Le salon du livre de Guinée qui s’est ouvert ce samedi 23 avril à Conakry, a connu la participation des hommes de lettres et de culture. Parmi eux, nous avons rencontré Mme Sy Mariama Diallo, ancienne ministre du Tourisme et de l’hôtellerie qui n’a pas erdu sa verve. Surtout quand elle évoque les aspects culturels et civilisationnels des mondes noir et occidental. La présidente du groupe Mondial Tour et présidente de l’Association patronale des professionnels du tourisme, s’exprime ici en tant que présidente de la Délégation de la Renaissance française en Guinée. Lisez !
LCDC : Vous participez au salon du livre en tant que présidente de la délégation de la Renaissance française en Guinée. Peut-on en savoir d’avantage?
HMS : D’abord je suis très heureuse de constater d’année en année, l’évolution de ce salon. La preuve, c’est l’organisation très prochaine de ‘’Conakry capitale mondiale du livre’’. Ça prouve la vivacité de ce salon. Je suis effectivement venue accompagner le salon en tant que présidente de la Délégation de la Renaissance française en Guinée qui a pour mission de faire la promotion de la culture dans les espaces francophones. La renaissance française s’est assignée pour mission l’établissement d’une paix durable entre les peuples ; pérenniser la paix entre les peuples par la promotion de la culture, la rencontre, l’échange, le partage par la préservation de la diversité culturelle, le dialogue des cultures, la valorisation des différences. La sauvegarde des patrimoines et des langues minoritaires, étaient et demeurent encore la raison d’être de la Renaissance française. Ce qui va se passer, c’est que nous allons cultiver l’excellence. Nous allons décorer, chercher des personnes qui méritent d’être connues, qui méritent d’être décorées. Nous allons les décorer grâce au travail que ces personnes auront accompli ou sont en train d’accomplir en Guinée.
Une façon de réduire des décorations à titre posthume?
Evidemment ! Parce qu’il y a tellement de Guinéens qui font de bonnes choses, mais qui ne sont pas connues. Il faut qu’on apprenne dans notre pays à récompenser les mérites et à punir ceux qui font mal parce que c’est ça le vrai problème. Nous, nous allons nous battre pour que l’excellence soit reconnue, pour que l’excellence soit promue et qu’elle soit récompensée. Ça va encourager les gens à mieux faire.
Pensez-vous pouvoir faire la promotion de la langue française et à travers elle celle de la culture française, quand bien même que la culture africaine se meurt?
Elle ne se meurt pas. La culture africaine va davantage vivre avec la Renaissance française. Pourquoi? Parce que l’une des missions de la Renaissance française, c’est non seulement de faire la promotion de la culture française, mais de faire la promotion de la culture là où il y a la francophonie. Donc, ça va nous permettre de pouvoir sortir notre culture et de l’exposer à travers le monde francophone. Donc, c’est un plus. C’est un partage. Et on fait la promotion des diversités culturelles. Et il n’y a pas de honte de faire la promotion de la culture française. Nous sommes en train de faire cette interview en Français. A ce que je sache. Donc, il faut qu’on sache l’écrire très bien comme les autres. Il faut qu’on sache la lire. Il faut qu’on sache la porter aussi. C’est un plus pour nous en même temps de faire la promotion de notre alphabétisation et notre culture nationale. Nous, notre travail ça va être ça. Faire connaitre la culture guinéenne à travers le monde. Monter ce qu’est la valeur de la culture guinéenne. Ça ne va pas du tout en dichotomie, ça va ensemble.
Mme Sy, quel est votre message?
Mon dernier mot, c’est vraiment d’expliquer que c’est extrêmement important aujourd’hui de faire la promotion de la langue et la littérature française et francophone. Il y a une énorme carence aujourd’hui chez des jeunes guinéens dans l’expression de la langue française. Comparez un jeune guinéen qui est au Bac ou au brevet et un jeune sénégalais. Pensez-vous que c’est normal du moment que la langue française est notre langue officielle nous continuons à rejeter une langue que nous avons adoptée et qui est avec nous, dans laquelle on vit. On a été colonisé pendant soixante ans. On s’est mal séparé avec la France. Mais on a repris de plus belle. Regardez tout ce que les entreprises françaises sont en train de faire en Guinée. Pensez-vous normal que les jeunes guinéens aujourd’hui écrivent mal, s’expriment mal.
Vous me poussez à poser une autre question. Vous dites qu’on s’est mal séparé avec la France, pays qui a colonisé la Guinée. Pensez-vous que la réconciliation peut se faire avec l’apprentissage de la langue française?
La réconciliation est déjà faite. La preuve : nous sommes dans le centre culturel franco-guinéen. Et ce centre est partenaire du salon du livre. Et nous, le président d’honneur de la Renaissance française c’est bien l’Ambassadeur de France. Nous devons prendre ce qui est bon chez les autres pour enrichir notre culture. Plutôt que de rejeter ce que les autres font. Nous n’avons aucun intérêt à dire qu’on ne va pas faire la promotion de la culture française. Notre intérêt c’est de prendre le meilleur de la culture française. Et le mettre en harmonie avec le meilleur de notre culture…
Voulez-vous parler du métissage culturel?
Le métissage culturel. Le monde est au métissage culturel. On ne peut pas vivre en autarcie. On a essayé, on a fait du coco lala, mais on n‘est vite revenu au Français. Quand on formait les gens au coco lala, c’est ça qui a fait la faiblesse de nos jeunes. Quand nous recrutons, il n’y a plus de bonnes secrétaires. Une lettre, on te la corrige dix fois. Pensez-vous que ce soit normal ? Donc, nous allons aider à la formation, la langue française. Il faut qu’on accepte d’apprendre. Qu’on sache qu’on a les faiblesses et qu’on doit renforcer les capacités. Et dépasser ses faiblesses et être bon.
Entretien réalisé par Nantènin Traoré