Le meeting des Forces Vives de Guinée (FVG), le 28 septembre 2009, a endeuillé plusieurs familles à Conakry. Ce jour de meeting au vieux stade de la capitale, plusieurs citoyens ont rallié Dixinn pour manifester contre le pouvoir de la junte militaire. Mais, comment certains citoyens ont-ils réussi à s’échapper de la mort pendant cet événement malheureux ? Comment d’autres ont trouvé la mort ? Un rescapé de ces événements douloureux de l’histoire de la Guinée témoigne.
Il commence par dire avant tout d’abord que c’est l’union qui fait la force. Toute entité qui se voit diviser, se quereller à cause des intérêts égoïstes se voueront toujours à l’échec.
« Je suis un rescapé qui a survécu le jour du massacre du 28 septembre. J’ai réussi ce jour-là à me sauver la vie par un coup de gifle d’un militaire. Ce jour quand je suis rentré à la maison, dès que mon frère m’a vue, il a immédiatement vu les traces des doigts de la paire de gifle que j’ai reçue et pourtant sans me rendre compte de la gravité de cette paire de gifle qui m’a sauvé.
Comment j’ai pu m’échapper de la mort ce jour ?
C’est grâce à l’union des personnes en danger qui a fait que moi et une centaine de personnes ont échappé à la mort.
J’explique :
On s’est servi de la cour qui sépare le stade du 28 septembre et la piscine de Marocana qui se situe vers l’Est du stade, ou si tu es sur la pelouse, c’est vers la partie qu’on appelle le Sahara.
La cour ayant une hauteur de 4 à 5 mètres de hauteur, il était impossible pour nous d’escalader le mur. Mais comment avons-nous réussi à mettre en place un cordon pour s’en sortir de cette situation mortelle?
Dès le début, j’ai toujours dit, « c’est l’union qui fait la force. »
De façon très explicite, c’est un gars costaud qui a eu l’idée et s’est porté volontaire, sa force pour sauver des centaines de vies.
Il fut servi d’échelle pour la plupart des rescapés. Il s’est arrêté tout en posant ses mains au mur et fait semblant de se courber un peu, et les gens se servaient de lui en montant sur son dos, afin d’atteindre le sommet du mur de la cour et prendre la poudre d’escampette. Après avoir fait cela jusqu’en avoir fatigué, une autre personne a eu l’idée de d’organiser le sauvetage d’une autre manière. Dès que celui-ci est monté sur le dos du monsieur et a réussi à s’asseoir sur le mur en haut, l’autre prend ses pieds pour que lui aussi, il puisse monter et se sauver. Il monte et retrouve ce dernier, c’est ainsi qu’il descend vers la piscine de Marocana afin d’aider d’autres à descendre. C’est comme ça qu’ils ont aidé des dizaines des personnes à s’échapper. Quand tu te courbes pour servir quelqu’un, c’est une autre qui vient à ta place et toi tu montes sur ce dernier pour pouvoir escalader. C’est comme ça beaucoup se sont inspirés jusqu’à l’arrivée des militaires vers ce côté et ont commencé à tirer à bout portant. Quand les tires ont commencé, je n’avais pas encore escaladé le mur. Soudainement, au moment où j’étais prêt à monter, c’est de là qu’un groupe de corps habillé est venu, en ce moment même, je ne pouvais pas faire la différence entre les corps habillés tel est de tel corps. La chance que j’ai eu, c’est le fait qu’un homme habillé en tenue militaire m’a giflé avant de me faire escalader le mur. Je me suis rendu compte que j’ai reçu une paire de gifle, quand je suis arrivé à la maison mon frère a aperçu les traces de la main sur mes joues, il m’a demandé avec qui j’avais bagarré, j’ai dit personne. Je lui ai demandé ensuite pourquoi il m’a demandé ? C’est ainsi qu’il m’a dit qu’il semblerait que quelqu’un t’a giflé dit moi, avec qui tu t’es bagarré ? Parce que je vois une trace des doigts sur tes joues. C’est ainsi que je lui ai dit que je viens du stade certainement c’est là bas que j’ai reçu cette dose de paire de gifle. Il s’est alarmé d’abord avant de me dire petit tu vivras encore longtemps dit Alhamdoulilahi. Remercie Dieu le tout puissant d’avoir pu s’échapper avec cette bonne dose de paire de gifle.
Donc quelle que soit la situation dans laquelle nous sommes, n’oublions pas l’union car seule l’union peut nous aider à sortir du pétrin.
C’est comme si je prends par exemple, un groupe d’individus qui n’a aucun autre chemin de passage si ce n’est que grimper de force une montagne pour atteindre son sommet et continuer leur chemin. Et, ils décident de s’unir et s’attachent une corde et un qu’on peut considérer celui qui a beaucoup plus de forces pour qu’en montant sert pour les autres de force pour grimper la montagne. Mais si de façon orgueilleuse, méchante celui-ci dès qu’il atteint le sommet du montagne, il coupe la corde, c’est toutes personnes qui sont derrières lui qui vont chuter. Et si c’est le second, ce sont ses précédents qui vont chuter ainsi de suite jusqu’à l’avant-dernière personne. Si l’un d’entre eux qui se trouve sur la ligne de la corde avait une rancune et il décide de couper la corde à son niveau, c’est tout ceux qui sont derrière lui qui vont chuter à cause de cette rancune. C’est pour vous dire que tant que nous restons divisés, on a pourra rien. Et on risque d’être écrasé par les ennemis. »
Propos recueilli par Ibrahima Foulamory Bah