Comme le disait Ahmed Sékou Touré, on peut tromper tout le peuple une partie du temps, une partie du peuple tout le temps mais, jamais tout le peuple tout le temps. Dans cette pratique populiste, il arrive souvent que l’apprenti sorcier se lasse de ses manœuvres maladroites, et en ce moment tout ce qui a été échafaudé s’écroule comme un château de cartes alors, il fait recours à la force et à l’intimidation.
Le radicalisme est une attitude d’extrême intransigeance refusant le moindre compromis, il sied dans la plupart des cas aux forces vives qui sont respectueuses des principes. Alors dans la charte annoncée par le CNRD, les forces vives ne tolèrent pas l’attitude cavalière des nouvelles autorités qui, non seulement ont violé l’article 77 et mieux elles ont inséré une étape qui ne figure pas sur leur propre production : l’intervention du CNT dans l’entérinement du chronogramme de la transition. Le chef de la junte a annoncé de façon unilatérale une durée non consensuelle de 39 mois et le CNT en soustrait trois pour revenir à 36 mois. Ce qui ne convient pas alors aux forces vives qui se sont radicalisées, pour rejeter en bloc ce chronogramme et projeter des marches de protestation autorisées par la loi. Maladroitement le CNRD interdit les marches et musèle les partis politiques et la société civile dans leurs activités.
Aujourd’hui le peuple de Guinée est face à un dilemme, la détermination du CNRD et l’intransigeance des forces vives. Que faut-il faire et à quoi faut-il s’attendre ? Il y a des vérités qui sont dures à accepter pourtant, Jacques Chirac avait dit très tôt que la démocratie était un luxe pour l’Afrique. On s’est fâché mais le temps lui a donné raison aujourd’hui. Puisque c’est cette démocratie que le CNRD entend préserver, il lui faut alors en accepter les contraintes.
A ce jour on ne peut citer aucune action engagée par le CNRD en faveur des populations, il ne fait que poursuivre ou achever celles initiées par le pouvoir du Pr Alpha Condé. Quand les ministres excellent dans la mythomanie pour renier les acquis du passé dans le seul but d’attribuer au CNRD la paternité de l’échangeur de Bambeto, l’interconnexion électrique à N’Zérékoré. Cette sarabande de l’équipe gouvernementale ne sert à rien d’autre qu’à amadouer le peuple à travers des déclarations mensongères et des promesses irréalisables. L’enthousiasme des populations guinéennes en faveur de la junte a perdu en intensité. Leur départ est devenu aujourd’hui le souhait ardent de tous les guinéens.
Le prosélytisme de la junte conduit constamment à des dérives, qui risquent de porter atteinte à la paix sociale. Des mesures impopulaires et antidémocratiques comme l’interdiction des marches de protestation, l’arrestation et la séquestration des hommes politiques, la mise à la retraite barbare et sauvage des agents de l’administration, l’opération vindicative de récupération des domaines de l’Etat, rien que pour plaire et non pour rétablir un équilibre ou une justice. L’amateurisme des actuelles autorités prouve à suffisance que le calvaire du peuple de Guinée va davantage s’exacerber. Tout est paradoxe dans ce pays et le refus de reconnaitre ses erreurs, est l’expression parfaite du mépris que la junte éprouve pour les populations guinéennes.
A la prise du pouvoir, le peuple a été gargarisé de promesses et d’actes tape à l’œil par la junte, dans le but de s’offrir une virtuelle légitimité. Dans l’enthousiasme de cette prise du pouvoir, le CNRD a jeté l’anathème sur la gouvernance Alpha Condé, il a procédé maladroitement à une baisse du prix du carburant. Cela a été sans impact sur le quotidien du Guinéen. Ni le transport, ni le prix des denrées de premières nécessités n’ont connu un rabais. Et voir cette junte augmenter encore le prix du carburant, en dépit de tout ce qu’elle avait annoncé comme subvention concédée, est contradictoire.
Tous les pays du monde ont subi l’impact négatif de la Covid19, même les économies les plus puissantes en sont affectées, voir maintenant les autorités du pays se morfondre dans un nationalisme absurde, prédispose la Guinée à de futures sanctions de la communauté internationale. Ce qui accentuerait gravement la misère des populations guinéennes avec ses corollaires de malheurs et de difficultés.
La sortie absurde de Dansa Kourouma dans les universités fait rire. On se demande même quel travail a été accompli par cette institution et, quand c’est son Président qui déclare qu’après cette transition, il n’aura plus besoin d’un poste en Guinée. Ce qui suppose qu’il va se pourvoir suffisamment dans cette transition pour ne plus tomber dans le besoin. Aller à Koffi Annan pour tenir une telle rencontre avec Ousmane Kaba, démontre que Dansa Kourouma quelque part veut offrir un soutien au président du PADES.
Tout le monde se souvient de la rencontre de la junte avec la justice après leur prise du pouvoir. Les hommes en robe ont affirmé qu’ils n’avaient pas de liberté dans leur prise de décision, ils étaient toujours influencés par l’exécutif. Aujourd’hui après cette sortie ridicule du Spécial Procureur de la CRIEF à la RTG, Aly Touré se confond dans ses déclarations, quand il se réfugie derrière des supposés articles et sa pseudo connaissance du droit. « Je suis parquetier » aime-t-il dire et refuse son obstination, son acharnement contre Dr. Kassory et Cie. Il refuse également de reconnaitre l’injonction de l’exécutif dans ses prises de décision. Alors qu’il cesse de faire croire qu’il défend le peuple de Guinée et qu’il veut rétablir le droit.
Ce n’est pas avec l’acharnement contre les hommes politiques, les anciens dignitaires pour les humilier et les réduire à leur plus petite expression qu’on fait la justice. On sent en ce procureur, la jalousie et la haine de n’avoir pas eu les mêmes avantages que Don Kass. C’est à cause des hommes de cet acabit que l’on ne fait pas confiance à la justice guinéenne. Mais dans un jeu, il y a pile ou face et il doit retenir que les deux faces de la médaille ne sont jamais identiques.
La Fontaine dit : « En toute chose, il faut considérer la fin »
Alors il faut donner le temps au temps qui est le meilleur juge !
MAM CAMPBELL JOURNALISTE INDÉPENDANT ET ACTIVISTE
CONSULTANT EN COMMUNICATION.
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