Comme chaque soir à la tombée de la nuit, les terrasses des maquis et bars sont bondées de jeunes filles. Les seins presque à la belle étoile, la jupe-culotte de plus en plus courte, ces filles fréquentent ces lieux au vu et au su de tous. Elles sont perceptibles aux abords des maquis pour attirer les chasseurs de nuit.
Ces filles de nuit sont appelées communément ‘’les balles’’ par leurs clients. Pour les mettre dans leur assiette, il suffit de partager avec elles des canettes de bière. La partie du film peut certes finir dans une chambre de passage à condition de payer au moins vingt mille francs guinéens (20 000 GNF) la passe.
Dans une tenue extravagante ‘’sexy’’, elles séduisent leurs cibles. « Regarde de l’autre côté, ces filles sont presque gratos. Pour 20 mille ou 50 mille tu peux la faire tout ce que tu veux », explique un jeune universitaire en vacance dans à N’zérékoré.
Etre à bord d’un véhicule, c’est le moyen le plus facile pour s’offrir ‘’des balles’’. « Moi, je préfère rester auprès de cette voiture. Si tu veux rester de l’autre côté vers le parking tant mieux. En tout cas, j’attends le gaou là ici », déclarent l’un des jeunes que nous espionnons sous les lumières du Wi-Fi, un maquis en banlieue au quartier Bellevue de N’Zérékoré.
Il est 01 heures 40 lorsque nous rencontrons X et Y, des prostituées qui se sont confiée à nous. Elles disent qu’elles peuvent gagner cent cinquante mille (150 000 GNF) par jour, soit quatre ou cinq clients par nuit, « On loge à Astaldi. On mène une vie solo ma copine et moi. On s’aime bien et on se complète. Nous sommes des grandes filles, et nous n’avons plus l’âge de demander de l’argent à nos parents. Nous préférons venir ici chercher de l’argent pour satisfaire nos besoins. Ça nous arrange et nous gagnons au moins 150 000 chacune. De fois si on a la chance, on rencontre des clients très gentils qui nous achètent à manger et laisse beaucoup de monnaies », ont témoigné les deux jeunes filles qui ont préféré garder l’anonymat. Pendant notre entretien, elles ne cessent de recevoir des appels téléphoniques de leurs clients.
Le travail du sexe est un fléau qui grandit dans la préfecture de Nzérékoré et ses adeptes sont de plus en plus jeunes. A ‘’Zaly’’ (Ndr : N’zérékoré), il suffit de faire une sortie nocturne pour s’enquérir de la réalité du phénomène désolant. Sous les lampadaires devant les maquis et bars, les travailleuses de nuit se rivalisent pour attirer l’attention de leurs clients.
La pratique est favorisée par certains parents qui exigent souvent à leurs filles de contribuer aux charges de la famille. Pour certaines, c’est la cherté de la vie qui favoriserait ce métier.
« Mon père est à la retraite et ma mère nous nourrit que par la vente de vin blanc. Ce n’est pas rentable. Cette pauvreté est difficile à supporter. Moi je fais la coiffure et je suis encore apprentie. Je préfère venir à la rencontre des hommes pour satisfaire certains besoins de base », confie Nadège, une jeune fille, cigarette en main. Pour d’autres, elles exercent le métier par simple plaisir et curiosité.
Toutefois, ces jeunes filles restent exposer au VIH/SIDA car les clients n’ont pas toujours la conscience de se protéger. Selon un dernier rapport des autorités guinéennes, le taux de prévalence du VIH à N’zérékoré est de 14, 06 %.
Alexis Kolié, depuis N’zérékoré
Tel : (00224) 621 703 000