Dans une interview accordée à la rédaction du Courrier de Conakry, Ibrahima Aminata Diallo, sociologue enseignant-chercheur, activiste des droits de l’homme a soulevé la problématique de retraite en Guinée. Il décrit les conditions de vie difficiles des retraités qui vivent avec de maigres pensions. Pour résoudre ce problème, il propose des pistes de solutions à l’Etat.
LCC : Retraite en Guinée, un repos bien mérité ou un saut dans l’inconnu ?
Normalement, la retraite a pour vocation d’avoir un repos bien mérité. Mais je pense que chez nous en Guinée, il y a un paradoxe. Parce que généralement, le fait même de souhaiter le prolongement du temps de service, ils le font tout simplement parce qu’ils ne se sentent pas dans l’optique de se reposer ; mais surtout de vivre heureux, une fois à la retraite. Je pense que, c’est ce qui amène la plupart des gens à penser, que partir à la retraite, c’est en conformant votre statut, à vos diplômes et votre emploi. Le montant qu’on propose est dérisoire qui pratiquement ne peut pas suffire à un père de famille. Et avec le troisième âge, il y a la fragilité de la santé, c’est tout à fait un problème.
En tant que sociologue, comment expliquez-vous les conditions de vie des retraités ?
Ils vivent dans des conditions très précaires et très difficiles. Parce que la pension qu’on propose à ces personnes compte tenu de leur âge et de la fragilité de leur santé mais aussi s’ils ont une famille, est petite. S’ils n’ont pas de relève, s’ils n’ont pas une personne pour les accompagner et les prendre en charge ou ils n’ont pas d’autres sources de revenus, ça va être très compliqué pour eux. Même celui qui travaille, a du mal à joindre les deux bouts, à plus forte raison des retraités. La pension est dérisoire avec les différentes maladies de troisième âge dont le diabète, la tension et autres. Cette pension ne peut pas suffire pour se prendre en charge à plus forte raison prendre en charge sa famille. Les conditions de vie des retraités sont à revoir. C’est un problème très préoccupant. Tous les gouvernements qui se sont succédés chacun en parle. Mais il faut poser le vrai diagnostic afin que nous puissions partir à la retraite dans les conditions souhaitées où la dignité humaine sera respectée à travers cette retraite. Surtout que vous avez servi une nation au moment où vous étiez actif. Vous avez participé à l’émancipation de votre pays. Vous avez contribué à votre façon en vous donnant corps et âme.
Selon vous, pourquoi les fonctionnaires ont peur d’aller à la retraite ?
La retraite en Guinée, c’est comme si on vous annonce que vous allez mourir. Parce que dès qu’on le dit, ça devient de facto une préoccupation majeure. Il s’interroge par-ci par-là, il se pose la question qu’est-ce qu’il faut. Donc, du coup ça devient un autre problème.
La pension permet-elle aux retraités de subvenir à leurs besoins ?
Pour subvenir à leur besoin, je pense que c’est le primaire mais pas au-delà de ça. Vous savez quand on avance en âge, on a une fragilité de santé. A mon avis, les retraités ne peuvent pas subvenir à leurs besoins. Même un fonctionnaire correctement bien payé en Guinée, s’il n’est pas dans les corruptions ou autre, il ne peut pas s’en sortir.
Qu’est-ce que vous proposez comme pistes de solutions pour améliorer la qualité de vie des retraités ?
Comme pistes de solutions pour améliorer la qualité de vie des retraités. D’abord, il faut définir le temps que chaque agent mettra à son poste. Il faut que l’État assure la prise en charge sanitaire des retraités avec une carte de sécurité sociale sur la santé. Il faut rehausser le montant de la pension mais aussi construire des logements sociaux pour que chaque retraité puisse rentrer dans sa propre maison. Tout cela peut aider et changer les conditions de vie des retraités.
Je vous remercie
Propos recueillis par Ibrahima Soya