Près d’un mois après les violences enregistrées le 31 mai dernier à l’université de Labé, les commentaires vont toujours bon train dans la cité. Le dernier rebondissement en date est celui du correspondant régional de l’Agence guinéenne de presse (AGP) qui, dans un article publié dans un site privé, soutient que contrairement à la version officielle, l’étudiant Amadou Boukariou Baldé est décédé à l’hôpital régional de Labé. Il n’en fallait pas plus pour provoquer la colère noire du gouverneur de région qui l’a sermonné en public avec des menaces. Quelques heures après, Idrissa Sampiring Diallo, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a déposé sa lettre de démission au compte de l’AGP le samedi 15 juin 2019.

Dans un entretien accordé à la rédaction locale du courrierdeconakry.com basée à Labé, El Hadj Madifing Diané a accepté de revenir sur l’incident qui a conduit à la démission de son attaché de presse, mais aussi sur les dessous de la mort de l’étudiant de l’université de Labé. Lisez !

Lecourrierdeconakry.com: Monsieur le gouverneur on vient d’apprendre que le correspondant régional de l’AGP a démissionné. Confirmez-vous cette information ?

Madifing Diané: Oui c’est exact. J’ai été informé par le directeur régional de l’AGP. Il est vrai, ce n’est pas un correspondant attitré. C’est un bénévole contractuel que moi-même j’ai trouvé renvoyé du gouvernorat pour des mauvais comportements. Mais j’avoue que je juge en fonction des rapports avec les gens. Je ne juge pas par ce qu’on me rapporte. Mais j’ai été très surpris que ce correspondant attaché à mon cabinet, qui refuse de participer à tout, vienne sur les réseaux avec des mensonges grossiers. J’ai qualifié le contenu de son message de déloyal, mais surtout d’incitation à la révolte, à la rébellion et à la destruction.

Lecourrierdeconakry.com: Comment ça monsieur le gouverneur ? Expliquez-nous.

Madifing Diané : Vous avez tous suivi les événements de Hafia. Malgré tout ce qui a été fait, on a essayé d’apporter par tous les moyens la confirmation que ces enfants ont été attaqués par des agents de sécurité armés. Cela a été démontré et trouvé faux. J’ai fait une déclaration au lendemain des événements. Ma surprise a été d’autant grande que ce monsieur a écrit un article, dans lequel il dit que Boukariou, paix à son âme, est mort à l’hôpital de Labé. Et que lui il est venu s’embusquer dans l’ombre au gouvernorat. S’embusquer dans l’ombre pour nous voir descendre et qu’ils nous a vu paniquer sur cette situation. Ce qui est détestable de la part d’un correspondant qu’on considère être un allié. A supposé que ce qu’il dit est vrai, ceux qui ont fait ça c’est pour protéger l’hôpital de Labé. Si l’hôpital de Labé est saccagé à cause d’une telle information, qui en tirera profit ? Personne.

Lecourrierdeconakry.com: Et que s’est-il passé samedi matin au départ de la délégation du ministre Mouctar Diallo ?

Madifing Diané : Je l’ai appelé (Idrissa Sampirign Diallo, ndlr), je lui ai dit mon mécontentement et il voulait venir avec nous. Il dit qu’il a été appelé par le ministre Mouctar. Je lui ai dit qu’en attendant c’est moi le président de la République ici et que s’il va à Mali, je l’arrête et je l’envoie en prison pour diffamation, incitation à la révolte et des mensonges grossiers. Je lui ai dit qu’il me dira qui lui a dit que ce monsieur est mort à l’hôpital.

Lecourrierdeconakry.com: C’est comme s’il n’a pas digéré ces propos, car il vient de déposer sa démission ?

Madifing Diané : Je ne sais pas. Il est ce qu’il est avec sa psychologie et son tempérament. Je lui ai dit une seule chose, je sais les conditions dans lesquelles je l’ai récupéré, devant témoins. Je ne parle jamais seul.

Lecourrierdeconakry.com: Donc il ne travaillait pas au gouvernorat à votre arrivée ?

Madifing Diané : Non. Il était renvoyé pour les mauvais comportements. Vous pouvez avoir la preuve. Les anciens que j’ai trouvés sont là. C’est à mon arrivée qu’il m’a approché. C’est d’ailleurs son père qui m’a expliqué sa situation. Je l’ai fait repositionner dans sa position de contractuel bénévole avec prime. Et il a son bureau mitoyen au mien. Lui il voit tout le monde, y compris les représentants de la presse au bureau, il refuse de rentrer et s’embusque comme il le dit pour nous discréditer sur ce que nous avons fait. C’est à lui de nous sauver si on était fautifs. Mais il n’a pas pu nous sauver parce que nous ne sommes pas fautifs. Il veut nous enfoncer parce qu’il n’y a pas de raison sur du mensonge.

Lecourrierdeconakry.com: Donc pour vous il a failli à son devoir de correspondant régional de l’AGP ?

Madifing Diané : Pas seulement ça, ce n’est pas même faillir. C’est une personne que je ne peux pas qualifier. Qui peut, natif de Labé, avec l’amour de Labé, l’acte qu’il a dénoncé ; s’il a été dénoncé, s’il a été fait c’est pour sauver Labé. Que lui il incite à ce que les gens se révoltent, il ne s’aime pas, il n’aime pas sa ville, il n’aime personne.

Lecourrierdeconakry.com: Si comme vous le dites, c’est des fausses informations qu’il aurait relayées dans son article, est-ce que vous n’aviez pas d’autre recours, comme vous plaindre à la justice  exemple?

Madifing Diané: Je refusé ça. Je n’entre pas en querelle avec des enfants à bas niveau comme lui qui n’aime pas sa ville. A lire cette correspondance qu’il a écrite, est-ce que lui il aime sa ville ? A supposer que sa correspondance fait effet, quel intérêt lui il en tire dans?

Lecourrierdeconakry.com: Peut-être que c’est ses sources d’informations qui l’ont orienté !

Madifing Diané : Ce n’est pas question de sources, il ment. Selon les informateurs on ne voit pas. Il dit que l’enfant est mort de suite de bastonnade alors que l’autopsie prouve le contraire avec tout le respect que j’ai, que son âme repose en paix. Ils ont exigé l’autopsie et l’autopsie a donné une suite. Il exige à dire dans la même correspondance que le jeune est mort à Labé. Il n’est pas mort en cours de route. On peut accompagner un corps avec un médecin ? Quelle est cette folie qui peut amener à faire accompagner un mort qu’on met dans un cercueil, qu’on envoie, on le fait accompagner par un médecin accompagnateur ?  Ça c’est du ridicule.

De propos recueillis par Bah Djenabou Labé, pour lecourrierdeconakry.com