partis politiques et du processus électoral.

En 2016, une nouvelle étape qualitative dans l’édifice démocratique a été franchie comme en témoigne l’adoption et la promulgation de la Constitution du 6 mars 2016 qui consacre l’amazighité, l’une des trois composantes de l’identité algérienne, en tant que langue officielle aux côtés de la langue arabe, langue officielle de l’Etat, ainsi que la limitation du nombre de mandats présidentiels à deux (2), le renforcement du rôle du parlement et de l’opposition et la désignation du Premier Ministre après consultation de la majorité parlementaire. La nouvelle Constitution prévoit également la création de nouvelles instances.

Concomitamment à ce processus de consolidation de l’édifice démocratique, l’Algérie a aussi pour ambition de moderniser les modes et règles de gouvernance et les mettre en adéquation avec les réformes économiques en cours. Face à un marché international des plus instables, l’économie nationale doit renforcer sa résilience et s’offrir de nouvelles perspectives afin de sortir définitivement de la dépendance aux hydrocarbures. En clair, il s’agit de réunir les conditions pour l’émergence d’une  économie dynamique, diversifiée, capable de résister aux chocs extérieurs et de participer activement au sein d’une mondialisation rampante et impitoyable.

   L’ambassadeur d’Algérie à Conakry

  S.E.M Rabah FASSIF

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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