La pisci-riziculture, une méthode novatrice alliant élevage de poissons et culture du riz, s’impose progressivement comme une activité économique majeure dans la région de N’Zérékoré. Actuellement, plus de 3000 personnes exercent cette activité, d’après le président de la fédération des pisci-riziculteurs de la Guinée Forestière. Parmi les villages pionniers de cette pratique figure Tamoé, un district situé à 12 km de la sous-préfecture de Gouécké. Le Courrierdeconakry.com s’est rendu sur place pour explorer cette évolution agricole.

À Tamoé, la pisciculture a été introduite par Marius Lamah, un pionnier dont l’initiative a transformé la vie du village. En 2007, Lamah a installé le premier étang piscicole, convaincu que cette activité pouvait lutter contre la pauvreté. Son succès initial a inspiré de nombreux villageois, y compris sa famille, à suivre ses traces.

« J’ai commencé entre 2007 et 2008 avec un seul étang. Ma famille a vu les résultats positifs et m’a demandé de les aider à installer leurs propres étangs. C’était un projet familial et communautaire », explique Marius Lamah.

Parmi les adeptes de la pisciculture se trouve Léontine Kolié, une veuve et mère de plusieurs enfants. Bien que son début ait été difficile, elle a surmonté les obstacles grâce à la persévérance et à l’aide de certains mentors. Aujourd’hui, Kolié cultive le riz tout en élevant des poissons, utilisant les excréments des poissons pour enrichir ses champs de riz.

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« Malgré les difficultés initiales, la pisciculture a transformé ma vie. Elle me permet non seulement de nourrir ma famille, mais aussi de financer la scolarité de mes enfants. C’est une activité très bénéfique », témoigne-t-elle.

À Tamoé, les pisciculteurs élèvent principalement trois types de poissons : le silure, le tilapia et l’hétéro. Marius Lamah assure la production des alevins, qu’il distribue aux autres pisciculteurs du village. Le district compte une trentaine de pisciculteurs, dont une quinzaine de femmes, qui se sont regroupés en association affiliée à la fédération régionale. Chaque membre contribue financièrement à la fédération pour soutenir les activités communes.

Pour commercialiser leurs poissons, les pisciculteurs collaboraient autrefois avec des marieuses de N’zérékoré. Cependant, des difficultés rencontrées dans cette collaboration les ont poussés à réévaluer leur stratégie. Cette année, la fédération a décidé de prendre en charge la vente des poissons pour réduire les pertes.

Malgré ces avancées, les pisciculteurs de Tamoé sont confrontés à plusieurs défis, dont le manque d’infrastructures pour la commercialisation et les outils nécessaires à leur activité. Lucien, un jeune pisciculteur, souligne les problèmes rencontrés : « La dégradation de la route Tamoé-Gouécké et le manque de matériel de pêche affectent gravement notre production. Certains poissons meurent en cours de transport, ce qui entraîne des pertes financières importantes. »

Les habitants de Tamoé appellent donc l’État et les partenaires au développement à les soutenir pour surmonter ces difficultés et poursuivre le développement de la pisciculture dans leur région.

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Mamady 2 Camara, Correspondant à N’zérékoré

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